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16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 15:03

Parmi les commentaires de mes articles sur le caractère sectaire de l'église adventiste, j'ai reçu le message suivant:

 

« Je suis profondément attristé de lire le contenu de votre pseudo thèse sur l'église adventiste et son fonctionnement qui pour vous est celui d'une secte. Jeune enfant, j'ai pu assister à vos campagnes d'évangélisation et aux nombreux baptêmes qui s'en sont suivis.

Mon cœur saigne, car je vois à quel point en ces temps de la fin, Satan travaille avec acharnement afin de déstabiliser les vrais enfants de Dieu en utilisant pour ce faire, ceux qui ont été "les bergers de son peuple", car quoi que vous pensiez maintenant, vous avez néanmoins été berger de l'Eternel avec toute la responsabilité que cela comporte. Vous en arrivez même au point de remettre en question le fondement même et les croyances de l'église adventiste ?!?

A ce titre, pensez-vous avoir le droit de démolir l'œuvre de Dieu ?

Je ne suis qu'une brebis sans titre et sans fonction dans l'église, juste une adventiste du septième jour, attendant le retour en Gloire de notre Sauveur Jésus-Christ, et je ne me suis jamais senti embrigadé, ni obligé à rien. J'ai grandi dans ce milieu adventiste et à l'âge de 16 ans je suis parti en métropole pour poursuivre mes études, me trouvant seule en France, petit à petit je me suis séparé de l'église adventiste par choix personnel et là encore je n'ai subi aucune pression, ni de ma famille, ni de quelconque pasteur ou frère. J'ai recherché mon Dieu et non plus le Dieu de ma mère ou même "celui" de l'église que vous caractérisez comme étant une secte.

Je peux vous affirmer que la vérité je ne l'ai trouvé ni dans le catholicisme, ni chez les évangéliques ou autre dénomination (j'ai assisté à leur messe ou culte)

En 1997, j'ai assisté à une semaine de prière mené par Pasteur Zita alors que j'y avais été invité par hasard, eh bien dès cet instant Dieu parla en mon cœur par le moyen de son Saint-Esprit et à l'issu de cette semaine de prière je me suis faite baptisé car Dieu a répondu à toutes les questions que je me posais. Je n'ai été ni endoctriné par une
obédience, ni par une secte, ni par un pasteur, ni même par un membre de ma famille mais simplement parce que le Saint-Esprit avait touché mon cœur.

Je peux comprendre que vous ayez été déçu par des humains, mais quelle satisfaction personnelle vous pouvez éprouver en démolissant l'église adventiste ?
Ne serait-ce pas plus un esprit de vengeance qui vous anime et si c'est le cas, est-ce que cela vient de Dieu ? car il est écrit : Romains 12:19 "Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère; car il est écrit: A moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur"

Vous vous êtes mis en guerre contre l'église adventiste et son système mais vous ne vous rendez pas compte que vous vous êtes mis en guerre contre Dieu !

Vous réussissez à démolir dans vos textes ce qu'avec énergie vous défendiez autrefois.

Et si à travers toute cette haine que vos écrits laissent transparaître vous ne faites pas honneur à notre Dieu, il y en a bien un qui jubile (Satan) car il a réussi à faire d'un enfant de Dieu une de ses marionnettes à son service.

Si pour vous cela est devenu foutaise, que l'église adventiste est l'église du reste
eh bien laissez moi vous supplier de revenir à vos anciens sentiers et à la repentance,
à rentrer en vous-mêmes afin que vous réalisiez tout le mal que vous faites à travers vos écrits.

Je veux me rappeler de vous comme étant ce pasteur beau de figure et de bonne éloquence faisant pleurer certains tellement ses prédications touchaient les cœurs et rapprochaient les âmes de Dieu et non pas celui qui maintenant devient le serviteur de l'ennemi

Si dans votre cœur vous avez toujours cette amour pour Dieu, renoncez à toute cette haine destructrice.

J'espère ne pas avoir été trop dure dans mes propos, mais sachez que c'est avec beaucoup d'amour que je vous ai écrit ces quelques lignes en espérant qu'au bout de cette vie terrestre nous soyons tous réunis avec notre Créateur afin de l'adorer dans l'éternité (si pour vous cela reste encore une réalité) !!! »

Bien fraternellement. Marlène ROUVER




Ainsi, selon cette lectrice adventiste, je serais devenu un instrument de Satan animé par la haine et le vengeance à l’égard de l’église adventiste suite à une déception. Et ceci parce que je remets en question les fondements mêmes et les croyances de l’église adventiste.

Pas un mot de sa part pour analyser ou réfuter ce qu’elle appelle ma « pseudo-thèse », mis à part son  sentiment personnel  de n’avoir jamais fait l’objet de pressions sectaires au sein de l’église adventiste.

Peut-elle réfuter mes analyses théologiques sur une base biblique ? Non.

Peut-elle nier tout ce que je dis du fonctionnement de l’église adventiste ? Non.

Mais, c’est « avec beaucoup d’amour » qu’elle me traite d’instrument et de marionnette de Satan.

Peut lui importe que j’aie pu faire une analyse sérieuse et critique du fonctionnement et des croyances de l’église adventiste, et que cette analyse sincère et lucide m’ait conduit hors de l’église adventiste.

Peu lui importe ce que, comme bien d’autres, j’aie pu souffrir de la malfaisance de cette église.

Tout ce qui lui importe, c’est de n’être pas dérangée dans sa croyance et frustrée de sa nostalgie du « pasteur beau de figure et de bonne éloquence faisant pleurer certains ».

A-t-elle un seul mot à me dire par rapport aux nombreuses années de souffrance que j’ai connues dans ce milieu ? Non.

S’est-elle préoccupée une seule fois de la scélératesse des dirigeants adventistes? Non.

Elle peut seulement « comprendre que j’ai été déçu par des humains ». Et à travers cette petite phrase, elle banalise ma souffrance et exonère la direction de l’église adventiste de sa malfaisance.

Typique adventiste ! De bonnes âmes qui se foutent de la souffrance des gens et qui sont incapables d’analyse objective et critique. La seule chose qui leur importe c’est de n’être pas dérangé dans leur macération émotivo-religieuse. Bien entendu, ils sont les seuls à détenir la vérité. Bien plus, ils sont Dieu. Ne le dit-elle pas elle-même qu’ en m’attaquant à l’église adventiste, je me suis attaqué à Dieu lui-même.

Ainsi, cette bonne âme qui se défend d’être sous influence sectaire s’exprime néanmoins avec toute la force de la conviction sectaire. Elle qui refuse de voir en l’église adventiste quoique ce soit de sectaire au motif qu’elle n’aurait subi aucune pression quand elle a voulu s’en aller, n’hésite pas à me mettre la pression en termes virulents et sans équivoque quand je choisis de faire  à soixante ans en mon âme et conscience ce qu’elle a fait à seize ans. Une fois adventiste et pasteur, je devrais le rester. Tout au plus m’accorderait-elle, comme on le devine,  le droit de ne plus être ni l’un ni l’autre, mais à condition de garder un silence respectueux (ou complice) sur les problèmes de l’église adventiste.

Je voudrais tout de même attirer son attention sur le fait que moi, je me contente de questionner des croyances et d’exposer des fonctionnements sans jeter l’anathème sur quiconque. Je laisse ce soin à un pasteur adventiste, actuellement en fonction, qui parlait de certains de ses collègues de la manière suivante : « . . . certains qui sous leurs visagse d’anges, cachent une âme aux accents démoniaques et ce n’est pas peu dire, car le diable lui-même doit s’inspirer de leur imagination à concevoir le mal pour recycler ses méthodes de séduction. ».

C’est ce même pasteur qui écrivait d’autre part ceci en parlant des « guerriers de la prière adventistes » : « Tel un bal masqué, leurs réunions, appariaient des fidèles naïfs, crédules et en quête de spiritualité, de sécurité religieuse, employant la prière tel un grigri  spirituel, capable de tous les pouvoirs, leur épargnant les attaques des forces de l’au -delà, ignorant, qu’elles étaient déjà en action à travers leurs vénérés dirigeants, aux allures faussement pieuses. »  En clair, il désigne les dirigeants de l’église adventiste comme instruments de Satan.

Comme ce pasteur est lui aussi beau de figure, qu’il lui arrive aussi d’avoir cette éloquence qui fait pleurer certains, et que lui est toujours adventiste, peut-être son témoignage sera-t-il plus crédible que le mien, ne pouvant être soupçonné de vouloir « démolir l’église adventiste ».   A moins que madame Rouver considère ce pasteur comme un agent infiltré de Satan pour démolir l'église adventiste de l'intérieur.

En tout cas,une chose est sûre en ce qui me concerne: s'il faut passer l'éternité dans un paradis peuplé de gens aussi aimants que madame Rouver, je préfère honnêtement ne pas y être.

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13 août 2011 6 13 /08 /août /2011 19:49

Depuis un certain temps, il est souvent question de « fondamentalismes » dans les médias. Le terme est employé pour désigner certains groupes musulmans activistes comme Les Frères Musulmans, le Jamaat-i-Islami, ou le Gamaa Islamiyya, pour ne citer que ceux-là. Le terme est parfois employé comme synonyme d’intégrisme ou de fanatisme.

Certaines clarifications s’imposent si on veut comprendre ce qu’est le fondamentalisme et par conséquent identifier à bon escient les fondamentalistes.

Cette démarche est d’autant plus nécessaire qu’on trouve un peu n’importe quoi sur le sujet. C’est ainsi que dans WIKIPEDIA on trouvera que « Le terme fondamentalisme désigne l'attachement strict à une doctrine précise, religieuse ou autre », et il est donné comme synonyme d’intégrisme.

Une telle définition ne signifie strictement rien car on peut l’appliquer à n’importe quel partisan engagé de n’importe quelle cause ou doctrine.

En réalité, le fondamentalisme, dans son acception religieuse, se caractérise essentiellement par une approche littéraliste des écrits sacrés, une lecture au premier degré, le texte écrit étant considéré dans sa littéralité comme le fondement exclusif et suffisant de la croyance comme de la pratique de l'individu.

Frédéric Manns, bibliste franciscain français, a parfaitement raison de déclarer : « Mettre sur le même dénominateur commun les divers fondamentalismes religieux sans les distinguer serait absurde. Il y a trop de différences entre les miliciens islamistes qui défendent le mausolée d'Ali, à Nadjaf, les fondamentalistes juifs qui défendent les colonies des territoires occupés la Bible à la main et les fondamentalistes baptistes américains qui croient à la création du monde en sept jours, défendent la peine de mort et soutiennent Israël au nom d'un sionisme chrétien favorable à la réunion de tous les juifs sur leur terre pour attendre le retour du Messie en gloire. Ce qui est commun cependant c'est une approche "naïve" et non critique des textes fondateurs de la religion. »

Ainsi, il met en garde contre un usage « fourre-tout» du terme fondamentalisme en même temps qu’il éclaire sur sa signification essentielle.

Il faut donc distinguer le fondamentalisme de l’intégrisme qui est un attachement radical à la tradition (ce fut le cas de Monseigneur Lefebvre), et du fanatisme qui est la défense extrémiste et souvent violente d’une cause quelconque. Tous les fondamentalistes ne sont pas forcément des intégristes ou des fanatiques. Pas plus qu’ils ne sont nécessairement des activistes. Il ne faut pas tout mélanger. Cependant, il faut reconnaitre que le fondamentalisme est très souvent le substrat des intégrismes, des fanatismes, et des activismes religieux de toutes sortes. C’est peut-être la raison pour laquelle on a tendance à confondre tous ces termes, mais il ne génère pas toujours toutes ces dérives. Par ailleurs, il n’y a pas de définition univoque du fondamentalisme. Il y a sans doute autant de fondamentalismes qu’il y a de fondamentalistes car ce positionnement se teinte toujours des particularismes des individus et des groupes concernés. Il y aura des fondamentalistes chez les chrétiens, les musulmans, les juifs, et tous n’auront pas le même degré de radicalité dans leurs croyances et leurs pratiques. Cependant, à partir de la caractéristique principale qui est la lecture au premier degré des textes sacrés, le fondamentalisme se reconnaitra à certains traits qui sont relativement communs.

