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17 août 2016 3 17 /08 /août /2016 23:52

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’arrivée massive de migrants musulmans en Europe et les attaques meurtrières perpétrées dans cet espace par des islamistes radicaux ont placé la réflexion sur l’Islam au cœur des débats nationaux, et ont plus largement focalisé l’attention sur la relation entre l’identité nationale, la culture et la religion.

Des voix s’élèvent dans l’espace français et européen pour revendiquer les racines judéo-chrétiennes des pays de la vieille Europe contre l’expansion de l’Islam. Des politiques et des intellectuels, soit par démagogie opportuniste, soit par conviction idéologique, se font les chantres de l’hégémonie identitaire du groupe dominant, attisant la flamme de la xénophobie parmi les masses. La plus virulente en ce moment, c’est Nadine Morano, députée européenne au sein du groupe du Parti populaire européen (Démocrates-Chrétiens) et candidate à la primaire présidentielle des Républicains de 2016, qui revendique une France judéo-chrétienne de race blanche et se déclare hostile à la progression de l’Islam en France.

L’étranger et le citoyen de fraiche date ne sont plus seulement les boucs émissaires de la précarité économique. Ils deviennent les ennemis de l’intérieur et la gangrène de l’identité nationale.

Face au raidissement prétendument nationaliste, se profilent bien des réactions dangereuses :

  • Radicalisation identitaire dans les banlieues parmi les immigrés et les descendants d’immigrés
  • Plus grande sensibilité à la propagande djihadiste
  • Durcissement religieux défensif des musulmans
  • Justification des extrémistes à l’étranger comme à l’intérieur

Dans un tel contexte, il est impossible d’ignorer un texte chrétien essentiel pour la réflexion sereine sur cette problématique.

Ce texte écrit il y a 20 siècles par l’un des plus éminents fondateurs du christianisme, l’apôtre Paul, est d’une brûlante actualité. Il a de multiples mérites.

De manière générale, il énonce avec une force et une clarté remarquables la manière dont doit s’articuler la relation entre identité, culture et religion.

Plus particulièrement, il fait barrage à plusieurs dérives possibles : la prévalence fondamentaliste de la lettre des textes réputés sacrés sur l’esprit qui les a engendrés, la monopolisation de la relation avec Dieu par une religion particulière, la séquestration identitaire de l’espace commun par une culture particulière, l’idolâtrie du passé avec son corollaire d’obscurantisme.

Jamais la relecture de l’épitre de Paul ne s’est avérée aussi pertinente et salutaire. Voilà pourquoi je propose cette analyse du texte de Paul dans un ouvrage intitulé IDENTITE, CULTURE ET RELIGION, en espérant que cette contribution fournira un élément positif et réfléchi à un débat qui tend à aviver les préjugés et enflammer les passions.

L’ouvrage est disponible en commande sur le site TheBookEdition.com

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Published by Joël VALLERAY
9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 10:37

Pour ceux qui doutent qu'il soit possible pour les fondamentalistes "modérés" de basculer dans la violence, je reproduis ici deux articles qui ne sont pas de moi,et qui montrent qu'une certaine idéologie religieuse peut s'avérer compatible avec les pires exactions.

 

"Août 2005 : les Églises adventistes d'Allemagne et d'Autriche demandent pardon pour leurs actes de la période de l'holocauste

Article de Adventist News Network Hanovre, Allemagne, 16 août 2005 Mark A. Kellner/Adventist News Network Staff

"À l'occasion du 60ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les responsables de l'Église adventiste du septième jour d'Allemagne et d'Autriche ont publié une déclaration où ils disent qu'ils « regrettent profondément » toute participation ou soutien [adventistes] aux activités nazies pendant la guerre."

"Les entités ecclésiales « confessent honnêtement » avoir échoué « à suivre notre Seigneur » en ne protégeant pas les Juifs, et d'autres, du génocide de l'époque, généralement connu sous le nom d'holocauste.

Des millions de personnes ont péri dans les atrocités de ce conflit, dont plus de 6 millions de Juifs qui furent exterminés par les persécutions nazies pendant les 12 ans séparant 1933 de 1945. "

Cette déclaration a d'abord été publiée dans le numéro de mai 2005 de « AdventEcho, » mensuel d'Église en allemand, et paraîtra aussi dans d'autres publications allemandes, a dit le pasteur Günther Machel, président de l'Église adventiste d'Allemagne du Sud et un des trois signataires de la déclaration. Un exemplaire de ce texte a été transmis à Yad Vashem, l'Autorité du souvenir des martyrs et héros de l'holocauste, en Israël, a précisé Rolf Pöhler, ancien président de l'Église du Nord de l'Allemagne, maintenant conseiller théologique de cette région et qui a pris part à la rédaction de la déclaration.

« Nous regrettons profondément que la nature de la dictature nationale socialiste n'ait pas été saisie à temps et assez clairement et que la caractère impie de l'idéologie [nazie] n'ait pas été clairement identifié, » proclame le texte quand on le lit en allemand. L'Église y dit aussi ses regrets « que dans certaines de nos publications ... ont ait pu trouver des articles glorifiant Adolf Hitler et en accord avec l'idéologie de l'antisémitisme, d'une manière difficile à croire d'un point de vue actuel. » Les dirigeants d'Église allemands ont aussi exprimé leur regret que « nos fidèles en soient venus à se trouver associés au fanatisme raciste qui a annihilé la vie et la liberté de 6 millions de Juifs et de représentants des minorités partout en Europe, » et « que de nombreux adventistes du septième jour n'aient pas réagi aux besoins et aux souffrance de leur concitoyens juifs.»

La déclaration relève une cause de regret prédominante dans le fait que des congrégations adventistes allemandes et autrichiennes « aient exclu, séparé et laissé à eux-mêmes [des membres d'Église] ... d'origine juive, si bien qu'ils furent abandonnés à l'emprisonnement, à l'exil ou à la mort. »

Se conformant à divers décrets raciaux, certaines congrégations adventistes ont expulsé des membres d'ascendance juive. L'un d'eux, Max-Israel Munk, a été envoyé dans deux camps de concentration par les nazis, et ayant survécu, a retrouvé son Église après la guerre, disant qu'il ne voulait pas se comporter envers sa congrégation de la même manière que l'on s'était comporté avec lui.

C'est ce que rapporte Daniel Heinz, membre d'Église de l'Université de Friedensau, qui a étudié les activités des adventistes pendant la période nationale socialiste.

 

 

JEUNE AFRIQUE Edition digitale "Génocide rwandais : perpétuité pour un pasteur adventiste" Un pasteur de l’église adventiste du septième jour, Peday Ntihanabayo, qui avait été acquitté en première instance, a été condamné mercredi en appel à la perpétuité par la justice rwandaise pour son rôle dans le génocide de 1994, a rapporté jeudi Radio Rwanda.

M. Ntihanabayo, qui était en 1994 l’un des responsables de la paroisse adventiste de Nyabisindu (sud), était jugé par un tribunal populaire gacaca d’appel de Gitarama, dans le centre du Rwanda. Ce pasteur a été reconnu coupable, entre autres crimes, de "complicité dans l’assassinat" d’Eliezer Mpumuje, l’un de ses fidèles, a précisé la radio, en langue rwandaise.

