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31 août 2013 6 31 /08 /août /2013 12:16

Quand on tente d'appréhender  l'importance du sabbat du 7ème jour dans la perspective chrétienne du premier siècle de notre ère, le texte de Hébreux 3:1 à 4:13 est particulièrement important. Il est d'ailleurs une source d'embarras pour les chrétiens fondamentalistes sabbatistes.

Il fait partie d'un ensemble adressé à des chrétiens d'origine juive qui sont tentés de renier le Christ pour retourner au Judaïsme sous la pression conjuguée de persécutions venant des autorités impériales romaines et des zélateurs juifs.

Toute l'épître vise à démontrer la supériorité de Christ sur toutes les valeurs juives, qu'il s'agisse des prophètes, des anges, de Moïse, des grands prêtres, d'Abraham, du sanctuaire, ou des sacrifices.

C'est, de façon significative, dans la partie relative à la supériorité de Jésus sur Moïse que se situe le passage qui nous occupe, un contexte dont l'implication ne doit pas échapper au lecteur puisque Moïse est la figure paradigmatique du législateur au sein du Judaïsme.

Le texte se lit ainsi:

"3:1 C'est pourquoi, frères saints, qui avez part à la vocation céleste, considérez l'apôtre et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons, 2 Jésus, qui a été fidèle à celui qui l'a établi, comme le fut Moïse dans toute sa maison.3    Car il a été jugé digne d'une gloire d'autant supérieure à celle de Moïse que celui qui a "construit une maison a plus d'honneur que la maison même.4 Chaque maison est construite par quelqu'un, mais celui qui a construit toutes choses, c'est Dieu.5Pour Moïse, il a été fidèle dans toute la maison de Dieu, comme serviteur, pour rendre témoignage de ce qui devait être annoncé ; 6 mais Christ l'est comme Fils sur sa maison ; et sa maison, c'est nous, pourvu que nous retenions jusqu'à la fin la ferme confiance et l'espérance dont nous nous glorifions.

7 C'est pourquoi, selon ce que dit le Saint-Esprit : Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, 8 N'endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte, Au jour de la tentation dans le désert, 9 Où vos pères me tentèrent Pour m'éprouver, et ils virent mes œuvres pendant quarante ans. 10 Aussi je fus irrité contre cette génération, et je dis : Ils ont toujours un cœur qui s'égare, Ils n'ont pas connu mes voies. 11 Je jurai donc dans ma colère : ILS N'ENTRERONT PAS DANS MON REPOS !

12 Prenez garde,  frères,  que quelqu'un de vous n'ait un cœur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant.13  Mais exhortez-vous les uns les autres chaque jour, aussi longtemps qu'on peut dire: Aujourd'hui ! afin qu'aucun de vous ne s'endurcisse par la séduction du péché.14 Car nous sommes devenus participants de Christ,  pourvu que nous retenions fermement jusqu'à la fin l'assurance que nous avions au commencement, 15 pendant qu'il est dit: Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, N'endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte.

16 Qui furent, en effet, ceux qui se révoltèrent après avoir entendu sa voix, sinon tous ceux qui étaient sortis d'Egypte sous la conduite de Moïse? 17 Et contre qui Dieu fut-il irrité pendant quarante ans, sinon contre ceux qui péchèrent, et dont les cadavres tombèrent dans le désert? 18 ET A QUI JURA-T-IL QU'ILS N'ENTRERAIENT PAS DANS SON REPOS, sinon à ceux qui avaient désobéi? 19 Aussi voyons-nous qu'ils ne purent y entrer à cause de leur incrédulité.

Craignons donc, TANDIS QUE LA PROMESSE D'ENTRER DANS SON REPOS SUBSISTE ENCORE, qu'aucun de vous ne paraisse être venu trop tard. 2 Car cette bonne nouvelle nous a été annoncée aussi bien qu'à eux; mais la parole qui leur fut annoncée ne leur servit de rien, parce qu'elle ne trouva pas de la foi chez ceux qui l'entendirent.

3 Pour nous qui avons cru, NOUS ENTRONS DANS LE REPOS, selon qu'il dit: Je jurai dans ma colère : ILS N'ENTRERONT PAS DANS MON REPOS!