Chez les chrétiens en particulier, le fondamentalisme se reconnaitra généralement aux traits suivants :

• Une lecture au premier degré du texte faisant fi des outils savants de l’interprétation des textes et donnant au contenu littéral la priorité sur les apports de la science. C’est ainsi que la plupart des fondamentalistes chrétiens croient que le récit de la création fait par la Genèse est à prendre au pied de la lettre et décrit exactement l’apparition de la vie sur la Terre.

C’est en fait un obscurantisme religieux qui se prévaut de l’appropriation personnelle du Saint Esprit comme seul outil d’interprétation des textes bibliques, au mépris de tous les apports de la culture et des sciences.

• Le totalitarisme de la dimension religieuse dans la vie de tous les jours. La plupart des fondamentalistes soumettent tous les aspects de la vie, non pas à la spiritualité (ce qui est différent) mais à la religion. C'est-à-dire que, non seulement tous les compartiments de la vie seront normés par des exigences religieuses, mais le religieux aura tendance à prendre le pas sur tous les autres aspects de la vie quotidienne (le culturel, le politique, le social, les loisirs, etc.)

• Un enracinement dans le passé du au fait que les textes, les références et les valeurs qui servent d’ancrage à leur vision du monde appartiennent à une époque révolue. Tarik Ramadan décrit fort bien l’opposition entre fondamentalisme et modernité dans un article de 2008 intitulé « L’islam et le fondamentalisme religieux » paru sur le site European Muslim Network. Il déclare : « . . trois éléments permettent de définir le concept de fondamentalisme :

1.   •la Référence ancienne dit tout de notre temps moderne (tout est dans le texte ancien)

 

2.   •la pensée rationnelle est enfermée dans le sens du Livre qu’on lit (sens littéral, fixe, absolu et donné à un moment). Refus de l’évolution de la pensée, de la science

 

3.   •l’opposition à tout élément de l’histoire qui n’est pas dans le Livre, ou ne correspondant pas au sens donné par le Livre C’est cet enracinement dans le passé qui explique que les chrétiens fondamentalistes ont tendance à faire bon ménage avec des mouvements nationalistes comme le Front National aujourd’hui ou le Nazisme hier, en voyant dans le monde actuel une décadence dont le seul remède c’est le recours nostalgique à des valeurs dites d’origine.

 

De ce point de vue, l’église adventiste qui est le cas que je connais le mieux, tend à être fondamentaliste car l’influence des penseurs qui utilisent les outils modernes pour lire les textes sacrés n’est pas assez forte en son sein. C’est pourquoi, on retrouvera dans ses rangs à des degrés divers un certain nombre de croyances et de pratiques qui ne s’expliquent que par la lecture naïve des textes, notamment :

• La croyance que tous les écrits de la Bible viennent directement de Dieu, et ont une valeur absolue autant qu’égale

• La Bible comme source suffisante de connaissance en toutes choses

• Le statut inférieur de la femme et sa soumission à l’homme (masqué par le concept bidon de « soumission réciproque » entre mari et femme). Les femmes devaient se couvrir la tête en assemblée il n'y a pas si longtemps, et elles n’ont toujours pas un libre accès à l’ordination

* L'interdiction faite aux femmes de porter le pantalon (considéré comme vêtement d'homme)

• Le statut des pasteurs comme « oints de l’Eternel » et donc différent de celui des simples fidèles

• La soumission des fidèles à leurs dirigeants

• Le loyalisme à l’égard des pouvoirs en place et l’absence de toute contestation

* La sacralisation des lieux de culte et de la chaire

• L’acceptation littérale du mythe génésiaque de la création comme seule explication de l’origine du monde

• La croyance que la terre a 6000 ans d’existence

• L’interprétation apocalyptique des catastrophes et phénomènes naturels (Guerres, tremblements de terre, pluie de météorites, famines) comme signes de la fin du monde

• Les interdits alimentaires basés sur la distinction entre pur et impur

• L’abstention de toute cuisson le jour du sabbat, même s’il ne s’agit que de programmer un four informatiquement (Il fut une époque pas si lointaine où il ne fallait même pas prendre de « grand bain » le sabbat)

• La pratique stricte de la dîme qui exige des fidèles le don systématique de 10% de tous leurs revenus (salaires, profits, allocations sociales, etc.) à l’église quelque soit leur situation financière (sans compter les nombreuses offrandes sollicitées constamment). Certains prédicateurs allaient jusqu'à affirmer que même en cas de maladie, le fidèle à qui il ne restait que la dime chez lui, ne devait pas y toucher mais s'en remettre à Dieu.

• La diabolisation de la sexualité

• La diabolisation du monde, de la culture ambiante, et de certains aspects de la modernité. Pendant des années on a entendu des prédicateurs pester en chaire contre le défrisage des femmes ou le port du blue jean.

* La confession publique des fautes personnelles, parfois poussée jusqu'au récit public des turpitudes intimes

• Une vision manichéenne qui sépare la réalité entre l’église pure et le monde impur

• L’église adventiste comme étant la seule véritable église, LE « peuple du reste »

• Une extrême ambigüité par rapport au recours aux tribunaux : la direction peut avoir ses avocats (même les moins scrupuleux) et se défendre en justice contre les gens de l’extérieur et les membres de la communauté par tous les moyens parce qu’elle incarne « l’œuvre de Dieu », mais les employés et les membres sont découragés d’ester en justice entre eux ou contre la direction parce que les tribunaux appartiennent à l’extérieur méchant.

 

Le problème de fond, c’est celui du regard que portent les fondamentalistes sur la Bible. Ils croient que les textes bibliques ont tous été inspirés par Dieu ai sens où leur contenu serait le résultat d'un phénomène surnaturel par lequel Dieu aurait révélé à certaines personnes des choses. D'où leur démarche qui consiste à prendre pratiquement au pied de la lettre tout ce que dit la Bible, et à donner à son contenu littéral une valeur éternelle et universelle.

Essayons d'en parler de manière très simple, un peu dans le style "la Bible expliquée aux nuls par un nul", au risque de passer pour un peu naïf aux yeux des penseurs les plus avertis.

 

Ce que nous dirons par rapport aux fondamentalistes chrétiens pourra peut-être servir de paradigme aux fondamentalistes musulmans ou juifs.

 

Que sont vraiment les textes bibliques? Des révélations qui viennent expressément et directement de Dieu, ou bien simplement des œuvres humaines ? Leur contenu littéral, constitue-t-il des vérités absolues et intangibles ? Doivent-il être considérés comme source fiable en toutes choses, en matière de foi, d’histoire, de géographie, de morale, de science ? Quelle est leur portée réelle ?

 

Il importe de déterminer la manière dont on perçoit et comprend ces textes, de porter sur eux un regard juste, fidèle à leur nature exacte, de ne pas se méprendre sur ce qu’ils sont en réalité. Si on doit construire sa manière de penser et d’agir sur leur contenu, il importe d’être au clair sur la perception qu’on en a, et le rapport qu’on entretient avec ces textes. Il y a des gens qui considèrent par exemple qu’une Bible ne doit jamais être placée en-dessous d’autres livres, que son caractère est si sacré qu’il faut la mettre toujours au-dessus de toute autre chose. D’autres personnes s’en servent comme d’un talisman dont la seule présence dans un lieu suffit à conjurer tous les dangers.

 

Comment sait-on que ces textes émanent de Dieu ? A-t-il écrit lui-même ? A cela certains répondront qu’il a au moins écrit lui-même les dix commandements ?

 

A-t-il parlé à des gens ? Qu’a-t-il dit ? Certains répondront que tout le contenu de la Bible vient de lui.

 

A-t-il fait écrire ? S’il a fait écrire, comment a-t-il communiqué avec les auteurs? Certains répondront que c’est par le Saint Esprit.

 

Mais tout cela n’est pas aussi évident que certains voudraient le croire. Il est peut-être nécessaire de problématiser la question de la nature des textes bibliques, ne serait-ce que pour mieux clarifier la conception qu'on en a et s'assurer que les croyances qu'on a reposent sur du solide.

 

En tout cas, une première chose est sure, c’est que tous les livres de la Bible ont été écrits par des personnes comme vous et moi. Quand nous disons donc qu’il s’agit de la Parole de Dieu, quelle est en fait la part de Dieu et quelle est la part de l’homme ? L’homme a-t-il été un simple instrument passif entre les mains de Dieu ? Il y a des images d’Epinal qui tiennent lieu d’explication à propos de ce problème : Pour certains, les livres de la Bible sont inspirés dans la mesure où Dieu se serait adressé face à face ou bien en vision ou bien en songe à leurs auteurs. Dieu aurait donc dit et révélé des choses, et l’auteur aurait fonctionné un peu comme un secrétaire, un scribe qui retransmet fidèlement ce qui lui a été révélé. Pour d’autres, le Saint Esprit aurait pris le contrôle des facultés mentales de certaines personnes pour y infuser en quelque sorte un certain contenu de révélation. A la manière d’un poste récepteur recevant les ondes d’un poste émetteur. Les auteurs auraient dans ce cas procédé un peu par écriture automatique, étant sous l’emprise du Saint Esprit. Que faut-il faire de tout cela ?

 

Quand on traite de la question de l’inspiration et de la révélation, un certain nombre d’arguments sont avancés par certain penseurs chrétiens.

 

D’abord, l’argument dit « a priori ». Selon cet argument, Dieu étant qui il est, et l’homme étant qui il est, on doit s’attendre à ce qu’un Dieu qui est réel et aimant communique avec sa créature intelligente et sensible. Du fait que l’homme pécheur ne peut entrer en relation directe avec Dieu, celui-ci se révèle à l’homme par les moyens qu’il veut, notamment par le moyen de messagers choisis. Mais on reste là dans le domaine de l’hypothèse, de la construction intellectuelle, et cet argument ne saurait à lui tout seul faire reconnaître la Bible comme œuvre émanant de Dieu et ne saurait répondre à toutes les questions soulevées précédemment.

 

Un deuxième argument souvent évoqué, c’est celui de l’évidence interne. Dans ce cas, on dit qu’en lisant les textes bibliques, on se rend compte qu’il y a là un phénomène spécial et différent des œuvres littéraires ordinaires. Que les pages de la Bible portent les marques de leur inspiration, tant on est impressionné par leur puissance et leur profondeur. C'est vrai qu'on peut être très impressionné par les textes bibliques. Mais le lecteur du Coran pourrait dire la même chose. Il y a dans cette démarche quelque chose de subjectif qui n’a valeur que pour celui-ci qui le ressent de cette manière. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde, et cela ne saurait démontrer l’origine divine des textes bibliques.

 

Certains emploieront l’argument prophétique et diront que le fait que des choses soient annoncées à l’avance et se réalisent beaucoup plus tard montre bien l’origine divine des écrits bibliques. Mais il faut émettre un première réserve, c'est que cela ne concerne qu’une minorité de livres de la Bible. 17 sur 66 exactement. Et même parmi les 17 livres dits prophétiques, tous ne contiennent pas des prédictions. Certains de ces livres ne contiennent que des exhortations. On ne saurait démontrer l’origine divine de tous les livres de la Bible par l’extrapolation de l’argument prophétique. Cela ne serait pas intellectuellement honnête.

 

Et puis il y a enfin certaines déclarations bibliques qui sont utilisées pour démontrer l’origine divine de tous les livres de la Bible. Le plus courant de ces textes, c’est celui de 3 Pierre 1 :19-21 : « Et nous tenons pour d’autant plus certaine la parole prophétique à laquelle vous faites bien de prêter attention comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraitre et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs ; sachez tout d’abord vous-mêmes qu’aucune prophétie de l’Ecriture ne peut être l’objet d’une interprétation particulière, car ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est poussés par le Saint Esprit que des hommes on parlé de la part de Dieu. » Ceux qui se réfèrent à ce texte mettent généralement l’emphase sur sa toute dernière partie : « c’est poussés par le Saint Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu. » Soit. Mais on remarquera qu’il n’est question ici que des prophéties et pas de tous les livre de la Bible. Or, comme nous venons de le faire remarquer, tous les livres de la Bible ne sont pas prophétiques. D’autres prendront alors le texte de 2 Tim 3 :16 qui dit que « Toute l’Ecriture est inspirée de Dieu ». Mais le texte ne dit pas en quoi consiste cette inspiration. Par ailleurs, à l’époque où Paul écrit à Timothée, les « saintes lettres » -expression qu’il emploie au verset précédent et qui est synonyme de l’Ecriture- désigne les livres de l’Ancien Testament. Reste à savoir comment ces livres de l’Ancien Testament en sont venus à être considérés comme inspirés de Dieu et revêtant un caractère sacré.