L'accusé, qui avait reçu Mpumuje sous son toit, a fini par le livrer à des tueurs, selon le jugement. La victime a été enterrée dans la cour de l’église et, pendant des années, le pasteur avait réussi à acheter le silence des témoins qui ont finalement dénoncé son rôle et montré l’endroit où Mpumuje avait été inhumé à la hâte, a poursuivi la source.

M. Ntihanabayo comparaissait avec 10 autres accusés, dont 7 ont été acquittés, toujours selon Radio Rwanda.

Plusieurs autres religieux, venant diverses confessions, ont été jugés devant les tribunaux classiques rwandais ou les juridictions gacacas (prononcer gatchatcha) pour leur implication dans le génocide de 1994 qui a fait, selon l’ONU, près de 800.000 tués, essentiellement d’ethnie tutsi.

Le plus haut responsable religieux jugé au Rwanda pour génocide est l’évêque catholique de Gikongoro (sud), Augustin Misago, qui a repris la tête de son diocèse après son acquittement en 2000 par un tribunal classique de Kigali.

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 10:40

L'attentat qui vient de se produire choque les consciences, ébranle les esprits, agite les émotions, déchaine les média, et enflamme la parole politique. Un aspect du problème posé par cet acte horrible m'interpelle: la question du fondamentalisme.

François Hollande, dans son discours de circonstance, a parlé de la lutte de la France contre "le terrorisme et le fondamentalisme". Or, il n'y a pas si longtemps, il déclarait l'Islam parfaitement compatible avec les valeurs de la République. Le chef de l'Etat, se rend-il compte de la contradiction de ses propos? Sans doute pas, car il perd de vue comme beaucoup de gens que l'Islam est essentiellement fondamentaliste.

Cette déclaration peut choquer, et certains seront peut-être tentés d'y percevoir une diabolisation des musulmans. Hâtons-nous donc de dire que ce même fondamentalisme est commun au christianisme et au judaïsme. Il consiste à faire de la lettre des textes considérés comme sacrés la source des croyances et des comportements. Il conduit les uns à diaboliser les homosexuels, les autres à porter foulard, kippa et tephillim, ou encore à rejeter en bloc toute conception de l'histoire du monde qui n'est pas alignée sur la création en six jours. C'est la religion des masses croyantes, bien éloignée de celle de certaines élites religieuses assez minoritaires qui ont une vision mieux informée des textes fondateurs et en font une interprétation beaucoup plus libérale.

Certains diront qu'il n'y a aucune commune mesure entre ceci et cela, mais est-ce bien le cas? N'est-ce pas le même obscurantisme qui se décline sous une forme jugée acceptable, voire respectable, et sous une autre forme rejetée à cause de sa violence? Et n'est-ce pas l'une qui nourrit l'autre, la différence n'étant qu'une question de degré, d'incandescence, alimentés par des facteurs sociaux, économique, ou politiques?

Ce sont les intellectuels et les dirigeants religieux qui doivent être ici interpellés par ce questionnement, car des gens ne se livrent pas à des déchainements de fanatisme barbare comme ceux auxquels on vient d'assister s'il n'y a pas dans leur esprit un terreau favorable, et ce terreau c'est le fondamentalisme ordinaire. Exactement comme les braises du racisme ordinaire se transforment en brasier de racisme barbare quand soufflent les vents de la pénurie.

Par delà les barrières de la loi et de l'ordre, il faut du rempart de la connaissance pour protéger la société contre les déferlements de la bêtise et de l'animalité.

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10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 01:57

~~Témoignage

 

Bonjour Joël,

En cherchant des informations sur l'adventisme j'ai trouvé votre blog et ouf ça m'a soulagé.

En effet, cela fait un mois environ que je partage mes journées de travail avec un adventiste.

Je suis électricienne en éclairage public embauchée dans un grand groupe. Ce collègue est en intérim plus jeune que moi, j'ai .... ans et lui .... ans.

Dès le premier jour il m'a demandé si j'avais une religion (je suis catholique mais je ne l'ai pas choisi c'est l'éducation que ma famille m'a donnée et je l'ai rejetée vers l'âge de 11 ans).

Donc je lui répond que je crois en la vie tout simplement. Et là il commence à me parler de sa religion avec joie et conviction.

A ce moment je sentais une douceur et de la gentillesse dans ses paroles.

On parle de la Bible ensemble et à ma grande surprise il me dit que les adventistes ne prient pas la vierge Marie et commence à dénigrer les catholiques (je me sens mal en écoutant ses propos), mais cela me donne envie de lire la Bible. J'ai eu des cours de catéchisme étant enfant mais c'est un peu loin.

Je lui demande donc où acheter ce livre. Il me répond qu'il m'en achètera une dès qu'il pourra.

Deux jours après, il m'en ramène une et me conseille de commencer par le nouveau testament. Je ne l'écoute pas et lis au gré de mes envies les passages qui m'intéressent. Et il me conseille alors de prendre contact avec le pasteur si je me pose des questions sur ce que je lis. Je lui répond que non, que je suis assez grande pour me faire une idée moi même.

Les jours passent et il n'arrête pas de parler de sa religion. Il diabolise tout les actes qui sont contraires aux paroles de Dieu dans la Bible. Et je commence à culpabiliser (et oui je ne suis pas une sainte, j'ai un passé où j'ai beaucoup fait la fête avec beaucoup d'abus à tous les niveaux, mais je m'en suis sortie grâce à moi-même et il m'arrive de faire encore la fête mais avec beaucoup moins d'abus) et me sentir mal quand j'écoute ses paroles, comme s'il me renvoyait une image de moi dégradante, mauvaise. Le diable est partout il ne faut pas faire ci, pas faire ça .....

Bref après m'avoir endormie avec ses belles paroles je me réveille et comprend qu'il veut me faire adhérer à cette église (il donne 10% de son salaire à l'église!!!).

Donc je prends mon courage à deux mains et lui dis ce que je pense. Je lui dis qu'il essaye de m'endoctriner et là je lis la colère sur son visage, dans ses yeux. Il essaye d'argumenter, mais non ça ne prend plus. Je regarde et lui dis que pour le bon déroulement du travail on va en rester là et ne plus parler de religion.

Je vois bien qu'il est furieux à l'intérieur et je lui rappelle que la France à un principe de laïcité. Et que la liberté individuelle existe.

Depuis son regard n'est plus le même.

Ce qui m'énerve c'est qu'il se sent supérieur alors que pour moi c'est un idiot. Il lit la bible pendant les trajets ou d'autres livres de son église. Il est complètement imprégné et n'a pas d'autres sujets de conversations.

Résultat: les journées se passent sans dialogue, juste le nécessaire pour le travail, sinon c'est tout de suite Jésus, le diable etc,etc.

Voilà, j'ai réussi à ne pas me faire "enrôler" et je voulais vous dire que je comprend très bien le sens de votre prière....

Cordialement, V.
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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 16:41
Je désapprouve et désavoue toute publicité faite sur mon blog pour de la voyance ou autre proposition du même genre.
C'est de l'arnaque.
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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 15:13

Je souhaite que tous ceux qui fréquentent ce blog y trouvent un espace de réflexion et d'affranchissement de tout obscurantisme religieux.