Il dit cela, quoique ses œuvres aient été achevées depuis la création du monde. 4 Car il a parlé quelque part ainsi du septième jour: ET DIEU SE REPOSA DE TOUTES SES ŒUVRES LE SEPTIEME JOUR.

5 Et ici encore: ILS N'ENTRERONT PAS DANS MON REPOS!

6 Or, puisqu'il est encore réservé à quelques-uns d'y entrer, et que ceux à qui d'abord la promesse a été faite n'y sont pas entrés à cause de leur désobéissance,   7 Dieu  fixe  de  nouveau un jour — aujourd'hui - - en disant dans  David  bien longtemps après comme il est dit plus haut: Si vous entendez sa voix, N'endurcissez pas vos cœurs .

8 Car, si Josué leur avait donné LE REPOS, Dieu ne parlerait pas après cela d'un autre jour. 9 Il y a donc UN REPOS DE SABBAT RESERVE AU PEUPLE DE DIEU. 10 Car CELUI QUI ENTRE DANS LE REPOS DE DIEU SE REPOSE DE SES ŒUVRES, COMME DIEU S'EST REPOSE DES SIENNES.11 EMPRESSONS-NOUS DONC D'ENTRER DANS CE REPOS, afin que personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance.

12 Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu'à partager âme et esprit, jointures et moelles; elle juge les sentiments et les pensées du cœur. 13 Nulle créature n'est cachée devant lui, mais tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte."

Analysons donc ce texte.

En 3:1-6, l'auteur établit un contraste entre Moïse et Jésus, en faisant de Moïse un simple serviteur placé en charge de la maison de Dieu tandis que Jésus est Fils de Dieu et propriétaire de la maison, cette maison étant en fin de compte identifiée comme la communauté des chrétiens qui restent fidèles à leur espérance. Il fait ainsi d'une pierre deux coups: il déclare la supériorité de Jésus sur Moïse, et il substitue la "maison chrétienne" à la "maison juive".

C'est avec un tel préambule qu'il aborde la question du repos sabbatique (katapausis en grec), pratique hautement emblématique de la foi juive. Il prend comme point de départ une citation tirée du Psaumes 95.

Les spécialistes pensent que ce psaume est un vestige d’une pratique ancienne dans laquelle il était chanté au cours du service du temple le jour du sabbat, et que c'est à ce titre qu'il est jusqu’à aujourd’hui utilisé dans la pratique liturgique juive  pour ouvrir le sabbat.

La citation commence par le mot "Aujourd'hui" et se termine avec les mots "mon repos", et c'est avec ces deux formules que l'auteur va développer son argumentaire.

La première partie de l'argumentaire (3:12-15) est un appel aux destinataires de la lettre à rester fidèles à la foi chrétienne aussi longtemps qu'on peut dire "Aujourd'hui". En effet, la référence à la foi dans l'expression " un cœur mauvais et incrédule ", aussi fugitive qu'elle puisse d'abord paraitre, est loin d'être négligeable. Elle est en fait essentielle et fera l'objet de trois autres mentions, dont la dernière sera au cœur de tout le passage.

Le mot "incrédulité" traduit le grec "apistia" qui signifie littéralement  "manque de foi", et revient dans la deuxième partie de l'argumentaire, puisque c'est cette "apistia" qui est identifiée comme raison pour laquelle Dieu ne permit pas au peuple d'Israël d'entrer dans son repos à l'époque de Moïse.

Ensuite, en 4:1-2, à partir du "Aujourd'hui" du début de sa citation de départ, l'auteur étend l'offre du repos de Dieu aux chrétiens hébreux qui sont mis en garde contre l'exemple négatif du manque de foi. de leurs ancêtres israélites.

On en arrive alors en 4:3-5 à ce qui s'avérera le cœur du passage et qui sera développé en deux temps: dans un premier temps, le repos de Dieu est assimilé à la foi en Christ, et dans un deuxième temps, il est différencié du sabbat du septième jour.