 

Qu’en est-il exactement ? Que disent les auteurs bibliques eux-mêmes ? Il me semble que la moindre des choses, c’est déjà dans un premier temps de voir ce que les auteur bibliques disent de leur propre "inspiration". Et d’emblée, on est frappé de constater que ce ne sont pas tous les auteurs bibliques qui se réclament d’une révélation expresse de Dieu. Tous ne disent pas que Dieu leur a parlé ou leur a adressé un message de quelque manière que ce soit. Tous ne disent pas non plus que Dieu leur a demandé d’écrire quoique ce soit.

 

Les auteurs qui se réclament d’une telle révélation sont surtout les prophètes. C’est le cas par exemple d’Esaïe (6 :1 ; 7 :3): « L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé et les pans de sa robe remplissaient le temple. . . Alors l’Eternel dit à Esaïe : Va à la rencontre d’Achaz. . . » L’auteur se réclame d’une communication directe et expresse avec Dieu. Et on retrouvera le même genre de formule dans pratiquement tous les livres prophétiques : Jérémie : « La parole de l’Eternel me fut adressée en ces mots. . . » Ezéchiel : « La parole de l’Eternel me fut adressée en ces mots. . » Daniel : Ce sont des êtres célestes, des anges qui s’adressent à lui dans des visions et des songes. Osée : « La parole de l’Eternel fut adressée à Osée » Joël : « « La parole de l’Eternel fut adressée à Joël » Amos parle de visions qui lui sont envoyées par Dieu Jonas : « La parole de l’Eternel fut adressée à Jonas » Michée : « La parole de l’Eternel fut adressée à Michée » Et ainsi de suite. Dans ces cas là, il est clair que les auteurs se disent récipiendaires d’une révélation qui leur est communiquée par Dieu, et d’un mandatement divin pour la retransmission de cette révélation. Mais qu’en est-il des autres livres ?

 

Considérons le livre de la Genèse. Nulle part l’auteur ne dit que Dieu lui a dit quoique ce soit, ou lui a demandé d’écrire quoique ce soit. Mais son livre parle de l’intervention de Dieu dans l’histoire humaine et dans l’histoire du peuple d’Israël. Son livre parle aussi de la parole de Dieu adressée à Adam, Caïn, Abraham, Isaac, Jacob, et d’autres personnages, certes. Mais à aucun moment il ne dit que Dieu lui a parlé à lui. Il ne dit pas non plus d’ailleurs d’où lui viennent ses informations. Il n’y a aucune revendication d’une origine divine de ses écrits.

 

Dans le livre de l’Exode, c’est la même chose. Nous ne trouvons aucune déclaration portant sur l’origine divine de ce livre. Lui aussi parle de Dieu, un Dieu qui parle à des hommes et qui intervient dans l’expérience d’Israël, mais quant à lui, aucune revendication de révélation particulière.

 

Pareil pour Lévitique, Nombre, et Deutéronome. Il y est question des paroles adressées par Dieu à Moïse, mais nulle part il n’y est dit : Dieu m’a dit à moi, ou Dieu m’a demandé de dire. La même chose se répétera dans nombre de livres de l’Ancien Testament.

 

Dans le livre de Ruth, on ne trouve ni l’un ni l’autre de ces deux éléments. Le livre ne dit nulle part que Dieu a parlé à qui que ce soi, ni que Dieu a parlé à son auteur. Nous y trouvons simplement l’histoire de certains croyants. C’est la même chose dans le livre d’Esther.

 

Dans le livre d’Esdras, il est dit qu’Esdras était un scribe versé dans la loi qui étudiait et enseignait les lois de Dieu, et que la main de Dieu était sur lui, sans plus. On retrouve le même schéma dans le livre de Néhémie. Mais aucun des deux ne déclare que Dieu lui a dit quoi que ce soit, ou lui a dit de dire quoi que ce soit.

 

L’auteur du livre de Job, quoique narrant une histoire qui suppose une connaissance des choses qui dépasse le simple cadre humain, ne se réclame non plus d’aucune révélation spéciale ni d’aucun mandat d’écrire délivré par Dieu. Il raconte simplement une histoire qui met Dieu en scène.

 

Quand nous en arrivons aux Psaumes, nous trouvons un recueil de poèmes et de chants composés par divers personnages : David, Asaph, les fils de Koré, Ethan, Moïse, et certains auteurs anonymes. Ces pièces littéraires puisent leurs racines dans l’expérience et les sentiments des croyants qui les ont écrites, et tout ce qu’ils disent est certes en référence à Dieu. Mais aucun ne dit que Dieu lui a communiqué quoique ce soit de particulier ou l’ait commissionné pour écrire.

 

Le Cantique des Cantiques, qui est aussi une œuvre à caractère poétique venant de Salomon, ne fait rien d’autre que célébrer l’amour entre un homme et une femme, et le nom de Dieu n’y est prononcé qu’une fois dans une image poétique pour parler de la jalousie : « la jalousie est inflexible comme le séjour des morts ; ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme de l’Eternel. » Autrement, il n’y est question de Dieu en aucune manière.

 

Vient ensuite le livre des Proverbes, des maximes de sagesse rédigées par le roi Salomon, et par deux autres auteurs du nom de Agur et Lemuel. Il est intéressant de noter en passant qu’il est dit dans Proverbes 30 :1 que Agur a composé ses maximes pour deux personnes : Ithiel et Ucal. Et dans Proverbes 31 :1, il est précisé que les maximes rapportées par le roi Lemuel ont été reçues de sa mère qui les avait utilisées pour faire son éducation. Et là nous sommes dans un contexte tout à fait terre à terre, bien loin d’une intervention divine pour des révélations spéciales.

 

Avec le livre de l’Ecclésiaste attribué à Salomon, nous avançons encore plus dans le domaine de la composition littéraire tout à fait humaine. L’auteur déclare dans Ecc. 1 :12 « Moi l’Ecclésiaste, j’ai été roi d’Israël à Jérusalem. J’ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est là une occupation pénible à laquelle Dieu soumet les fils de l’homme. » Plus loin, dans 12 :11-12, ils ajouté que « Outre que l’Ecclésiaste fut un sage, il a encore enseigné la science au peuple, et il a examiné, sondé, mis en ordre un grand nombre de sentences. L’Ecclésiaste s’est efforcé de trouver des paroles agréables, et ce qui a été écrit avec droiture, ce sont des paroles de vérité. » Ce dont il est question ici, c’est d’un travail pénible d’observation et de réflexion, mais pas de révélation miraculeuse. C’est d’un travail intellectuel de philosophe qu’il s’agit, de recherche, d’analyse studieuse, laborieuse et patiente.

 

A ce stade, on est tenté de se demander si tous ces livres rassemblés sous le vocable de "Parole de Dieu" ne sont pas après tout le fruit d’un travail intellectuel tout à fait humain. Une telle question pourrait passer pour sacrilège, surtout aux oreilles de ceux qui comprennent l’inspiration des Ecritures comme un phénomène divin de type miraculeux, mais il y a au moins un livre de la Bible qui nous indique que cette question n’est pas si sacrilège que cela. C’est le livre de Luc où l’auteur déclare ceci dans son introduction : « Plusieurs ayant entrepris de composer un récit des évènements qui se sont accomplis parmi nous, suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la Parole, il m’a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. »

 

Ce que Luc dit ici de manière explicite, c’est que la rédaction de son évangile est le fruit d’une initiative personnelle, et d’un travail de recherche. Aucune trace d’intervention divine miraculeuse ni de mandat divin. C’est de son propre chef qu’il produit cet ouvrage, et le contenu résulte d’un travail de recherche sur la vie de Jésus. Tout cela est bien humain. On peut même dire totalement humain. En tout cas, c’est ainsi que Luc l’a vécu. Quant aux autres évangiles, il est fort probable qu’ils soient de même nature que celui de Luc puisque ce dernier situe son ouvrage dans la même veine de rédaction que les autres évangiles. D’ailleurs la très grande similitude entre les trois évangiles dits « synoptiques » (Matthieu, Marc, et Luc) montre bien qu’ils ont tous les trois puisé d’un document commun ou bien que certains ont utilisé les écrits des autres, ce qui montre bien la dimension parfaitement humaine de leur œuvre.

 

Restent les épitres de Paul qui forment la plus grande partie du Nouveau Testament. De quoi s’agit-il sinon de courriers écrits par Paul en tant que pasteur à différentes communautés chrétiennes, soit pour les encourager, soit pour traiter certains problèmes, soit pour les instruire.

 

On est finalement amené à se demander comment tous ces livres, dont bon nombre semblent être le fruit du travail de l’homme, en sont venus à porter le nom de "Parole de Dieu", à être considérés comme inspirés par Dieu, livrant une révélation divine, et déclarés canoniques, c'est-à-dire ayant valeur de règle de pensée et de conduite pour les chrétiens.

 

Quelques textes bibliques semblent nous fournir des éléments de réponse à partir desquels nous pouvons faire des déductions plausibles. Je les aborde ici à partir d'une perspective chrétienne afin de parler aux chrétiens sur leur propre terrain, mais tout à fait conscient que tous les lecteurs ne partageront pas ce genre de présupposé. C'est un choix stratégique et pédagogique que j'assume.

Le premier texte, c’est celui d’Exode 17 :8ff qui raconte la victoire de Josué sur Amalek avec l’aide de Dieu. Il est spécifié au verset 14 que l’Eternel dit à Moïse : « Ecris cela dans le livre, pour que le souvenir s’en conserve ».

Aucune précision n’est ajoutée concernant le livre dont il est question, mais il est intéressant de savoir qu’il y avait un livre où semblaient être consignés les évènements de l’histoire d’Israël. Et c’est peut-être à ce même livre qu’il est fait allusion dans Nombres 33 : 1-2 quand il est dit : « Voici les stations des enfants d’Israël qui sortirent du pays d’Egypte, selon leurs corps d’armée, sous la conduite de Moïse et d’Aaron. Moïse écrivit leurs marches de station en station, d’après l’ordre de l’Eternel. »

Par ailleurs, le livre d’Exode nous apprend aussi que Moïse avait écrit dans un livre toutes les lois que Dieu lui avait données pour le peuple d’Israël.

Ainsi, Moïse aurait été le premier à écrire des livres sur l’ordre de Dieu, et une partie du contenu de ces livres viendrait des révélations faites par Dieu.

S’agissant par ailleurs des courriers de Paul, il y a une déclaration intéressante qui est faite à leur sujet par un autre apôtre. Il s’agit de Pierre qui dit dans sa seconde épître (3 :15f) : « Croyez que la patience de notre Seigneur est votre salut, comme notre bien-aimé frère Paul vous l’a aussi écrit selon la sagesse qui lui a été donnée. C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Ecritures, pour leur propre ruine. »

Il y a trois choses importantes pour notre réflexion dans cette déclaration de Pierre. La première , c’est qu’il dit que les écrits de Paul résultent d’une sagesse qui lui a été donnée. Il ne précise pas la source de cette sagesse, mais généralement quand un juif met une action à la voix passive sans autre précision, c’est à Dieu qu’il fait allusion. Les écrits de Paul seraient donc le fruit d’une évidente sagesse, mais cette sagesse serait un don de Dieu.

Ensuite, Pierre met les lettres de Paul sur un même pied d’égalité avec « les autres Ecritures ». C'est-à-dire, qu’il fait les écrits de Paul entrer dans le canon des œuvres bibliques. Il les considère comme règle de foi et de conduite pour les croyants.