Le monde continue d'être embrasé et détruit par les fanatismes religieux de toutes sortes. Il continue d'être dévitalisé par toutes sortes de croyances tissées dans l'ignorance.

Ce blog se veut une modeste contribution à la résistance contre ce gigantestque assaut multiséculaire contre l'homme. Merci à tous ceux qui le lisent et y contribuent dans cet esprit, ainsi qu'à ceux qui invitent leurs amis à le consulter.

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2 décembre 2013 1 02 /12 /décembre /2013 03:21

       Certaines communautés religieuses qui se disent chrétiennes perpétuent l'abstention des viandes qualifiées d'impures par l'Ancien Testament, ce qui se manifeste le plus ordinairement par le refus de consommer du porc. Que faut-il penser en tant que chrétien de cette croyance?

        La séparation de la réalité objective entre pur et impur est l’une des notions les plus importantes de l’Ancien Testament et de l’Ancienne Alliance.

        Au regard des enfants d’Israël, Dieu avait partagé le monde physique entre pur et impur et cette distinction touchait tous les aspects de l’environnement des Hébreux : les humains, les animaux, et les choses.

        Dans ce contexte, Dieu avait fourni à Israël une liste faisant la distinction entre animaux purs qui pouvaient être consommés, et animaux impurs qui ne devaient pas l’être.

        La question du critère de distinction est souvent posée par ceux  qui attachent encore une importance à la validité de cette liste.

        Il existe une variété de théories destinées à en rendre compte. C’est la théorie hygiéniste qui est à la base de la position  de certaines communautés prétendument chrétiennes. Elles considèrent que les animaux prohibés ont une chair malsaine parce que ce sont des charognards ou des éboueurs naturels. Ou bien à cause de leur propension à abriter des parasites nuisibles à l’homme.

        Cependant, quand on y regarde de près, on constate qu’un certain nombre d’animaux impurs n’ont rien à voir avec les charognards ou les vidangeurs. A titre d’exemples évidents, on ne peut placer dans cette catégorie le chameau, le lièvre, l’autruche, ou la grenouille.

        Quant à la présence de parasites, elle existe chez les animaux classés comme purs, même si c’est dans une bien moins grande mesure.

        En fait, on a beau chercher une justification scientifique qui résiste à toute critique, on n’en trouve jusqu’à présent aucune qui soit totalement satisfaisante. Cela n’est d’ailleurs pas étonnant puisque le texte de Lévitique 11 n’a aucune prétention scientifique.

        Ce qui frappe d'ailleurs, c’est que le Nouveau Testament ne se préoccupe pas de considérations hygiénistes dans son approche de la distinction entre aliments purs et impurs, ce qui montre bien que ce n'est pas dans cette direction qu'il faut chercher la légitimation de la distinction entre pur et impur dans l'Ancien Testament.

        La solution la plus intéressante et la plus éclairante qui ait été proposée jusqu'ici vient de travaux décisifs menés par l'anthropologue Mary Douglas sur les lois alimentaires (Lévitique 11) et sur les règles concernant la pureté corporelle (Lévitique 12-15), des travaux qu'il faut considérer avec d'autant plus de sérieux qu'ils sont globalement endossés par l'un des plus éminents spécialistes juifs de la Torah en général et du livre du Lévitique en particulier, le rabbin conservateur Jacob Milgrom.

        Mary Douglas démontre que la distinction entre pur et impur dans la liste de Lévitique 11 n'a rien à voir avec des considérations d'hygiène alimentaire, mais plutôt avec l'inscription dans le champ de l'alimentaire de la relation entre les caractéristiques culturelles des Hébreux, la congruence entre les animaux et leur milieu, et l'intégrité identitaire d'Israël, tout ceci étant basé sur une certaine perception de la relation entre Israël et son Dieu.

        En effet, explique l'anthropologue britannique réputée, les Hébreux étaient de culture pastorale, considérant leur bétail "comme participant de l'ordre de la création et de la bénédiction divine. Cet ordre, ainsi que la bénédiction qui en dépend, se doivent d'être maintenus par l'interdiction de tout ce qui est hybride. Les animaux domestiques, «la viande par excellence d'un peuple pasteur», ont en commun deux caractéristiques: ce sont tout à la fois des ruminants et des ongulés au pied fourchu." (Jean Duhaime, Lois alimentaires et pureté corporelle dans le Lévitique. L'approche de Mary Douglas et sa réception par Jacob Milgrom).

        Ces caractéristiques du bétail seront considérées comme normatives du règne animal terrestre et vont présider à la définition de tout ce qui peut être considéré comme pur sur le plan terrestre. Dans le même ordre d'idées, seront considérés comme animaux aquatiques purs ceux qui ont des écailles et nageoires comme il semble convenir à cet environnement, et seront considérés comme animaux ailés purs ceux dont les caractéristiques répondent strictement aux exigences de leur environnement. Toute forme hybride ou "métissée" de vie animale sera considérée comme impure.

        A cette première base de distinction entre le pur et l'impur dans la liste de Lévitique 11, Mary Douglas rajoutera deux autres critères de classification. Tout d'abord, en relation avec la  notion de respect de la vie exprimée dans l'injonction de vider les animaux de leur sang avant de les consommer, elle pense que sont placés dans la catégorie des animaux impurs les prédateurs dont la chair contient du sang. Et ensuite, elle pense qu'est pris en considération la relation entre la table et l'autel, ne devant être considérés comme purs que les animaux qui peuvent servir aux deux usages.

        Ce que viserait cette taxonomie particulière au livre du Lévitique, c'est l'inscription dans le champ alimentaire et cultuel d'une visée identitaire, le peuple d'Israël devant préserver son identité propre par rapport aux peuplades avoisinantes afin d'assurer ainsi sa fidélité au Dieu de l'Alliance. La consommation et les sacrifices d'animaux "purs" devaient servir de rappel et de confirmation symbolique de cette dimension identitaire de l'alliance.

        Le Christianisme, né dans un berceau juif, va progressivement s'émanciper et déconstruire cette dimension identitaire de l'alliance avec Dieu.

        C’est Jésus lui-même qui initie le processus de déconstruction de cette référence rituelle et cultuelle. S’agissant des aliments consommés, il s’attaque à l’un des tabous sur l’impureté en décrétant que les aliments consommés sans se laver les mains ne procurent aucune souillure. En effet, l’impureté rituelle des mains non lavées était considérée comme se communiquant d’abord aux aliments manipulés puis à l’individu qui consommait de tels aliments.