En effet, lorsque l'auteur déclare que "nous qui croyons entrons dans en repos", il assimile le repos de Dieu à la foi en Christ, et pour qu'il n'y ait aucune méprise à ce sujet, il précise qu'il est encore question de ce repos de Dieu, non pas parce que Dieu se reposa le 7ème jour à la création, mais en dépit de cela! Le terme utilisé, c'est l'adverbe kaitoï  qui, devant un participe comme c'est le cas ici (gènéthevton: étant achevés), signifie "quoique" (Dictionnaire grec-français Bailly).  Cela signifie en clair que le repos dans lequel il invite ses lecteurs à entrer n'est pas celui du 7ème jour mais celui de la foi en Christ.

Ensuite, en 4:6-8, l'auteur insiste sur l'appel adressé aux chrétiens hébreux à entrer dans le repos de Dieu, tel qu'il vient de le définir. Il argumente que le "Aujourd'hui" de la déclaration faite par David dans le Psaume 95 si longtemps après que le repos ait été refusé aux Israélites, signifie que ce repos reste encore offert, et qu'il n'a pas été donné par Josué à l'Israël d'autrefois.

Il complète enfin sa démonstration en 4:9-11 par une conclusion en trois points:

1. "Il y a donc un repos sabbatique réservé au peuple de Dieu." Selon la démonstration qui a été faite, ce repos de sabbat n'est pas le sabbat du 7ème jour, mais le repos de la foi en Christ.

2.  "Celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres comme Dieu s'est reposé des siennes." Les œuvres dont il est question ici doivent s'entendre dans le cadre de l'opposition entre la foi en Christ et les œuvres de la loi dénoncées par Saint Paul comme pratiques juives abusivement destinées à garantir le statut d'enfant de Dieu. Les destinataires de l'épitre sont invités à se "reposer de ces oeuvres", c'est à dire à s'en décharger. En effet, le repos de la foi en Christ est conçu comme mettant un terme aux oeuvres de la loi.

3. "Empressons-nous donc d'entrer dans ce repos, afin que personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance." L'auteur invite ses destinataires, des juifs devenus chrétiens à entrer dans le repos de la foi en Christ pour ne pas se retrouver dans la même situation que leurs ancêtres Israélites.

La dernière partie du passage en 4:12-13 fait écho à la citation du Psaume 95 utilisée par l'auteur et met un point d'orgue solennel à l'ensemble de l'argumentation pour lui donner une puissance contraignante.

Ainsi, ce passage de l'épitre aux Hébreux montre qu'une distinction était faite dans la communauté chrétienne du premier siècle entre le repos de la foi en Christ des chrétiens et le repos du 7ème jour du peuple juif. Cette distinction est d'autant plus remarquable qu'elle est faite dans un document adressé à des chrétiens d'origine juive qui sont tentés de renier le christianisme pour retourner à la foi et aux pratiques juives.

 

Il n'est donc pas étonnant que la communauté chrétienne ait très tôt délaissé la pratique du sabbat juif du 7ème jour  pour se réunir le premier jour de la semaine pour célébrer la résurrection du Christ et le repas eucharistique.

 

 

Cela signifie-t-il que le sabbat juif soit sans valeur pour la pratique chrétienne? C'est ce que nous verrons dans notre prochain article.
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commentaires