La troisième observation, c’est que c’est un membre de la communauté chrétienne, en l’occurrence Pierre, qui attribue aux écrits de Paul une valeur canonique.

Il y a là matière à réflexion car nous avons sans doute dans cette déclaration de Pierre la clé de notre problème. Il s'agit du rôle joué par la communauté des croyants dans l'attribution de statut "inspiré" à certaines œuvres littéraires, et dans la mise en place du canon des écrits bibliques. Certains ouvrages viennent à être reconnus dans la communauté de foi comme ayant un caractère spécial qui en fait des écrits à part appelés à jouer un rôle tout à fait particulier d’instruction en matière de foi et de salut.

Sur quels critères ces livres reçoivent-ils ce statut de Parole de Dieu et sont-ils déclarés « canoniques » ?

Plusieurs réponses émergent du texte biblique lui-même.

Il y a eu des livres attribués à Moïse et contenant les lois qui devaient régir la vie d’Israël. Il n’est pas sûr que les livres de l’Ancien Testament qui contiennent ces lois et que nous avons actuellement soient de la plume de Moïse lui-même. Il est possible qu’ils soient l’œuvre de prêtres et de scribes qui ont retransmis le contenu du corps d’instruction donné par Moïse, puisque c’était un des aspects des rôles qu’il devaient jouer, ainsi que nous le fait savoir Lévitique 10 :8-10. Ce qui est sûr, c’est que les livres qui contenaient le corpus légal établi par Moïse reçoivent un statut spécial. Tels sont les livres de Lévitique et Deutéronome.

Il y a aussi des livres qui racontent l’intervention de Dieu dans l’histoire d’Israël et qui sont aussi sacralisés de ce fait. Ce sont les livres comme la Genèse, Exode, Nombres, Josué, Juges, Samuel, Chroniques.

Certains livres sont écrits par des personnes reconnues comme prophètes, c'est-à-dire des porte-parole de Dieu, au sein des communautés de croyants. Ces auteurs là disent eux-mêmes avoir reçu des révélations venant de Dieu et avoir reçu de lui l’ordre de transmettre ces messages à la communauté de croyants. Il s’agit des 17 livres prophétiques de l’ancien et du nouveau testaments que nous avons déjà identifiés.

Et puis, il y a un certain nombre de livres écrits par des personnages détenant un une influence particulière au sein des communautés de foi, soit à cause du statut qu’ils y détenaient eux-mêmes, soit à cause de leur relation privilégiée avec quelqu’un qui détenait un tel statut. Il s’agit dans l’ancien testament de certains rois comme David, Salomon, Lemuel. De certains scribes comme Esdras ou de personnes influentes comme Néhémie. Dans le nouveau testament, il s’agit d’apôtres comme Paul, Pierre, Jean, de personnes ayant été proches de ces apôtres comme Marc et Luc, et de deux frères de Jésus, Jacques et Jude.

Il y a aussi un livre dont l’auteur est resté anonyme jusqu’à ce jour, l’épître aux Hébreux, et un livre qui semble avoir été écrit par un groupe de rabbins convertis au christianisme, l’évangile selon Matthieu.

Ainsi, ce ne sont pas tous les livres de la Bible qui sont déclarés inspirés parce que leurs auteurs ont reçu des révélations directes de Dieu, ou bien parce qu’ils auraient été l’objet d’une intervention miraculeuse du Saint Esprit. Si cela semble le cas pour certains livres, ça ne l’est pas pour tous. Plusieurs de ces livres ont acquis une place spéciale dans la communauté des croyants parce que leurs auteurs étaient reconnus comme des gens dont l’enseignement était digne de foi, ou bien parce que leur contenu était apparu important pour guider les fidèles dans la foi.

Bon nombre d’ouvrages étaient écrits par des gens qui voulaient, d’une manière ou d’une autre, contribuer à l’édification des croyants. Certains ont fait autorité, et d’autres ont été mis de côté.

La communauté des croyants a donc joué un rôle non négligeable dans l'attribution du statut "inspiré" et dans la mise en place de ce que nous connaissons aujourd’hui comme le canon biblique. C’est elle qui a d’abord collectionné au fur et à mesure des ouvrages contenant des informations et des enseignements relatifs à la relation entre l’homme et Dieu, qui a vu dans un certain nombre d’ouvrages la marque du Saint Esprit, et les a élevés au rang d’œuvres canoniques servant de règle de pensée et de conduite aux croyants. Les écrits de Moïse et des prophètes ont fourni un socle à cette construction, et à partir de là la communauté des croyants a sélectionné les œuvres qui étaient en harmonie avec ce fondement (l'analogie de la foi) et qui semblaient nécessaires à la foi.

Pour l’ancien testament, ce processus est arrivé à son apogée au concile de Jamnia en l’an 90 de notre ère quand les rabbins ont fait le tri entre les écrits qui étaient dignes de foi par rapport à leur provenance et leur contenu, et d’autres livres qualifiés d’apocryphes et qui ont été écartés parce que leur provenance était douteuse et que leur contenu déviait de la ligne tracée par les écrits qui faisaient déjà autorité.

Ce processus s’est parachevé pour le nouveau testament vers la fin du deuxième siècle, et une liste appelée le canon de Muratori, du nom de celui qui l’a découverte, et datant de l’an 180 de notre ère, montre qu’une sélection avait été faite parmi les nombreux écrits qui circulaient parmi les chrétiens de l’époque.

Ce qu’on appelle « l’inspiration » des Ecritures est donc un phénomène complexe qui ne saurait se réduire à l'image naïve de personnes qui auraient été placés sous l'emprise surnaturelle du divin et auraient reçu miraculeusement des révélations venant d'ailleurs.

Ainsi, loin de l’image naïve d’un ensemble de livres qui auraient été pratiquement dictés par Dieu aux hommes, nous avons un processus lent où le divin et l'humain entrent en synergie.

De ce processus est né un ensemble de 66 ouvrages qui sont reconnus par tous les chrétiens comme contenant tout ce qui est nécessaire à la foi. Certaines communautés chrétiennes y rajoutent d’autres ouvrages, mais ces ouvrages ne font pas l’unanimité quant à leur fiabilité.

Cette nature spéciale des écrits bibliques, faite de divin et d’humain, devra être prise en compte dans la manière dont nous les traitons.

Parce que c’est la "Parole de Dieu", ils doivent être traités comme révélation de la vérité pour la foi, mais parce que c’est aussi la parole des hommes, ils doivent être soumis à un travail particulier d’exégèse, d’interprétation et de réactualisation.

On ne peut pas faire comme s’ils venaient de tomber du ciel.

Il faut s’assurer qu’on possède des textes fidèles aux tout premiers écrits, d’où les travaux qui sont faits par les experts sur les manuscrits anciens.

Il faut chercher à retrouver le sens originel des propos en analysant leur contexte historique, culturel, littéraire. D’où la nécessité de recherches sur les époques, les lieux et les peuples qui ont vécu au moment où ces écrits étaient produits par leurs auteurs.

D’ailleurs, le contenu des textes bibliques nous impose cet effort de compréhension.

Si l’on prend par exemple un texte comme celui de Actes 1 :15-20, cela devient immédiatement évident.

Dans ce passage de la Bible, il est question de l’apôtre Pierre qui prend la parole devant une assemblée de chrétiens à Jérusalem. Parlant de Judas, celui qui avait trahi Jésus et qui s’était suicidé, Pierre dit : « Hommes frères, il fallait que s’accomplisse ce que le Saint-Esprit, dans l’Ecriture, a annoncé d’avance, par la bouche de David, au sujet de Judas, qui a été le guide de ceux qui ont saisi Jésus. Il était compté parmi nous, et il avait part au même ministère. Cet homme, ayant acquis un champ avec le salaire du crime, est tombé, s’est rompu par le milieu du corps, et toutes ses entrailles se sont répandues. La chose a été si connue de tous les habitants de Jérusalem que ce champ a été appelé Hadelkama, c'est-à-dire ‘champ du sang’. Or il est écrit dans le livre des Psaumes : ‘Que sa demeure devienne déserte, et que personne ne l’habite’, et ‘Qu’un autre prenne sa charge »

Ce que Pierre prétend ici, c’est que les textes écrits par David dans les psaumes 69 :26, et 109 :8 lui avaient été inspirés par le Saint Esprit pour annoncer ce qui arriverait à Judas.

Or, quand nous allons dans ces deux textes écrits par David, nous découvrons des choses qui sont assez déconcertantes.

Dans Ps 69 :26, il est écrit : « Que leur demeure soit dévastée, qu’il n’y ait plus d’habitants dans leurs tentes »

Première constatation : le texte n’est pas au singulier comme s’il s’agissait d’une seule personne, mais au pluriel.

Ensuite, quand on lit tout le Psaume, on s’aperçoit que David parle ici de personnes par lesquelles il était agressé, et dont il demandait à Dieu de le débarrasser.

Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Quand on va dans Psaumes 109, on constate que le texte évoqué par Pierre comme s’appliquant à Judas, est une expression de haine que les ennemis de David formulent contre lui. L’ une des choses que souhaitent les ennemis de David, c’est « qu’un autre prenne sa charge ».

On voit mal pourquoi Pierre considère ces textes comme communiqués à David par le Saint Esprit à propos de . . . Judas.

Pour comprendre ce qui se passe dans le livre des Actes, il faut tenir compte de plusieurs données qui sont particulières à une époque, un milieu, une façon de percevoir et de dire les choses.

La scène se passe dans un contexte juif. Pierre est un chrétien d’origine juive qui s’adresse à Jérusalem à d’autres chrétiens d’origine juive. La cadre de référence de son discours s’enracine donc dans la pensée juive.

Or, pour le juif de cette époque, le contenu de toutes les Ecritures converge vers un seul et même but : la venue du Messie. Les rabbins s’efforçaient donc de trouver dans le texte sacré toutes les traces possibles, directes ou indirectes, d’allusion au Messie. En effet, selon une certaine logique, si l’ensemble du texte annonce le Messie, il est légitime de voir en rétrospection une référence au Messie dans toute partie du texte où il y a quelque chose qui se rapproche de l’histoire du Messie.

Du point de vue des juifs devenus chrétiens, Jésus est le messie dont parlait toutes les Ecritures. Dans le livre de Luc, au chapitre 24, on voit un Jésus ressuscité qui déclare à ses disciples : « O hommes sans intelligence et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffre ces choses et qu’il entre dans sa gloire ? Et commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. »

Voilà pourquoi Pierre, en se basant sur cette conception des choses, voit dans les écrits de David des prédictions inspirées par le Saint Esprit concernant la trahison de Jésus par Judas.

Cette logique d’interprétation et cette façon de concevoir l’inspiration des écrits de David par le Saint Esprit, nous sont complètement étrangères, mais ce sont celles des juifs chrétiens de cette époque, et nous devons être sensibles à ce côté très humain du texte des Actes des apôtres.

Pierre vivrait aujourd'hui et en Occident qu'il ne tiendrait pas le même langage.

En fait, on ne peut bien entendre et comprendre le message divin de la Bible qu’en prenant au sérieux son côté humain. Pour être un croyant authentique, il faut être aussi un humaniste car la Parole de Dieu s’exprime par la parole des hommes.

La Bible n'est pas un texte parachuté du ciel et possédant une valeur littérale intemporelle, mais une parole d'hommes situés dans le temps et dans l'espace, rendant témoignage au divin avec des catégories de pensée qui leur sont propres, et où la foi d'autres hommes va à la rencontre de Dieu.

Ce que les auteurs bibliques nous transmettent, ce n'est pas tant la lettre de leur propos que la foi qui est née en eux en réponse à l'intervention de Dieu dans leur expérience.

Reste ensuite à faire tout un travail de décryptage de la Révélation, et de réactualisation de la foi dans le présent et dans la culture du lecteur.

Le travail de décryptage se fait grâce à de nombreux outils tels que l’étude des sources et des manuscrits anciens, la critique historique, l’analyse des formes littéraires, l’étude rédactionnelle, l’analyse sociologique, l’analyse structurelle, l’analyse rhétorique, l’analyse narrative, l’étude des traditions, etc. . .