        Il déclare donc à ses disciples : « Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, puis est rejeté dans les lieux secrets ? Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux  témoignages, les calomnies. Voilà les choses qui souillent l’homme ; mais manger sans s’être lavé les mains, cela ne souille point l’homme. » (Mat.15 :17 – 20) Il fait ainsi fi du rituel et de l’externe au profit de ce qui est moral et intérieur, ce que comprend fort bien l'évangéliste Marc quand il ajoute aux propos de Jésus: "Il n'est hors de l'homme rien qui, entrant en lui, puisse le souiller; mais c'est ce qui sort de l'homme qui souille l'homme." (Marc 7:15)

        Plus tard, le Christ ressuscité confirmera l’abrogation de la distinction rituelle entre pur et impur quand il s’adressera au chrétien d’origine juive qu’est l’apôtre Pierre. Afin de le préparer au contact avec un non-juif supposé impur, il fait passer devant lui la vision d’une nappe contenant des animaux considérés impurs par les Juifs et lui ordonne par trois fois de les tuer et d’en manger. Puis, il conclut ainsi : « Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé. » (Actes 10 :15)

        Quoique le but de la vision, ce fût le contact avec un être humain, la leçon donnée par le Seigneur porte sur la consommation d’animaux. L’argument implicite, c’est que si des animaux ne doivent plus être considérés comme impurs, à plus forte raison un être humain. Cela présuppose l’abolition de la distinction rituelle entre pur et impur pour toute la création.

        Cette extension de l'abolition de la distinction entre pur et impur aux personnes est particulièrement importante, car l'un des corollaires les plus courants du racisme, c'est précisément la distinction entre pur et impur. Sale nègre! Sale arabe! Sale juif! Autant d'anathème jetés au nom de la "race pure", des "citoyens de souche". L'autre est trop impur pour qu'on partage avec lui sa table, ses richesses, son corps.

        Paul, mieux que n’importe quelle autre figure du Nouveau Testament, avait compris les implications de la venue de Jésus pour la modification des conditions d’appartenance à la nouvelle alliance, et l’abolition de la distinction rituelle entre pur et impur.

        S’adressant aux chrétiens de Corinthe sur la question de consommation des viandes qualifiées d’impures par les juifs du fait qu’elles provenaient de bêtes sacrifiées à des idoles, il déclare : « Mangez de tout ce qui ce vend au marché sans vous enquérir de rien par motif de conscience ; car la terre est au Seigneur, et tout ce qu’elle renferme. »  (1 Cor.10 :25-26) Il énonce là l’abolition de principe de toute distinction rituelle entre pur et impur. Il ne laisse subsister que la liberté de conscience personnelle et le respect charitable de la conscience non éclairée d’autrui, car il poursuit par le conseil suivant : « Si un non-croyant vous invite et que vous vouliez y aller, mangez de tout que qu’on vous présentera sans vous enquérir de rien par motif de conscience. Mais si quelqu’un vous dit : Ceci a été offert en sacrifice ! N’en mangez pas, à cause de l’avertissement, et à cause de la conscience. Je parle ici, non de votre conscience, mais de celle de l’autre. Pourquoi, en effet, ma liberté serait-elle jugée par une conscience étrangère ? » (1 Cot. 10 :27-29)

        Paul tient pareil langage parce qu’il a compris que la distinction rituelle qui séparait objectivement la réalité physique entre pur et impur n’existe plus. C’est précisément ce qu’il dit dans Rom.14 : 14, 20b : « Je sais et je suis persuadé par le Seigneur Jésus que rien n’est impur en soi, et qu’une chose n’est impure que pour celui qui la croit impure. . . A la vérité, toutes choses sont pures. . . » Ainsi, c’est la réalité physique globale du monde qui s’offre en principe à la jouissance du chrétien.

 

            L'épitre aux Colossiens est encore plus radicale sur le sujet:   " 8 Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les principes élémentaires du monde, et non sur Christ. 9 Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. 10 Vous avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute domination et de toute autorité. 11 Et c'est en lui que vous avez été circoncis d'une circoncision que la main n'a pas faite, mais de la circoncision de Christ, qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair:12 ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscites en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l'a ressuscité des morts. 13 Vous qui étiez morts par vos offenses et par l'incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses ; 14 il a effacé l'acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l'a éliminé en le clouant à la croix; 15 il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix.  

 

16 Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d'une °fête, d'une nouvelle lune, ou des sabbats: 17 c'était l'ombre des choses à venir, mais le corps6 est en Christ. 18 Que personne, sous une apparence d'humilité et par un culte des anges, ne vous ravisse à son gré le prix de la course ; tandis qu'il s'abandonne à ses visions, il est enflé d'un vain orgueil par ses pensées charnelles,19 sans s'attacher au chef, dont tout le corps, assisté et solidement assemblé par des jointures et des liens, tire l'accroissement que Dieu donne.

 

20    Si vous êtes morts avec Christ aux principes  élémentaires   du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous impose-t-on ces préceptes :21 Ne prends pas ! ne goûte pas ! ne touche pas! 22 préceptes qui tous deviennent pernicieux par l'abusa, et qui ne sont fondés que sur les ordonnances et les doctrines des hommes? 23 Ils ont, en vérité, une apparence de sagesse, en ce qu'ils indiquent un culte volontaire, de l'humilité, et le mépris du corps, mais cela est sans valeur réelle et ne sert qu'à satisfaire la chair." (Col. 2:8-19)

 

 

       Bien sûr, les juifs convertis au christianisme continueront de s’abstenir de la consommation des animaux qu’ils ont toujours considérés comme impurs. Mais on remarque que lors du concile de Jérusalem, cela n’est pas inclus dans les recommandations faites aux chrétiens issus du paganisme : « . . . s’abstenir des souillures des idoles, de l’impudicité, des animaux étouffés dans le sang, et du sang. » (Actes 15 :19-20 ; 28-29).

 

        Pour les souillures des idoles et l’impudicité, il s’agit là de prescriptions qui sont clairement religieuses et morales. Quant à la consommation du sang et des animaux étouffés dans le sang,  il faut envisager d’abord des considérations éthiques de respect de la vie, et peut-être des considérations hygiénistes. Dans tout cela, les distinctions basées sur une vision rituelle du monde ne sont pas prises en compte.

 

        Cela, signifie-t-il qu’on peut dès lors manger de tout ? Deux nouveaux principes vont déterminer la réponse à cette question. Le premier, c’est celui de 1 Cor. 10 :23 qui est justement énoncé en relation avec une question de nourriture : « Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile ; tout est permis, mais tout n’édifie pas. »

 

        Selon ce principe, il faut ajouter à la nouvelle mise à disposition du monde une attitude de discrimination entre des choses qui font du bien (à soi comme aux autres) et d’autres qui n’en font pas. Dans le monde des hommes, des animaux et des choses, rien n’est impur en soi, et tout est maintenant disponible, mais il ne faut choisir que ce qui est utile au chrétien et l’édifie en tant que tel.

 

        Le deuxième principe, c’est celui qui enseigne la gestion du corps comme temple de l’Esprit (1 Cor.6 :19-20). Après avoir contredit la vision sophiste du corps comme simple enveloppe périssable vouée à la destruction et sans importance morale (1 Cor. 6 :13), Paul établit l’importance spirituelle et éternelle du corps (verset suivant), et en fait une habitation de l’Esprit qui doit servir à la glorification de Dieu. Ceci implique une alimentation qui maintient ce temple dans les meilleures conditions d’usage possible.