N
<br /> Les pasteurs, surtout adventistes, dans leur scélératesse ne prêchent pas ce message de LIBERATION parce qu'ils savent pertinemment que s'ils le font ils<br /> perdront la dîme, les églises vont se vider... Ils perdront leur statut social, leur notoriété, leurs avantages et privilèges. Ils ne seront plus rien. Ils préfèrent donc maintenir les croyants<br /> captifs. Privant les membres déglises de ce qui fait la véritable puissance du message chrétien. Ils trahissent ainsi celui pour lequel ils prétendent oeuvrer : LE CHRIST LIBERATEUR !<br />
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J
<br /> <br /> Pour avoir fait partie de ce milieu, je peux assurer que pour la plupart, ils sont eux-mêmes ignorants de la véritable signification des textes bibliques. Ceux qui savent sont simplement trop<br /> lâches pour risquer de perdre leur gagne-pain.<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> Jésus est l'accomplissement de la LOI. Donc la LOI ne nous est plus extérieur. Ce n'est plus un ensemble de principes que nous essayons d'appliquer de<br /> façon besogneuse, mais une dimension qui s'inscrit en nous... La LOI d'Amour... Cependant, j'avoue que j'emploie ce terme Amour avec prudence, car il est galvaudé et utilisé pour justifier<br /> parfois n'importe quoi...<br />
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J
<br /> <br /> Paul dit qu'il est la loi.<br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> Jésus est la finalité de la LOI... Il est donc la LOI... Il est dit par ailleurs que nôtre corps est le temple du St Esprit et que là où deux ou trois<br /> sont assemblés, Jésus est parmi eux... Etre chrétien n'est donc plus une histoire d'appartenir à une assemblée, d'être esclave de dogmes et de doctrines, de vociférer soit disant le fait détenir<br /> une vérité quelconque, mais TOUT SIMPLEMENT de s'inspirer de la vie et des pensées de Jésus dans la vie de tous les jours... Surtout dans le rapport à l'autre... De plus, après des années de<br /> christianisme, l'essentiel n'est pas de parler de Dieu matin-midi-soir ( Dieu n'étant pas selon moi un vulgaire sujet de conversation ), mais de VIVRE la réalité divine qui est inscrite en<br /> nous... FOK NOU VIVE LI... C'est en ce sens que pour les chrétiens Jésus est le chemin, la vérité, la vie... Aucune interprétation des textes bibliques n'est LA vérité... Il n'y a de vérité que<br /> dans la vie de Jésus... Dans ses pas qui arpentent les rues de la Palestine, dans ses paroles, dans ses combats multiples contre toute forme d'oppression, dans sa posture d'homme vertical, dans<br /> sa droiture, son intégrité, sa compassion, la permanence de son Amour pour l'humanité...<br />
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J
<br /> <br /> Paul ne dit pas qu'il est la finalité de la loi mais la fin (terme) de la loi.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
N
<br /> Frédéric, tu es toujours là ? <br />
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N
<br /> Le révolutionnaire que je suis n'aspire qu'à une seule chose : LA REVOLUTION  DIVINE. La fin du mal. Le renouvellement de toutes<br /> choses...<br />
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N
<br /> Mon propos n'est pas de culpabilser qui que ce soit, mais de dire que si je continue à croire en Dieu, c'est parce que je crois qu'il est le seul à pouvoir mettre un terme définitif à toutes ces atrocités. Je suis reconnaissant à Dieu des<br /> bénédictions personnelles ( surtout pour mes enfants ), mais la situation du monde me préoccupe tous les jours....<br />
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N
<br /> A TOUS  LES ADVENTISTES ET CHRETIENS QUI SONT EN TRAIN DE FESTOYER, SE SOUHAITANT TOUTES ESPECES DE BENEDICTIONS, AU MOMENT OU VOUS FAITES CELA, UN ENFANT DE PAR LE VASTE MONDE EST ABANDONNE, BATTU, VIOLE, SODOMISE, VIOLENTE, TUE : CET ENFANT EST MON ENFANT...<br />
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M
<br /> Mr J Valleray, au delà de vos compétences théologiques et de vos diplômes,  vous avez compris que la liberté d'expression est un enjeu majeur du 21 ème siècle.... Merci... En celà vous êtes<br /> GRAND monsieur.... Vous êtes très GRAND...<br />
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J
<br /> <br /> Votre propos met mon égo à rude épreuve mais j'en accepte l'intention encourageante en vous remerciant  de votre générosité.<br /> <br /> <br /> En fait, plus que la liberté d'expression d'expression j'attache beaucoup d'importance à la liberté de penser et de se déterminer qui l'accompagne.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Les questions sur Dieu, le Bien, le Mal, la Mort sont des questions qui dépassent le cadre de notre réalité terrestre... C'est pour celà que les peuples et<br /> civilisations ont essayé d'y répondre depuis que l'Homme existe en fonction de leurs connaissances et cultures du moment. Devons nous être étonnés encore aujourd'hui de ne pas avoir réponse à<br /> tout ? <br />
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J
<br /> <br /> J'aurais plutot pensé l'inverse, même si la question de Dieu comporte une dimension transcendante.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Mr Frédéric,<br /> <br /> <br /> J'ai lu vos explications et j'avoue qu'elles m'ont convaincu. Aussi, dans ma grande mansuétude, j'ai décidé de vous pardonner... allez donc en Paix...<br />
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