Ainsi, les fondamentalistes qui restent attachés à la simple lettre ancienne des écrits sacrés pour en faire la norme intemporelle de la foi pour eux mêmes comme pour les autres, se trompent lourdement. Ils érigent avec arrogance et intolérance leur ignorance en vérité universelle.

Cette lettre ancienne doit demeurer le support et le véhicule de la Parole de Dieu, mais elle ne peut être que cela. La Parole de Dieu demeure au-delà du texte et reste un objet éternel de quête, de déchiffrement et de réactualisation au cœur d’une réalité humaine en perpétuel devenir.

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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 22:45

Maintenant que mon frère Ralph se tait, il est temps que je parle. De lui et pour lui.

Il y a seulement 48 heures, deux pasteurs adventistes qui s’entretenaient du côté de l’église de Paris-Sud on fait mention de lui, l’un d’entre eux le traitant de fou avec l’approbation de l’autre, et glosant sur le fait que Ralph venait de « faire de la prison ». Evidemment. Ils avaient été tous deux été mis en cause par Ralph sur le blog qu’il vient de fermer : MOTS POUR MAUX.

S’il ne s’agissait que de bavasseries entre deux compères solidaires dans leur commune aigreur, cela serait sans importance et ne mériterait aucune attention. Le problème, c’est que ces deux là sont les représentants de tout un groupe qui a été alpagué par Ralph et qui réagit en le faisant passer pour un dérangé.

Ralph, est-il donc dérangé ? Pourquoi la violence du discours qu’il a affiché sur son blog durant des mois ? Je ne saurais me taire sur la question car c’est mon frère et c’est en partie en relation directe avec  l’affaire qui m’oppose à la Fédération adventiste de la Martinique qu’il a choisi la stratégie de dénonciation virulente qui a secoué les esprits.

Il est le dernier d’une fratrie de sept, celui qui a hérité de la plus haute stature, de la plus belle gueule, du moindre degré d’inhibition, et vraisemblablement de  l’intelligence la plus vive. C’est aussi celui qui a été le plus chouchouté de la famille et qui ressent le plus vivement ce qui affecte ses frères et sœurs. C’est, pour finir, un homme de grande culture, un fin penseur, et quelqu’un dont la très grande sensibilité naturelle est exacerbée par des valeurs spirituelles élevées.

Evidemment, comme tout le monde, il a quelques défauts qu’il assume sans complexe, parfois au désespoir amusé de la famille.

Comme nous tous, ses frères et sœurs, il a été élevé dans la foi adventiste, et il l’a prise au sérieux au point de se destiner au ministère pastoral à la suite de deux de ses ainés. Heureusement pour lui, il découvrit rapidement que ce milieu n’était pas fait pour lui, et repartit faire des études d’histoire à Strasbourg. Sur ces entrefaites il rencontra Robert Milard qui lui expliqua que son fils Daniel qui était alors professeur de philo devait s’orienter vers la théologie et que le lycée adventiste de Sainte Luce aurait besoin d’un remplaçant pour cette matière. C’est ainsi que Ralph se tourna vers la philosophie. Vers la fin de sa formation strasbourgeoise, il entra en contact avec Daniel Milard, alors prof de philo et responsable du département de l’Education de la Fédération adventiste,  pour lui indiquer qu’il serait bientôt prêt à rentrer pour occuper le poste qu’il abandonnait. Ce dernier lui répondit que le poste était déjà pourvu. Ralph, fort de l’entretien qu’il avait eu avec  le père Milard, rentra à la Martinique au terme de sa quatrième année et exigea que l’arrangement qui avait été convenu fut respecté. Daniel Milard était parti un an auparavant, et Patrick Griffith qui était proviseur de l’établissement lui confia le poste de professeur de philosophie.

C’est ainsi qu’il débuta sa carrière de prof de philo, certainement un des meilleurs comme en témoignent ses notes et ses appréciations d'inspection, très fortement apprécié de ses élèves pour sa capacité à les intéresser à cette discipline ingrate et les rendre efficaces dans la pratique de la réflexion philosophique.

C’est dans ce contexte scolaire que Ralph se lança dans l’action syndicale en vue de corriger nombre de dérives et de dysfonctionnements graves qui  étaient monnaie courante dans un établissement qui était sous la coupe d’une clique de « petits copains » affiliés au SPELC, syndicat présumé chrétien.

Cette lutte lui valut bien des déboires et des coups bas, notamment de la part de Georges Chanteur, alors proviseur de l’établissement, secondé avec zèle par Jacques Colomba et certains autres professeurs.

L’hypocrisie abjecte et la violence sournoise de tout le système, encouragée par la lâcheté ( ou le je m’en-foutisme) de la plupart des enseignants, révolta Ralph qui entra seul dans une forme de lutte dramatisée (crâne rasé, visage grimé, concerts sauvages de saxo, distribution de tracts, etc) de manière à attirer l’attention d’une masse indifférente de fidèles endoctrinés et manipulés. Ce combat l’amena à la longue à une usure physique et psychique telle qu’il  tomba en dépression. C’est cette forme de lutte, suivie de dépression, qui lui valut dans un premier temps l’étiquette de fou.

Ensuite, Ralph subit le choc de l’attaque dirigée contre ma personne par Julien Régis, Daniel Milard et leurs acolytes de l’époque. Nous avons toujours été très proches lui et moi. Il fut profondément touché par l’ignominie de la cabale déployée pour me détruire. D’autant plus que Julien Régis alla jusqu’à utiliser l’action qu’il menait à mon encontre comme arme de combat dans des dossiers contre Ralph à Sainte Luce. Cette fourberie mit le feu aux poudres et détermina Ralph à mobiliser toute l’énergie qui lui restait à combattre la voyoucratie de la Fédération adventiste et du Lycée Adventiste de Sainte Luce.  D’où la violence des dénonciations de son blog.

C’est à l’annonce de la décision de la cour de Cassation qui me donnait raison contre la Fédération adventiste de la Martinique qu’il décida de fermer son blog.

La folie de Ralph, c’est celle qu’on a attribué au Christ, c’est la même qu’on a mis au compte de Paul. C’est celle que je revendique pour moi-même. C’est la folie de tous ceux qui refusent la pseudo-sagesse des hypocrites qui peuplent les églises.

Maintenant, concernant le soi-disant séjour de Ralph en prison : Il a foutu un coup de tête en pleine face dans les rues de Paris à quelqu’un qui venait de bousculer et d'agresser sa femme, ce qui a provoqué l’intervention d’une ambulance et de la police. Il a ensuite été amené en garde à vue pour 48 heures. Et après ? Je me souviens avec clarté qu’il y a plus de 40 ans, tandis que je marchais avec Guy mon frère et sa fiancée à l’entrée de la Batelière, un voyou a fait mine d’agresser et de dérespecter Emmanuelle. Quelle ne fut ma surprise d’entendre Guy déclarer que si le bonhomme avait porté la main sur sa fiancée, il lui aurait défoncé la poitrine d’un coup de tête. J’en suis resté profondément admiratif car je pensais que l’onction pastorale de mon frère l’avait rendu moins homme et dépossédé de toute capacité de protéger les siens. Dois-je dire que si je me retrouvais dans une telle situation, j’aurais fait la même chose, sinon mieux ? Tant pis pour ceux qui n’ont pas assez de "couilles" pour protéger leur femme, leur famille, ou toute victime d’agression.

En tout cas, je veux simplement rappeler, sans acrimonie aucune, à l’un des deux pasteurs ci-dessus mentionnés que c’est Ralph le seul fou qui a protégé sa fille lorsque celle-ci en avait besoin tandis qu’elle était élève à Rama et qu’elle était prise à partie par des imbéciles. L’autre pasteur en question sait que je n’ai rien contre lui. Mais je ne laisserai personne dire n’importe quoi de quelqu’un qui mérite le respect pour avoir oser être différent afin de défendre de vraies valeurs.

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 23:38

REPUBLIQUE FRANÇAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, a rendu l'arrêt

suivant :

 

Statuant sur le pourvoi formé par M. Joël Valleray,contre l'arrêt rendu le 25 septembre 2008 par la cour d'appel de Fort-de-France (chambre sociale), dans le litige l'opposant à la Fédération des églises adventistes du 7e Jour de la Martinique, défenderesse à la cassation ;

Le demandeur invoque, à l'appui de son pourvoi, le moyen unique de cassation annexé au présent arrêt ;

Vu la communication faite au procureur général ;

LA COUR, en l'audience publique du 10 mai 2011, où étaient présents : Mme Collomp, président, M. Ludet, conseiller rapporteur, Mme Mazars, conseiller doyen, M. Foerst, avocat général, Mme Bringard, greffier de chambre ;

 

Sur le rapport de M. Ludet, conseiller, les observations de la SCP Lyon-Caen et Thiriez, avocat de M. Valleray, de la SCP Hémery et Thomas-Raquin, avocat de la Fédération des églises adventistes du 7e Jour de la Martinique, l'avis de M. Foerst, avocat général, et après en avoir délibéré conformément à la loi ;

 

Sur le moyen relevé d'office après avis donné aux parties :

 

Vu l'article L. 1221-1 du code du travail et l'article 620, alinéa 2, du code de procédure civile ;

 

Attendu que l'existence d'une relation de travail salariée ne dépend ni de la volonté exprimée par les parties, ni de la dénomination qu'elles ont donnée à leur convention, mais des conditions de fait dans lesquelles est exercée l'activité des travailleurs ; que l'engagement religieux d'une personne n'est susceptible d'exclure l'existence d'un contrat de travail que pour les activités qu'elle accomplit pour le compte et au bénéfice d'une congrégation ou d'une association cultuelle légalement établie ;

Attendu que pour dire la juridiction prud'homale incompétente, l'arrêt retient que les fonctions pastorales de M. Valleray au sein de son église étaient exclusives de tout lien de subordination, la situation juridique du fidèle qui s'est consacré au service spécifique de son église demeurant dans une sphère excluant le salariat et avec lui l'existence d'un contrat de travail, qu'aucun contrat de travail n'avait été signé entre les parties, que la fédération appelante faisait partie intégrante de l'organisation mondiale de l'Eglise adventiste du 7e jour, et qu'il importait peu que, à supposer ce fait établi, les églises locales composant la Fédération de la Martinique soient constituées en association de la loi de 1901, et non en association cultuelle ;

 

Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé le premier des textes susvisés ;

 

 

PAR CES MOTIFS :

 

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 25 septembre 2008, entre les parties, par la cour d'appel de Fort-de-France . . .

 

 

 

MOYEN ANNEXE au présent arrêt

. . . . . .