 

        Dès lors, le chrétien est simplement appelé à s’informer sur tout aliment afin de distinguer ce qui peut être propre ou impropre à la consommation, faire du bien au corps et lui faire du tort. Tout le reste n'est que régression fondamentaliste à des schémas incompris et dépassés de partage du monde, propres à faire le lit du sectarisme et du racisme.

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31 août 2013 6 31 /08 /août /2013 12:16

Quand on tente d'appréhender  l'importance du sabbat du 7ème jour dans la perspective chrétienne du premier siècle de notre ère, le texte de Hébreux 3:1 à 4:13 est particulièrement important. Il est d'ailleurs une source d'embarras pour les chrétiens fondamentalistes sabbatistes.

Il fait partie d'un ensemble adressé à des chrétiens d'origine juive qui sont tentés de renier le Christ pour retourner au Judaïsme sous la pression conjuguée de persécutions venant des autorités impériales romaines et des zélateurs juifs.

Toute l'épître vise à démontrer la supériorité de Christ sur toutes les valeurs juives, qu'il s'agisse des prophètes, des anges, de Moïse, des grands prêtres, d'Abraham, du sanctuaire, ou des sacrifices.

C'est, de façon significative, dans la partie relative à la supériorité de Jésus sur Moïse que se situe le passage qui nous occupe, un contexte dont l'implication ne doit pas échapper au lecteur puisque Moïse est la figure paradigmatique du législateur au sein du Judaïsme.

Le texte se lit ainsi:

"3:1 C'est pourquoi, frères saints, qui avez part à la vocation céleste, considérez l'apôtre et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons, 2 Jésus, qui a été fidèle à celui qui l'a établi, comme le fut Moïse dans toute sa maison.3    Car il a été jugé digne d'une gloire d'autant supérieure à celle de Moïse que celui qui a "construit une maison a plus d'honneur que la maison même.4 Chaque maison est construite par quelqu'un, mais celui qui a construit toutes choses, c'est Dieu.5Pour Moïse, il a été fidèle dans toute la maison de Dieu, comme serviteur, pour rendre témoignage de ce qui devait être annoncé ; 6 mais Christ l'est comme Fils sur sa maison ; et sa maison, c'est nous, pourvu que nous retenions jusqu'à la fin la ferme confiance et l'espérance dont nous nous glorifions.

7 C'est pourquoi, selon ce que dit le Saint-Esprit : Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, 8 N'endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte, Au jour de la tentation dans le désert, 9 Où vos pères me tentèrent Pour m'éprouver, et ils virent mes œuvres pendant quarante ans. 10 Aussi je fus irrité contre cette génération, et je dis : Ils ont toujours un cœur qui s'égare, Ils n'ont pas connu mes voies. 11 Je jurai donc dans ma colère : ILS N'ENTRERONT PAS DANS MON REPOS !

12 Prenez garde,  frères,  que quelqu'un de vous n'ait un cœur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant.13  Mais exhortez-vous les uns les autres chaque jour, aussi longtemps qu'on peut dire: Aujourd'hui ! afin qu'aucun de vous ne s'endurcisse par la séduction du péché.14 Car nous sommes devenus participants de Christ,  pourvu que nous retenions fermement jusqu'à la fin l'assurance que nous avions au commencement, 15 pendant qu'il est dit: Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, N'endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte.

16 Qui furent, en effet, ceux qui se révoltèrent après avoir entendu sa voix, sinon tous ceux qui étaient sortis d'Egypte sous la conduite de Moïse? 17 Et contre qui Dieu fut-il irrité pendant quarante ans, sinon contre ceux qui péchèrent, et dont les cadavres tombèrent dans le désert? 18 ET A QUI JURA-T-IL QU'ILS N'ENTRERAIENT PAS DANS SON REPOS, sinon à ceux qui avaient désobéi? 19 Aussi voyons-nous qu'ils ne purent y entrer à cause de leur incrédulité.

Craignons donc, TANDIS QUE LA PROMESSE D'ENTRER DANS SON REPOS SUBSISTE ENCORE, qu'aucun de vous ne paraisse être venu trop tard. 2 Car cette bonne nouvelle nous a été annoncée aussi bien qu'à eux; mais la parole qui leur fut annoncée ne leur servit de rien, parce qu'elle ne trouva pas de la foi chez ceux qui l'entendirent.

3 Pour nous qui avons cru, NOUS ENTRONS DANS LE REPOS, selon qu'il dit: Je jurai dans ma colère : ILS N'ENTRERONT PAS DANS MON REPOS!

Il dit cela, quoique ses œuvres aient été achevées depuis la création du monde. 4 Car il a parlé quelque part ainsi du septième jour: ET DIEU SE REPOSA DE TOUTES SES ŒUVRES LE SEPTIEME JOUR.

5 Et ici encore: ILS N'ENTRERONT PAS DANS MON REPOS!

6 Or, puisqu'il est encore réservé à quelques-uns d'y entrer, et que ceux à qui d'abord la promesse a été faite n'y sont pas entrés à cause de leur désobéissance,   7 Dieu  fixe  de  nouveau un jour — aujourd'hui - - en disant dans  David  bien longtemps après comme il est dit plus haut: Si vous entendez sa voix, N'endurcissez pas vos cœurs .

8 Car, si Josué leur avait donné LE REPOS, Dieu ne parlerait pas après cela d'un autre jour. 9 Il y a donc UN REPOS DE SABBAT RESERVE AU PEUPLE DE DIEU. 10 Car CELUI QUI ENTRE DANS LE REPOS DE DIEU SE REPOSE DE SES ŒUVRES, COMME DIEU S'EST REPOSE DES SIENNES.11 EMPRESSONS-NOUS DONC D'ENTRER DANS CE REPOS, afin que personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance.

12 Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu'à partager âme et esprit, jointures et moelles; elle juge les sentiments et les pensées du cœur. 13 Nulle créature n'est cachée devant lui, mais tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte."

Analysons donc ce texte.

En 3:1-6, l'auteur établit un contraste entre Moïse et Jésus, en faisant de Moïse un simple serviteur placé en charge de la maison de Dieu tandis que Jésus est Fils de Dieu et propriétaire de la maison, cette maison étant en fin de compte identifiée comme la communauté des chrétiens qui restent fidèles à leur espérance. Il fait ainsi d'une pierre deux coups: il déclare la supériorité de Jésus sur Moïse, et il substitue la "maison chrétienne" à la "maison juive".

C'est avec un tel préambule qu'il aborde la question du repos sabbatique (katapausis en grec), pratique hautement emblématique de la foi juive. Il prend comme point de départ une citation tirée du Psaumes 95.

Les spécialistes pensent que ce psaume est un vestige d’une pratique ancienne dans laquelle il était chanté au cours du service du temple le jour du sabbat, et que c'est à ce titre qu'il est jusqu’à aujourd’hui utilisé dans la pratique liturgique juive  pour ouvrir le sabbat.

La citation commence par le mot "Aujourd'hui" et se termine avec les mots "mon repos", et c'est avec ces deux formules que l'auteur va développer son argumentaire.