 

ALORS, D'UNE PART, QUE le lien de subordination est caractérisé par l'exécution d'un travail sous l'autorité d'un employeurqui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d'en contrôler l'exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné ; que le travail au sein d'un service organisé peut constituer un indice du lien de subordination lorsque l'employeur détermine unilatéralement les conditions d'exécution du travail ; que l'existence d'une relation de travail ne dépend ni de la volonté exprimée par les parties ni de la dénomination qu'elles ont donnée à leur convention, mais des conditions de fait, dans lesquelles est exercée l'activité des travailleurs ; qu'il résulte des constatations de l'arrêt, d'une part, que Monsieur VALLERAY était soumis aux contrôles et prescriptions de la FEDERATION DES EGLISES ADVENTISTES DU 7ème JOUR DE LA MARTINIQUE en ce qui concerne les aspects matériels de son activité, et notamment financiers, son ministère s'exerçant dans le cadre d'un service organisé ou sous le contrôle de la Fédération, d'autre part, que Monsieur VALLERAY était rémunéré en contrepartie de ses prestations pastorales, et enfin, qu'il a été licencié par la Fédération pour faute grave ; que ces circonstances traduisent l'existence d'un pouvoir pour la Fédération de donner des ordres et des directives, d'en contrôler l'exécution et de sanctionner les manquements de son subordonné, ainsi que le travail au sein d'un service organisé dont l'employeur détermine unilatéralement les conditions d'exécution du travail ; que la Cour d'appel aurait dû en déduire l'existence d'un lien de subordination ; qu'en écartant l'existence d'un contrat de travail aux motifs inopérants que Monsieur VALLERAY exerçait une activité religieuse au sein d'une association à caractère religieux, dont les statuts et lettres de créance écartaient l'application du contrat de travail et qu'en outre, l'exposant s'affranchissait de tout lien de subordination dans son comportement, la Cour d'appel, qui n'a pas déduit les conséquences légales de ses constatations de fait, a violé par fausse application les articles L.1221-1 et L.1411-1 du Code du travail ;

 

ALORS, D'AUTRE PART, QUE Monsieur VALLERAY avait soutenu, dans ses conclusions d'appel, de première part, que ses bulletins de salaire faisaient  apparaître les prélèvements de cotisations et la mention d'une rémunération fixe, de deuxième part, qu'il était soumis à des directives de son employeur qui avaient provoqué des tensions en raison du refus de la Fédération de lui accorder un congé de formation, un congé sans solde et un entretien préalable à une sanction disciplinaire, de troisième part, que, lors de la rupture, la Fédération avait délivré un certificat de travail et une attestation ASSEDIC, et enfin, qu'en conséquence de son licenciement pour faute grave et en application du règlement de la Division, il avait perdu le bénéfice de la retraite interne de la Fédération adventiste dont le montant équivalait à un salaire et à laquelle il aurait eu droit au terme de 40 ans de service ; qu'en ne répondant pas à ces conclusions, desquelles il se déduisant l'existence d'un contrat de travail, la Cour d'appel a entaché sa décision d'un défaut de motifs en méconnaissance de l'article 455 du Code de procédure civile;



ET ALORS ENFIN QUE le lien de subordination est caractérisé par l'exécution  d'un travail sous l'autorité d'un employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des directives, d'en contrôler l'exécution et de sanctionner les manquements  de son subordonné ; que le travail au sein d'un service organisé peut constituer un indice du lien de subordination lorsque l'employeur détermine unilatéralement les conditions d'exécution du travail ; qu'en ne s'expliquant aucunement sur les pièces produites aux débats par Monsieur VALLERAY qui étaient déterminantes sur la question de savoir s'il existait un contrat de travail, dès lors qu'elles révélaient, d'une part, que celui-ci avait l'obligation d'élaborer et de respecter des plans annuels de travail imposant des temps de préparation et d'études, des heures de stage, des temps de démarches, d'administration, de comité/rencontres, d'action directe et de déplacement,

 

d'autre part, que Monsieur VALLERAY devait remettre à l'employeur des  comptes-rendus mensuels d'activité, qu'en outre, il ne pouvait s'absenter pour une formation sans autorisation de l'employeur, et qu'enfin, en cas de  manquements à ses obligations, il était ou pouvait être sanctionné, en application des règles prévues par le Code du travail, la Cour d'appel a privé  sa décision de base légale au regard des articles L. 1221-1 et L. 1411-1 du  Code du travail.

 

 

 

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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 11:43

Le 10 mai 2011 fera date dans les annales du droit français. En effet, jusque là il était considéré qu’un pasteur en service dans les églises ne pouvait être considéré comme un salarié ayant droit à la protection du droit social et par conséquent à l’arbitrage prudhommal en cas de litige avec l’institution religieuse qui l’employait. C’est ainsi que le pasteur M. Garcia, après avoir obtenu gain de cause devant les prud’hommes et en cour d’appel, s’était vu finalement débouté par la Cour de Cassation en avril 1997 alors qu’il tentait d’obtenir réparation pour avoir été abusivement licencié par la Fédération adventiste du sud de la France.

 

Désormais il est établi que, indépendamment du statut pastoral et de la dénomination religieuse de l’employeur, ce sont les  conditions de fait dans lesquelles est exercée l’activité pastorale qui déterminent l’existence du lien de subordination et d’un contrat de travail ouvrant droit à la compétence prudhommale pour juger.

Cette décision de la Cour de Cassation constitue pour moi une victoire morale. C’est aussi une avancée significative pour tous les clercs qui sont victimes du jeu pervers des institutions religieuses qui consiste à user et abuser massivement du pouvoir hiérarchique dans les transactions internes avec leurs subordonnés, puis à nier le lien de subordination pour échapper à l’arbitrage prudhommal quand elles sont appelées à rendre des comptes devant la justice.

(Pour les détails de cette affaire, lire les articles suivants: "Jeux de saints, jeux de vilains", "10 ans de lutte", "10 ans de lutte: où en est l'affaire?", "L'enjeu social d'un contentieux individuel"

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 09:58

Le pasteur Guy ROGER, pasteur adventiste actuellement en poste en Afriquedans la région du Sahel a été le président de l'Union des Antilles et de la Guyane Française.

Dans un article intitulé SOUCI DE VERITE, publié sur son blog « Le tamarin vert » le 7 mars, il fait un certain nombre de révélations. J’en livre ici quelques extraits dans la mesure où ils corroborent ce que j’affirme concernant la dérive sectaire de l’église adventiste, notamment aux Antilles.

« Ma probité personnelle ne me permet pas de passer sous silence des dérives qui nuisent à la progression de l’œuvre de Dieu. . .

. . .ces individus, que j'ai longtemps appelés respectueusement, "frères" et "soeurs", avec la conviction que ces appellations n'étaient pas usurpées.

Je ne m'attends pas non plus à voir ces "collègues" et autres accolytes se repentir, ni même reconnaître une quelconque vérité dans tes propos et les miens. Je doute de la sensibilité de leur conscience, tant je les ai vu pratiquer, "la diplomatie", déguisée en "tact", la ruse, déguisée en "sagesse", le mensonge, déguisé en "précaution", l'indifférence, déguisée en prudence, et finalement la solidarité malfaisante, déguisée en loyauté administrative. J'ai eu l'occasion de voir la manipulation commuée en prévoyance et les résultats sont là!

. . . le directeur fédéral du groupe intégriste de la prière, plus connu sous le nom de "Guerriers de la prière"

. . . les plats réchauffés ou à demi cuits" que leur imposaient les "prêcheurs" du samedi.

. . . , j'ai pu découvrir, les vrais visages des forces occultes qui manipulent ces suppôts désabusés. Il est triste de constater avec quel audace, certains continuent de se croire des "oints" ou des "élus" de Dieu, alors que leurs pratiques n'échappent, ni à leur famille, ni à leur entourage, ni à leurs églises, ni à leur conscience, mais leur ténacité à s'accrocher à un pouvoir éphémère, et aux avantages matériels bien limités qu'il leur apporte, fait d'eux de véritables prédateurs.

. . . , les mauvais traitements infligés à ma fille Vanessa, à travers leurs enfants, qu'ils n'ont jamais corrigés.

. . . les calomnies et les rumeurs de toutes sortes qu'ils ont diffusées, même à travers leur comité de fédération.. .. . . les votes iniques qu'ils ont pris pour masquer leur méchanceté.

. . . Lorsque les hostilités ont été lancées contre Joël, c'était un plan à mes yeux bien monté. J'ai donc cessé de participer aux comités de la Fédération, après avoir été agressé verbalement par le directeur JA (jeunesse adventiste) de l'époque, actuellement le directeur des communications de l'UAGF. Ayant estimé que je n'étais pas en sécurité pour m'exprimer librement dans ce comité, entièrement dévoué à une cause très partiale et inutilement agressive, je me suis retiré, pour rester un recours plutôt objectif.

. . . Pour avoir essayé de pacifier les relations entre l'ouvrier Valleray et ses dirigeants, j'étais devenu une "cible de guerre", et pour justifier toutes les attaques, contre lui et contre l'Union, en ma personne, il était suffisant de nous déclarer "amis et complices". Quelle tristesse, de voir des soi-disant "pasteur" se livrer à une "intifada", sur fond de camp meeting, guerre de prière, et ministère de délivrance!

. . . je sais aussi désormais, que certaines communauté locales ou localisées, peuvent être de vraies sectes.

. . . Quand je sais à quel point les dirigeants français et antillais ont la hantise d'être épinglé comme sectaires, je m'étonne de la légèreté et de l'insouciance qui découlent de leur comportement "saintement" dévoyé.

Cette gouvernance sournoise et "diplomatique", ce tact "mesuré", ces allusions voilant à peine leur ambition, est le justificatif de toutes les dérives que j'ai relevées et que j'ai pratiquées de bonne foi pensant faire justice à un système que je croyais inspiré.

. . .  j'ai effectivement été collègue, et même passivement complice, car je croyais en l'honnêteté profonde et sincère de ceux qui comme moi pouvaient se tromper et le reconnaître. Mes yeux ont commencé à s'ouvrir, quand j'ai finalement compris que, comme l'église catholique et son magistère, l'église adventiste aux Antilles était vécue par tous ou presque comme infaillible et que ses décisions, même les plus iniques étaient irréversibles, quand j'ai observé que ses dirigeants à travers les années pratiquaient eux aussi l'infaillibilté, n'ayant ni la force, ni le courage, ni même la volonté de dire "pardon", ou "on s'est trompé", j'ai réalisé que j'étais devenu un "in-secte" *, parmi les miens! »

Le pasteur Guy Roger finira peut-être par s'apercevoir que tout ce qu'il dénonce concernant la dérive sectaire caractérisée de l'église adventiste à la Martinique n'est que l'expression sans fard du même ferment qui travaille tout le corps.

* Allusion à mon ouvrage STRIDENCE D'UN INSECTE PARMI LES SAINTS.

 

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 21:56

Ce blog privilégie l’échange et la confrontation des idées. Toute attaque personnelle à l'égard des usagers du blog sera censurée. Sentez-vous libre d’y faire vos commentaires en respectant cette ligne éditoriale.

Merci.

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6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 21:38

Comme je l’ai déjà dit, je suis né au sein de l’église adventiste, et j’ai milité en son sein durant trente-trois ans. Mon cheminement dans la réflexion et l’expérience m’a amené à m’interroger sur la vraie nature de cette église que j’ai héritée de ma mère.

Mon malaise n’a pas arrêté de s’intensifier au fur et à mesure de mon analyse théologique, et a atteint son apogée à la faveur d’une expérience où il m’a semblé que j’assistais à l’activation d’un certain nombre de réflexes sectaires.  Dans un premier temps, il m’a été difficile d’admettre que cette église qui avait tant compté dans ma vie pouvait avoir quoique ce soit de sectaire car mes dispositions d’esprit ne m’inclinent nullement à m’accommoder de ce type d’appartenance.

Il a donc fallu que je fasse le difficile exercice de considérer ce qu’était une secte et de jeter un regard aussi objectif que possible sur le fonctionnement de l’église adventiste.

J’ai déjà produit dans mes précédents articles un certain nombre de réflexions et d’observations sur lesquelles je ne reviendrai pas. Je m’applique plutôt ici à donner une réponse aussi claire que possible à la question de savoir si l’église adventiste est une secte ou pas.

Dans l’esprit d’une vaste majorité de gens, le mot secte évoque un stéréotype : un gourou délirant, des adeptes vivant sous l’emprise totale du gourou dans une situation d’enfermement et de secret, et des pratiques bizarres présentant un caractère manifestement nuisible pour les adeptes.

Ce stéréotype a nourri l’imagerie populaire à partir des cas surmédiatisés  tels que Jim Jones et le Peuple du Temple, David Koresh et les Davidiens,  Gilbert Bourdin et le Mandarom, le duo Luc Jouret/Jo DiManbro et le  Temple Solaire,Shoko Asahara et l’Aum Shinri-ky, ou encore Joseph Kibwetere et le Mouvement pour la restauration des dix commandements en Ouganda.

 Evidemment, on ne saurait assimiler l’église adventiste à de tels mouvements, et cette différence m’avait toujours rassuré sur sa nature.

Le problème, c’est qu’une telle caricature est trompeuse car elle masque la réalité  protéiforme du phénomène sectaire et empêche de le reconnaitre dans ses diverses manifestations.

Anne FOURNIER et Michel MONROY, respectivement expert auprès de la Mission interministérielle contre les sectes et psychiatre, ont coécrit un remarquable ouvrage (LA DERIVE SECTAIRE), dont le contenu est particulièrement utile pour l’identification des groupes à caractère sectaire. C’est d’ailleurs, à mon sens, le meilleur ouvrage sur la question des sectes et j’en recommande vivement la lecture.

Cet ouvrage est d’autant plus intéressant qu’au lieu de proposer une étiquette de secte, il identifie les facteurs qui créent la dynamique ou la dérive sectaire, permettant ainsi d’identifier les groupes qui, sans offrir le profil type des sectes réputées dangereuses, n’ont pas moins un fonctionnement à caractère sectaire.

Ces deux auteurs montrent que ce serait une erreur d’avoir une vision univoque des groupes sectaires, une seule typologie ne suffisant pas à définir une secte.

Ils mettent en garde contre un certain nombre d’idées préconçues qui peuvent empêcher une identification correcte des groupes sectaires et une réaction appropriée par rapport à ce phénomène :

·         Considérer les adeptes soit comme des gens qui se font naïvement et passivement embrigader, soit comme des sujets totalement conscients de leur démarche.

·         Croire que les groupes sectaires n’ont que des effets négatifs sur leurs adeptes.

·         Croire que les risques encourus sont toujours les mêmes dans tous les groupes sectaires.

·         Ne voir le phénomène sectaire que sous l’angle de la dérive maffieuse.

·         Diaboliser systématiquement le phénomène sectaire.

·         Banaliser le phénomène sectaire.

·         Penser que le phénomène sectaire ne concerne que les pouvoirs publics et les associations de lutte.

·         Croire qu’on est personnellement immunisé contre toute implication dans une dérive sectaire.

Ils définissent pour leur part la dérive sectaire comme « la construction d’une allégeance inconditionnelle au sein d’un isolat culturel autoréférent, à caractère expansif dans différents domaines de la vie individuelle et sociale. »

Cette définition aux résonnances techniques et savantes est particulièrement intéressante car elle est suffisamment large pour ne pas risquer d’exclure des groupes sectaires qu’on pourrait ne pas percevoir d’emblée comme tels, et suffisamment précise pour qu’on ne risque pas de poser l’étiquette de secte sur des groupes qui n’en sont pas. Elle décrit un schéma selon lequel les facultés critiques de l’individu tendent à s’abolir dans le cadre d’un groupe fermé sur lui-même et animé par une idéologie exerçant une emprise totalitaire sur la vie de ses membres.  Ce schéma ne n’applique pas seulement aux groupes religieux car ce ne sont pas les seuls à fonctionner sur le mode sectaire.

Déjà, à travers cette définition, on retrouve le fonctionnement essentiel de l’église adventiste : tout bon adventiste se veut indéfectiblement loyal à l’égard du mouvement, indépendamment de ses dérives, puisque « l’église  a été établie par Dieu et appartient à Dieu qui saura la réformer si nécessaire », et le mouvement constitue un milieu fermé, une véritable sous-culture au sein de la culture ambiante  à partir du principe qu’il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes,  avec une idéologie religieuse qui norme tous les comportements dans toutes les sphères de la vie individuelle.

Les effets regrettables qui découlent de la dérive sectaire, tels qu’ils sont identifiés par FOURNIER et MONROY,  sont notamment : le renoncement à la critique, les dangers pour la santé, les perturbations dans l’éducation des enfants, voire de manière exceptionnelle les suicides collectifs. Mais ce sont là des effets observés surtout dans les sectes qui se rapprochent du stéréotype mentionné plus haut, ce que Jean-Marie ABGRALL appelle les sectes contraignantes dans son ouvrage LA MECANIQUE DES SECTES. En réalité, les dangers de la dérive sectaire sont plus nombreux, et plus insidieux que cela. Pour ne citer que quelques exemples, qu’en est-il de l’apparition ou de l’intensification des névroses ? Des effets dommageables sur la vie familiale, privée ou intime ? De la primauté des intérêts de l’institution ou du groupe sur les droits de la personne ? De l’appauvrissement de la vie sociale, culturelle et intellectuelle ? Du rejet  de toute responsabilité politique ? Du désaveu de l’action syndicale ? De la lourde tendance à traiter en interne ce qui relève de la justice civile, même au détriment des victimes ? De la vulnérabilité par rapport à des influences pernicieuses parfois véhiculées par des dirigeants? Des pertes financières ? D’un surinvestissement dans des formes de pensée magique qui emprisonnent les gens dans des chimères et les empêchent de mobiliser leurs potentialités dans la construction responsable d‘une vie équilibrée ?

En fait le phénomène sectaire, dans sa forme nuisible, se définit par la conjonction de certaines caractéristiques en nombre suffisant et à un degré suffisant pour que l’individu se retrouve dans une situation d’imprégnation, d’enfermement et de dépendance qui engendre un danger potentiel ou actuel, que la personne en soit consciente ou pas.

Il s’agit donc d’identifier ces différentes caractéristiques et leur potentiel de nuisance. Ensuite, il appartiendra à chacun de vérifier dans quelle mesure le groupe qu’il fréquente réunit suffisamment de ces facteurs à un degré qui soit préjudiciable. C’est à une telle analyse que je me suis livré concernant la communauté adventiste. Je livre ici le résultat de cette analyse.

FOURNIER et MONROY identifient onze des caractéristiques qu’on retrouve le plus communément dans le groupe sectaire.

Première caractéristique :  « Une idéologie alternative radicale, exclusive et intolérante ».

Les croyances adventistes offrent une idéologie qui va dans une large mesure dans ce sens. En effet, s’il est vrai que c’est une idéologie qui est partagée par bon nombre de groupes protestants fondamentalistes, elle ne se pose pas moins en alternative radicale par rapport à la perspective de la communauté chrétienne majoritaire composée des catholiques et des  protestants. C’est l’idéologie millénariste de la « Tragédie des siècles » qui conçoit l’expérience humaine sous l’horizon manichéen d’un affrontement entre le Christ et Satan, et tient les croyants dans la tension permanente de l’attente d’un retour imminent du Christ dans le monde.

Cette conception particulière diffère singulièrement de la conception chrétienne plus générale qui, quoique professant  la croyance en un « Christ qui viendra un jour juger les vivants et les morts » ne focalise pas avec une telle intensité sur une eschatologie cataclysmique imminente. D’autant plus que l’église adventiste conçoit la fin du monde en conjonction avec un mouvement de persécution où catholiques et protestants se liguent ensemble contre elle à cause de la question de l’observation du 7ème jour de la semaine comme jour de repos. Quoique professant une certaine parenté avec les chrétiens en général, et le protestantisme en particulier, l’église adventiste prône une idéologie qui implique en fait une rupture radicale avec ces groupes plus larges, voire une méfiance atavique et obsessionnelle vis-à-vis d’eux.

C’est de plus une idéologie exclusive et intolérante dans la mesure où l’église adventiste, dans sa doctrine de « l’église du reste » se proclame la seule véritable église, la seule qui « garde les commandements de Dieu et la foi de Jésus »,  suscitée spécialement par Dieu dans des temps de la fin comme championne de la cause du vrai Dieu. Elle ne se voit pas comme un simple choix ecclésial et doctrinal possible dans la grande  fraternité des églises chrétiennes, mais comme « la colonne et l’appui de la vérité » au sein d’un christianisme apostat, toutes les autres églises confondues. D’ailleurs, pour la plupart de ses membres, critiquer l’église adventiste, c’est attaquer Dieu, et quitter l’église adventiste, c’est se disqualifier du salut éternel.

Elle se donne donc pour mission de convertir autant de personnes que possible à la foi adventiste, avec le mot d’ordre : « Le message adventiste au monde entier en cette génération ». Elle a la vérité et les autres sont dans l’erreur. D’où son prosélytisme hyperactif.

Deuxième caractéristique : « Sa structure autoritaire et autocratique, sous la forme d’un gourou vivant ou d’une organisation bureaucratique héritière du message ».

Evidemment, dans l’église adventiste, il n’y a pas de gourou, mais un encadrement essentiellement composé d’une administration périodiquement élue par les représentants des églises locales, et d’un corps pastoral employé à temps plein et bénévolement aidé par un encadrement local périodiquement élu au sein des membres de la communauté.

En principe, il n’y a donc pas de structure autoritaire, et les modalités apparemment démocratiques de mise en place de l’encadrement devraient garantir contre les dérives autoritaires. Cependant, la réalité la plus courante, c’est que les administrateurs (presque tous des pasteurs), et les pasteurs des églises locales sont perçus par les fidèles comme possédant un statut qui les place ontologiquement au dessus du simple croyant et leur confère une autorité particulière. Ces dirigeants religieux partagent avec les gourous cette conscience exaltée d’eux-mêmes qui légitime et magnifie leur statut par ce qu’ils qualifient d’appel au ministère émanant de Dieu lui-même. En effet, être pasteur, c’est être « appelé par Dieu lui-même », être « oint de l’Eternel ».

Le MEMENTO DU PASTEUR, comparant le pasteur adventiste au grand-prêtre de l’ancien testament et à l’apôtre du nouveau testament, déclare dans ses toutes premières pages que « Le vrai ministre de Dieu ne s’est pas appelé lui-même. . . l’initiative ne vient pas de l’individu mais de Dieu. » Dans le même ordre d’idées, le même MEMENTO présente le pasteur comme quelqu’un qui est doué de « facultés supérieures ».

Ceci donne à entendre que tout pasteur serait quelqu’un de supérieur au croyant ordinaire, et qu’il aurait fait l’objet d’un appel direct et personnel de Dieu, un mandat d’origine surnaturelle l’investissant d’une légitimité et d’une autorité hors norme. La plupart des pasteurs et des fidèles sont convaincus de cela, ce qui est d’un poids déterminant dans leurs relations.

En tant qu’appelés de Dieu, « oints de l’Eternel », interprètes attitrés des Ecritures et porte-parole des doctrines officielles de la communauté, les pasteurs ont une parole qui fait autorité pour les fidèles. De plus, la religion adventiste étant de type totalitaire dans le sens où elle investit tous les domaines de la vie des croyants, la parole du pasteur retentit dans tous les compartiments de la vie, collective comme privée. Ceci est particulièrement vrai dans les communautés où le savoir relativement limité des fidèles donne une plus grande emprise à la parole et à l’influence des pasteurs. Cette parole est d’autant plus importante, qu’à la différence du catholicisme où c’est principalement la qualité de baptisé qui sauve, ou des grands courants protestants où c’est la foi en Christ qui sauve, chez les adventistes, c’est l’obéissance à la Parole qui sauve. Et cette Parole, c’est celle qui est proclamée par les pasteurs du haut des chaires sans qu’il y ait d’espace de questionnement de cette proclamation.

Même si la parole des pasteurs fait moins autorité aujourd’hui à cause de l’élévation du niveau de connaissance des membres, elle garde encore une forte influence et continue à formater profondément les esprits.

Quant aux anciens d’églises, ces laïcs dont la fonction est de seconder les pasteurs dans les églises, la plupart d’entre entrent dans le même schéma de fonctionnement que les pasteurs. Eux aussi aiment bien se gargariser du pouvoir qu’ils ont sur les membres de la communauté et entretiennent avec les pasteurs une sorte de complicité tacite. Ces derniers leur donnent du pouvoir sur les membres de la communauté, et eux à leur tour, renforcent le pouvoir du pasteur sur l’église.