La première partie de l'argumentaire (3:12-15) est un appel aux destinataires de la lettre à rester fidèles à la foi chrétienne aussi longtemps qu'on peut dire "Aujourd'hui". En effet, la référence à la foi dans l'expression " un cœur mauvais et incrédule ", aussi fugitive qu'elle puisse d'abord paraitre, est loin d'être négligeable. Elle est en fait essentielle et fera l'objet de trois autres mentions, dont la dernière sera au cœur de tout le passage.

Le mot "incrédulité" traduit le grec "apistia" qui signifie littéralement  "manque de foi", et revient dans la deuxième partie de l'argumentaire, puisque c'est cette "apistia" qui est identifiée comme raison pour laquelle Dieu ne permit pas au peuple d'Israël d'entrer dans son repos à l'époque de Moïse.

Ensuite, en 4:1-2, à partir du "Aujourd'hui" du début de sa citation de départ, l'auteur étend l'offre du repos de Dieu aux chrétiens hébreux qui sont mis en garde contre l'exemple négatif du manque de foi. de leurs ancêtres israélites.

On en arrive alors en 4:3-5 à ce qui s'avérera le cœur du passage et qui sera développé en deux temps: dans un premier temps, le repos de Dieu est assimilé à la foi en Christ, et dans un deuxième temps, il est différencié du sabbat du septième jour.

En effet, lorsque l'auteur déclare que "nous qui croyons entrons dans en repos", il assimile le repos de Dieu à la foi en Christ, et pour qu'il n'y ait aucune méprise à ce sujet, il précise qu'il est encore question de ce repos de Dieu, non pas parce que Dieu se reposa le 7ème jour à la création, mais en dépit de cela! Le terme utilisé, c'est l'adverbe kaitoï  qui, devant un participe comme c'est le cas ici (gènéthevton: étant achevés), signifie "quoique" (Dictionnaire grec-français Bailly).  Cela signifie en clair que le repos dans lequel il invite ses lecteurs à entrer n'est pas celui du 7ème jour mais celui de la foi en Christ.

Ensuite, en 4:6-8, l'auteur insiste sur l'appel adressé aux chrétiens hébreux à entrer dans le repos de Dieu, tel qu'il vient de le définir. Il argumente que le "Aujourd'hui" de la déclaration faite par David dans le Psaume 95 si longtemps après que le repos ait été refusé aux Israélites, signifie que ce repos reste encore offert, et qu'il n'a pas été donné par Josué à l'Israël d'autrefois.

Il complète enfin sa démonstration en 4:9-11 par une conclusion en trois points:

1. "Il y a donc un repos sabbatique réservé au peuple de Dieu." Selon la démonstration qui a été faite, ce repos de sabbat n'est pas le sabbat du 7ème jour, mais le repos de la foi en Christ.

2.  "Celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres comme Dieu s'est reposé des siennes." Les œuvres dont il est question ici doivent s'entendre dans le cadre de l'opposition entre la foi en Christ et les œuvres de la loi dénoncées par Saint Paul comme pratiques juives abusivement destinées à garantir le statut d'enfant de Dieu. Les destinataires de l'épitre sont invités à se "reposer de ces oeuvres", c'est à dire à s'en décharger. En effet, le repos de la foi en Christ est conçu comme mettant un terme aux oeuvres de la loi.

3. "Empressons-nous donc d'entrer dans ce repos, afin que personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance." L'auteur invite ses destinataires, des juifs devenus chrétiens à entrer dans le repos de la foi en Christ pour ne pas se retrouver dans la même situation que leurs ancêtres Israélites.

La dernière partie du passage en 4:12-13 fait écho à la citation du Psaume 95 utilisée par l'auteur et met un point d'orgue solennel à l'ensemble de l'argumentation pour lui donner une puissance contraignante.

Ainsi, ce passage de l'épitre aux Hébreux montre qu'une distinction était faite dans la communauté chrétienne du premier siècle entre le repos de la foi en Christ des chrétiens et le repos du 7ème jour du peuple juif. Cette distinction est d'autant plus remarquable qu'elle est faite dans un document adressé à des chrétiens d'origine juive qui sont tentés de renier le christianisme pour retourner à la foi et aux pratiques juives.

 

Il n'est donc pas étonnant que la communauté chrétienne ait très tôt délaissé la pratique du sabbat juif du 7ème jour  pour se réunir le premier jour de la semaine pour célébrer la résurrection du Christ et le repas eucharistique.

 

 

Cela signifie-t-il que le sabbat juif soit sans valeur pour la pratique chrétienne? C'est ce que nous verrons dans notre prochain article.
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24 août 2013 6 24 /08 /août /2013 13:45

L'appellation officielle des adventistes, c'est "adventistes du 7ème jour" parce qu'ils font du repos du septième jour de la semaine, identifié comme étant le samedi, un enjeu majeur dans l'histoire du salut.

Cette observation du repos sabbatique est chez eux régie par des règles bien précises, presqu'identiques à celles qui sont pratiquées par les juifs orthodoxes. Le sabbat correspond au 7ème jour de la semaine, et commence au coucher du soleil du vendredi pour s'achever au coucher du soleil du samedi à cause du récit génésiaque de la création. Durant ce jour, on ne doit faire aucun travail séculier ou rémunéré à cause de la formulation du 4ème commandement du livre de l'Exode. On ne doit non plus cuire aucun aliment à cause des prescriptions faites par Moïse au peuple d'Israël.

S'il ne s'agissait que d'un simple jour de culte, il n'y aurait pas grand chose à en dire car l'observance de temps sacrés est une donnée anthropologique, une pratique propre à toutes les cultures de tous les temps. Ce qui en fait le sujet d'un regard critique, c'est que le sabbat est considéré comme l'enjeu suprême de la confrontation finale entre les forces du bien et les forces du mal dans le schéma eschatologique et apocalyptique des adventistes. Sous l'influence notamment de la prophétesse adventiste Ellen White, il est prévu que tous les peuples du monde s'uniront sur la base de l'observation du dimanche contre le seul peuple adventiste dont la marque particulière sera l'observation du sabbat du 7ème jour comme signe distinctif du vrai Dieu.

Les adventistes sont prêts à tout sacrifier pour cette pratique jugée essentielle dans la relation avec Dieu: études, travail, opportunités, revenus,  relations amicales ou familiales.

Cette croyance est basée sur une lecture littérale des textes bibliques, à commencer par ceux de la Genèse qui font du sabbat  une pratique liée à l'acte créateur de Dieu et aux origines de l'humanité.

Le problème, c'est qu'un examen sérieux et objectif des textes bibliques détruit les fondements de cette croyance particulière.

Le récit génésiaque des origines de l'humanité est un mythe

Contrairement à ce que croient les adventistes la Genèse ne contient pas une restitution historique des origines de l'humanité mais un mythe monothéiste destiné à combattre des mythes polythéistes. C'est ce qui ressort clairement de la lecture attentive des deux récits de création faits par la Genèse.

Le premier récit raconte la création du monde en 6 jours de 24 heures, couronnée par un repos du 7ème jour, mais quand on regarde de près ce récit on constate les choses suivantes:

L'auteur situe durant les 3 premiers jours ce qui est supposé être un habitat ou un environnement, et durant les 3 jours suivants ce  qui est supposé se trouver dans cet environnement:

 

ENVIRONNEMENT

RESIDENTS

1. Lumière

4. Soleil, lune et étoiles

2. Séparation des eaux et ciel

5. Animaux aquatiques et oiseaux

3. Terre et verdure

6. Animaux et être humains

Repos du sabbat

 

On voit bien que l'auteur s'exprime avec une vision archaïque du monde, car pour lui, la lumière est l'habitat du soleil, de la lune et des étoiles, comme les eaux, le ciel et la terre sont les habitats des poissons, des oiseaux, des animaux et de l'homme.

 

Il a une représentation primitive et naïve de tout ce qui concerne les points lumineux qui sont perçus au firmament de jour comme de nuit.

 

Son regard n'est ni scientifique ni historique, mais à la fois poétique,  mythologique et théologique

 

La vérité de ce texte n'est donc pas historique ou scientifique, mais théologique:  L'auteur veut simplement opposer une vision monothéiste des origines du monde à une vision polythéiste et animiste, mais l'absence de connaissances scientifiques ne lui permet pas de faire autre chose qu'utiliser le mythe qui est une construction intellectuelle se servant des données empiriques traditionnelles pour expliquer l'origine des choses.

 

Si cette description se voulait historique ou scientifique, elle serait absurde car,

Elle parle de lumière dans un système solaire avant que le soleil soit créé.

Elle fait de la lune et des étoiles des luminaires au même titre que le soleil, sans faire la distinction entre ce qui émet de la lumière comme le soleil et certaines étoiles, et ce qui réfléchit la lumière comme la lune.

Elle fait du soleil, de la lune et des étoiles des choses placées dans une voûte comme des points lumineux.

Elle situe la création des étoiles en même temps que la création de la terre, alors qu'il s'agit de choses qui sont extérieures au système solaire, et qui lui sont parfois antérieures et parfois postérieures. En effet, des myriades d'étoiles sont nées avant qu'apparaisse notre terre, et chaque jour d'autres continuent de se former.

Elle parle de la succession des jours et des nuits avant que le soleil soit créé, et qu'il y ait donc une terre qui tourne sur elle-même et gravite autour du soleil.

Elle parle de la création de la végétation avant la création du soleil qui est responsable de la croissance de la végétation.

Pour le 7ème jour, l'alternance nuit/jour n'est pas mentionnée.

 

Une telle description n'a de sens que si on la reçoit comme une construction intellectuelle archaïque qui cherche à dire essentiellement que le Dieu des Hébreux est à l'origine de tout, qu'il ordonne la réalité, et que tout lui est subordonné comme création, y compris ce que les autres peuples considèrent comme divinités.

 

Par ailleurs, le second récit de création fait dans Genèse  est nettement différent du premier. Il fait apparaitre l'ordre suivant dans le processus de la création:

 

1. Création de l'homme (le mâle)

2. Plantation d'un jardin en Eden, lieu d'où partirait un fleuve divisé en 4 bras.

3. Création des animaux et des oiseaux

4. Création de la femme (la femelle)

 

La différence entre ces deux récits montre bien que l'auteur ne les avait pas conçus comme des descriptions historiques ou scientifiques des origines du monde, sans quoi la contradiction serait inexplicable. Il s'agit bien de mythes dont la cohérence réside dans le fait qu'il s'agit pour l'auteur de rendre compte de la relation entre, d'une part, le Dieu qu'il adore et les forces naturelles divinisées des nations étrangères, et d'autre part de la relation entre l'homme (le mâle souverain) et les éléments de son environnement: végétaux, animaux et femme. Il s'agit aussi de rendre compte des modalités de l'existence de l'être humain tel que lui le connait: mortel, souffrant, accouchant dans la douleur, tirant péniblement sa subsistance de la terre durant 6 jours, et vouant un culte à Dieu le dernier jour de la semaine depuis la fuite d'Egypte.

 

De tout ceci, il découle que le double récit génésiaque de la création ne saurait être pris littéralement, et ne saurait constituer la justification théologique du sabbat comme faisant partie d'un ordre naturel et originel des origines de l'humanité. Il s'agit en fait d'une "rétrojection" de la pratique hébraïque dans un mythe de création, ce qui est parfaitement normal de la part d'un croyant hébreu de cette époque.

 

Leo Trepp, rabbin juif, écrit dans son ouvrage UNE HISTOIRE DE L'EXPERIENCE JUIVE:  "Le sabbat est une invention sémitique qui a naturellement germé de l'observation de la nature du fait que le fermier divisait le cycle de la  lune en quatre phases. . . . Les Juifs ont donné au sabbat sa double signification spirituelle. C'est un jour de repos universel, rendant concret le principe d'égalité universelle entre maitre et esclave, employeur et employé, seigneur et serviteur. C'est par ailleurs un temps de régénération et de restauration spirituelles."

 

Toutes les autres mentions du sabbat dans l'Ancien Testament doivent donc être considérées dans cette optique: une pratique particulière à un peuple.

 

Pour ceux qui seraient tentés de crier au blasphème parce qu'il est question de mythe dans les textes bibliques, il faut qu'il se souvienne que la "vérité" est véhiculée par différentes sortes de textes qui ne sont pas pour autant historiques ou scientifiques: la parabole, l'allégorie, la poésie, et l'apocalypse. Ces différents genres littéraires procèdent par fiction, métaphores, ou symboles qui n'ont rien à voir avec l'historique et le scientifique. A chaque genre de texte son genre de vérité.

 

Le sabbat dans les évangiles

 

Les fondamentalistes sabbatistes pensent que l'observation du sabbat par le Christ, telle que mentionnée dans les évangiles, confirme la perpétuelle validité de cette pratique pour tous les chrétiens de tous les temps. C'est perdre de vue que Jésus de Nazareth était un juif qui vivait comme tous les juifs et observait donc le sabbat.

 

Ce qu'il faut surtout retenir des évangiles, c'est la distance radicale que prend le Christ par rapport à la conception de ses compatriotes et contemporains sur la question du sabbat, cessant de faire de cette pratique un fin en soi pour la subordonner à la seule cause qui vaille, celle de l'humain.

 

Le sabbat dans les Actes de Apôtres

Le livre des Actes continue de lier la pratique du sabbat à la vie juive. Sur les trois mentions de la pratique du sabbat qu'on y trouve, deux se situent dans le contexte synagogual (Actes 13 et 18). 

La troisième (Actes 16) concerne des femmes qui se réunissaient le sabbat dans ce qui est simplement appelé "un lieu de prière", et parmi ces femmes qui ne sont pas des chrétiennes se trouve une certaine Lydie qui est une "craignant Dieu", c'est à dire une sympathisante du Judaïsme. La présence de cette femme "craignant Dieu" parmi d'autres femmes réunies dans un lieu de prière le jour du sabbat semble indiquer qu'il s'agissait d'un groupe de femmes juives. S'il n'est pas question d'une synagogue, mais d'un simple lieu de prière, c'est que le service cultuel des synagogues étaient des lieux dominés par les hommes, ce qui laisse supposer que si des femmes juives voulaient se réunir entre elles il leur fallait trouver un autre lieu.

 

Le sabbat dans les épitres

 

Les épitres sont des textes écrits pour traiter de problèmes rencontrés au sein des premières communautés chrétiennes. On constate que le sabbat n’y est pas souvent mentionné, mais quand il l’est c’est en rapport avec le conflit entre judaïsme et universalisme au sein de la communauté chrétienne. Voici les textes dans lesquels le sabbat est traité directement ou indirectement.

 

Rom.14; 1-12  (La distinction entre les jours)

Pour bien comprendre ce passage, il est nécessaire d'être attentif aux faits suivants:

L’épître aux Romains à été écrite à une communauté chrétienne où chrétiens d’origine juive et non juive se méprisaient mutuellement, les juifs au nom de l’élection de leur peuple et les non juifs au nom de la foi nouvelle en Jésus-Christ.

Les pratiques juives des chrétiens d’origine juive sont des sujets de controverse, les judéo-chrétiens estimant ces pratiques toujours valides et s’imposant à tous les chrétiens, et les pagano-chrétiens les rejetant comme désuètes.

A l’arrière plan des versets 2 et 3 se trouve le problème des viandes sacrifiées aux idoles. Certains judéo-chrétiens s’abstiennent de consommer de la viande pour éviter les viandes qui auraient fait l’objet de consécration aux idoles avant d’être mises sur le marché.

Au verset 5, la distinction entre les jours est en rapport, soi avec les  jours de jeûne, soit avec les jours de sabbat, soit les deux à la fois.

 

Galates 4:8-10  (L’observation du calendrier juif)

Paul reproche aux Galates, chrétiens d’origine païenne, de retourner à une mentalité païenne par l’observation du calendrier juif!

Les « principes élémentaires du monde » (stoichéïa tou cosmou):

Stoichéia: le mot désigne les lettres de l’alphabet ainsi que les éléments fondamentaux de la nature (eau, terre, air, feu) considérés comme des divinités par les païens.

Paul assimile l’observation du calendrier juif à la pratique puérile des païens consistant à  diviniser les éléments naturels.

Or, dans la calendrier juif, il y le sabbat (qu’il soit sabbat du 7ème jour ou sabbat comme jour chômé)

 

Col.2:16 - 23

L’auteur s’adresse à des pagano-chrétiens qui sont sous la pression de judéo-chrétiens parce que ces derniers considèrent que le christianisme n’est que le prolongement du judaïsme par le fait que le Messie (Jésus) est juif, et que les pratiques juives s’imposent à toute la communauté chrétienne: circoncision, pratiques alimentaires reposant sur la distinction entre pur et impur, et calendrier juif avec ses festivals, et ses sabbats.

L’argument de l’auteur, c’est que la venue de Christ préfigurée dans les pratiques juives, a aboli ces dernières, et que sa mort a signifié la fin d’une alliance qui, faite avec le peuple juif, était considérée comme excluant les non-juifs, sauf si ceux-ci se convertissaient au judaïsme.

Les adventistes veulent restreindre "les sabbats" mentionnés dans ce texte aux seuls "sabbats cérémoniels" en excluant le sabbat du 7ème jour, l'auteur de l'épître ne fait pas une telle distinction. Il parle de tous les sabbats, qu'il s'agisse du sabbat hebdomadaire ou des autres jours chômés du calendrier juif.

 

Il restera un texte à analyser, ce sera celui de Hébreux 3:7 à 4:13. Ce sera l'objet d'un prochain article.

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3 août 2013 6 03 /08 /août /2013 14:16

Plusieurs lecteurs m'ont interpellé récemment sur le fait que si l'on considère le récit génésiaque des origines de l'humanité comme un mythe, on détruit un fondement du christianisme, c'est-à-dire la doctrine du péché originel et du sacrifice expiatoire du Christ.

Je souhaite simplement dire deux choses pour l'instant:

1. Les livres de la Bible ont tous été écrits à partir d'une vision archaïque et préscientifique de l'histoire de l'humanité.

2. Le christianisme ne se réduit pas à cette vision archaïque et préscientifique, mais dépend essentiellement de l'enseignement qui découle de l'intervention de Jésus dans l'histoire de l'humanité.

Ceci, étant dit, il y a fort longtemps que le problème de l'interprétation de la mort de Jésus agite les esprits chrétiens. Tous les penseurs chrétiens n'ont pas interprété la croix du Christ comme réparation pour le péché originel ou comme expiation substitutive pour les péchés des hommes.

En voici quelques exemples sous forme très simplifiée:

Anselme: Le péché de l'homme a consisté dans le fait de n'avoir pas rendu à Dieu l'honneur qui lui est dû, ce qui devait entrainer soit le châtiment de l'homme soit la réparation. La miséricorde de Dieu l'a poussé à faire lui-même réparation en la personne du Fils incarné.

Abelard: Il n'y a aucun principe de la nature divine qui exige une réparation de la part du transgresseur, et la mort du Christ ne devrait pas être considérée comme une expiation du péché. Cette mort était seulement une manifestation de l'amour de Dieu, participant ainsi à la souffrance de sa créature et prenant sur lui-même  le poids de son misérable sort, de manière à rendre plus sensible le cœur humain et le conduire à la repentance.

Les Sociniens du 16ème siècle: Il n'y a rien dans la nature de Dieu qui exige la punition du transgresseur, et sa justice ne l'empêche pas de pardonner s'il le désire.  La mort du Christ doit être comprise comme la conséquence d'une fidélité totale aux valeurs divines, et un exemple que l'homme est appelé à suivre afin d'être digne de la vie éternelle.

Grotius: La justice divine n'exige pas que toutes les exigences de la loi soient parfaitement satisfaites par l'homme, et Dieu n'a pas besoin de la mort du transgresseur pour satisfaire sa justice. Cependant, il fallait qu'il y ait châtiment, et donc mort, pour maintenir la stabilité du gouvernement divin. La mort du Christ était le moyen pour Dieu de satisfaire cette nécessité tout en épargnant le croyant.

Schleiermacher, Edward Irving, Menken: Par l'incarnation du Christ, la vie divine a pénétré la vie humaine, et par la mort en croix la dépravation originelle a été dissoute, de telle sorte le Christ devient le levain d'une nouvelle humanité.

Ce que montrent ces quelques exemples, c'est que tous les chrétiens n'ont pas toujours considéré la lettre des textes bibliques comme explication définitive et exclusive  de l' intervention de Dieu dans l'histoire humaine.  Il y a un effort à faire pour passer de la vision archaïque à une vision moderne tout en restant chrétien. C'est ce qui différencie le christianisme authentique du fondamentalisme.

Plusieurs éminents penseurs chrétiens modernes se sont lancés dans cette entreprise visant à démythologiser la foi chrétienne. De ce nombre sont notamment Rudof Bultmann et Hans Küng.

Il s'agit, non pas de démythifier, c'est à dire de supprimer le mythe qui a un rôle à jouer dans la transmission du patrimoine chrétien, mais plutôt de le réinterpréter en utilisant des catégories de pensée qui tiennent compte des avancées de la connaissance. Cette démarche est indispensable pour que la foi ne soit pas enfermée dans des croyances dépassées qui peuvent faire violence à l'homme à travers des dérives fondamentalistes et obscurantistes.

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