Troisième caractéristique : « Il revendique une référence exclusive à sa propre interprétation du monde, qu’elle s’applique aux croyances, aux données scientifiques, à l’éthique, aux comportements quotidiens, aux rapports interpersonnels, aux moyens de  faire triompher la cause du groupe. »

Point n’est besoin d’épiloguer sur ce point. Tout adventiste capable de comprendre cette déclaration, sait que c’est exactement ainsi que fonctionne sa communauté. L’adventiste moyen n’a d’autre référence dans tous les domaines de la pensée et du comportement que ses propres croyances. Il expliquera donc toutes les manifestations de la vie sur terre à la lumière du texte littéral de la Genèse et rejettera en bloc toute explication scientifique qui en diffère.  Il apprendra à ses enfants à faire de même, quitte à ce que ceux-ci échouent à des examens ou s’éloigne de toute option professionnelle scientifique qui contredit ses croyances. Le rapport entre l’homme et la femme sera déterminé par la vision patriarcale des textes bibliques donnant la préséance à l’homme sur la femme, quitte à maintenir les femmes dans un statut de subordination à l’homme. Le rapport entre l’adventiste et le non-adventiste sera compris à la lumière des déclarations bibliques sur le principe de séparation entre Israël et les peuples païens. Le rapport et le recours au système judiciaire sera conçu en fonction de textes datant de deux millénaires, privant les victimes d’une juste défense de leurs droits. L’alimentation sera définie sur la base de la distinction entre pur et impur, telle que définie dans l’ancien testament, quelques soient les circonstances. Le soutien financier permettant le développement de la communauté et la réalisation de sa mission, est assuré grâce à la contribution des fidèles s’élevant à plus de dix pour cent de leurs revenus, quelques soient les difficultés financières des individus, parce que le système d’interprétation des textes bibliques par la communauté adventiste le veut ainsi.  Bref, tout, absolument tout, sera ramené aux seules croyances du groupe, tout le reste étant considéré sous emprise satanique et entaché d’erreur.

Quatrième caractéristique : « il préconise ou impose des ruptures de tous ordres : références antérieures, orientations personnelles, relations, convictions, libre critique, choix affectifs, les relations avec le monde extérieur devenant marquées par le rejet, la suspicion, voire la diabolisation. »

Là encore, on retrouve un fonctionnement typique de la communauté adventiste. Sans imposer ces ruptures de façon abrupte, l’idéologie adventiste y conduit en toute bonne logique. Se « séparer du monde » pour « devenir une nouvelle créature », ne pas « mélanger la lumière avec les ténèbres », sont des injonctions bibliques interprétées dans le sens de la rupture avec toutes les habitudes, les relations, les possessions, les activités, qui ne cadrent pas avec les valeurs très particulières élaborées par le groupe. Le problème, c’est que ces ruptures sont enseignées ou encouragées, même par rapport à des liens ou des pratiques qui peuvent être parfaitement légitimes d’un point de vue strictement chrétien dans des domaines tels que la musique, les loisirs, l’habillement et la parure, la culture, l’alimentation, etc. . Il ne faut plus aller au cinéma ou danser avec ses amis. Il ne faut plus porter aucun bijou. Il ne faut pas que les femmes portent le pantalon ou qu’elles se servent de cosmétiques. Il ne faut pas écouter les musiques réputées « mondaines » telles que le jazz, le reggae, le calypso, l’opéra ou le rock. Il ne faut pas jouer du tambour. Il ne faut fréquenter des « mondains » que pour les évangéliser. Il ne faut plus fréquenter les fêtes de quartier. Il ne faut plus se permettre des coiffures qui font « mondain ». Et la liste des ruptures s’allonge ainsi à l’infini.

Cinquième caractéristique :  « Il met en œuvre une transformation des personnes selon un type de modelage standardisant excluant l’autonomie. »

L’adventisme fait généralement un lien étroit entre la sanctification de l’individu et des normes assez précises de comportement qui s’imposent à tous indistinctement comme idéal de vie Ceci produit de fait une véritable standardisation des individus.  Ceci se vérifiait dans la pratique adventiste au point où on pouvait à une époque pas très lointaine repérer un adventiste dans la foule sans grand risque de se tromper. Il y avait quelque chose dans les apparences, les attitudes, le langage, qui était comme une marque commune à tous les membres de la communauté. Cette tendance, très lourde et visible auparavant, s’est atténuée, mais reste encore une tendance de fonds qui crée une forte tension entre le conservatisme stéréotypant et le besoin de libertés individuelles qui est puissamment alimenté par l’air du temps.

Sixième caractéristique : « Il récupère à son profit des forces vives, l’initiative, la créativité, l’énergie des adeptes, réalisant ainsi une instrumentalisation des individus au seul service du groupe et de ses chefs. »

Il existe chez les adventistes un concept qui porte le nom de « gestion chrétienne » ou « économat » qui prône exactement ce principe, à la différence que cette « consécration de toute la personne, de ses facultés et de ses biens » ne sert pas les intérêts particuliers des dirigeants, mais du groupe, car mettre tous ses talents au service de Dieu, se traduit concrètement par une entière dévotion à la cause du groupe.  C’est ainsi que les membres donnent beaucoup de leur temps pour le service de l’église, de leur argent pour la cause, de leurs forces pour du travail gratuit, etc. Les églises adventistes sont des ruches bourdonnant d’activité où les abeilles ouvrières s’activent constamment sous des formes multiples et variées « au service de Dieu », chacun ayant son « ministère ».

La croyance en l’imminence de la fin du monde engendre un désinvestissement sur le plan personnel et social et un surinvestissement dans les besoins de la cause.

Dans beaucoup de familles adventistes, les gens se reprochent mutuellement de mettre davantage de temps et d’énergie au service du temple qu’au service de leurs proches.

Septième caractéristique : « Il multiplie promesses et assurances de tout genre : développement personnel, salut élitiste, toute-puissance sur soi-même, santé, pouvoir collectif, promotion interne. »

Le slogan « Christ est la solution » couramment utilisé dans la communauté adventiste comme dans toutes les communautés protestantes fondamentalistes, résume cette approche de la religion comme participation à la toute-puissance de Dieu. La prière est considérée comme l’arme absolue pour traiter tous les problèmes, qu’ils soient médicaux, familiaux, financiers, psychologiques, relationnels, ou autre. La foi devient puissance magique. On voit naitre des mouvements fanatiques et illuminés comme les Guerriers de la Prière qui exacerbent l’illusion de la toute-puissance de la prière.

Par ailleurs, il existe bien un système de promotion interne qui va des formes de participation les plus insignifiantes (comme faire une prière en chaire) jusqu’à la participation à la direction des églises locales  et à l’administration des régions plus ou moins étendues (comité de Fédération ou d’Union). Sur la base de son expérience, de son engagement, de sa loyauté, et de ses capacités, le membre se verra confier par sa communauté des « postes » et des responsabilités de plus en plus élevés. Ceci constitue l’un des plus puissants facteurs de fidélisation pour des personnes de condition socioprofessionnelle modeste.

Huitième caractéristique : « il masque les coûts réels, les contraintes, les risques, l’emprise progressive, les transformations dans le sens de la dépendance. »

Il n’y a au sein de la communauté adventiste aucune volonté individuelle de masquer le processus qui aboutit à la dépendance, car il n’y a pas de gourou ni de « conspiration des dirigeants ».   C’est l’ensemble des membres de la communauté qui, à cause de leur idéologie particulière, créent les conditions de ce processus. C’est le facteur religieux, le fait d’agir « pour la cause de Dieu » qui masque la véritable nature du processus avec ses mécanismes et ses résultats. C’est le « cerveau collectif », mû par une idéologie commune, qui gère ce processus, ce qui le rend d’autant plus imperceptible et efficace. Deux ou trois exemples entre mille :

Lorsque les membres de la communauté descendent dans les rues chaque année durant des semaines pour procéder à la collecte annuelle, ils violent la loi en procédant à des quêtes publiques pour lesquelles ils n’ont pas d’autorisation préfectorale, en présentant des « cartes de quêteurs » qui ne leur sont délivrées que par les églises, et en utilisant une partie des fonds récoltés à des fins internes au fonctionnement de la communauté. Ces personnes se retrouvent sans le savoir sous le coup de la loi. Mais personne n’a organisé consciemment cette violation de la loi. C’est le zèle collectif qui, à la faveur de la négligence des pouvoirs publics, a mis en place la violation.

Lorsque dans une église, on « récupère » l’alimentation en électricité à partir du réseau public grâce à un câblage sauvage qui fait fi de toute norme de sécurité et qu’un diacre meurt électrocuté pendant un nettoyage des locaux de l’église, il n’y a eu nulle part une volonté expresse de transgresser. Les choses se font toutes seules dans l’intention de « servir Dieu ».

Lorsqu’un diacre fait venir des jeunes au temple pour un grand et joyeux nettoyage, puis qu’il récompense ces jeunes en les emmenant prendre un bain de rivière par temps pluvieux, et que l’un d’eux se noie à la faveur d’une crue soudaine des eaux, il n’y a pas de calcul derrière toute cette mise en danger de la vie d’autrui, mais la simple volonté de servir l’église.

Tout le monde est totalement dévoué à la cause, et c’est à faveur de cette dévotion que les risques sont subis, et que la dépendance s’organise.

Neuvième caractéristique : « Il exploite les inquiétudes et les peurs, développe la culpabilité, la crainte du rejet, la hantise de la déloyauté, la surveillance réciproque. »

Peur de la mort, peur de l’enfer, peur d’être sanctionné, peur d’être pointé du doigt, et regard omniprésent des membres de la communauté, tels sont les facteurs essentiels de la mise au pas morale et comportementale des membres de la communauté. Cela porte le nom de « foi toxique ». Les prédicateurs les plus clairvoyants le savent et tentent de lutter contre le phénomène. Ces prédicateurs portent des noms comme Morris Ven Den ou Georges Knight. Ils tentent parfois de créer un courant de pensée assez fort pour lutter contre le phénomène, comme ce fut le cas avec la revue anglophone d’inspiration australienne : Evangelica. Mais ce ne sont que des cas isolés et sporadiques. Le courant permanent, c’est celui d’un légalisme culpabilisant avec tout le système de normes, de surveillance réciproque, d’intrusions dans la vie privée, et de sanctions qu’il génère.

Dixième caractéristique : « Il rend problématique à divers égards la perspective de quitter le groupe, devenu une prothèse relationnelle entourée d’alternatives menaçantes ou vides. »

En principe, on entre et sort librement de la communauté adventiste, et cela se fait sans grandes difficultés si le passage au sein du groupe n’est que de brève durée. Les choses se compliquent avec le temps. Le formatage religieux, l’implication dans un réseau idéologique, relationnel, et affectif, crée une situation qui rend la sortie  problématique.

Quitter le groupe n’est pas simplement considéré comme un choix libre et sans conséquence. C’est une déchirure culpabilisante. Du point de vue du groupe, c’est un abandon, une apostasie dont les conséquences sont supposées affecter le salut de l’âme. Ne plus être adventiste, c’est être voué à la perdition puisque c’est la seule véritable église qui regroupe en son sein ceux qui sont appelés à être sauvés.

Celui qui s’éloigne du groupe durant un certain temps est considéré comme un « membre refroidi » qui fait l’objet des tentatives de récupération de la communauté. Et celui qui quitte formellement le groupe est considéré comme ayant « abandonné la foi », même s’il reste un authentique croyant qui a simplement évolué dans ses croyances.

Plus le temps passé au sein de la communauté aura été long, plus celle-ci aura pris de place dans tous les compartiments de la vie de l’individu, et plus douloureuse sera la séparation par rapport au poids de culpabilité qui s’y attache et au vide qui s’en suit. Les souffrances psychiques peuvent être du même ordre que celles d’un drogué en sevrage, surtout si l’individu qui quitte le groupe n’a pas la claire conscience de faire cette démarche pour des raisons qu’il estime légitimes.

Les rencontres subséquentes avec les anciens coreligionnaires sont souvent culpabilisantes à cause de déclarations « compatissantes » du genre « Nous prions pour toi », « Nous espérons que tu reviendras avant qu’il soit trop tard », etc.

Onzième caractéristique : « Il comporte des dangers variables, selon les groupes, pour le libre arbitre, l’autonomie, la santé, l’éducation, et dans certains cas les libertés démocratiques ou la sauvegarde personnelle. »

Ces dangers, existent-ils dans l’église adventiste ? On ne peut vraiment s’en rendre compte que lorsqu’on tente d’aller à contre courant de la dynamique sectaire. Aussi longtemps qu’on s’y conforme, il est impossible de l’identifier. Le poisson dans son bocal n’a pas conscience d’être dans l’eau. C’est s’il se retrouve hors du bocal qu’il prend conscience de l’eau à cause du manque. De même, les adventistes subissent les atteintes à la personne sans s’en rendre compte parce qu’ils y sont accoutumés et que le formatage dont ils font l’objet légitime ces atteintes. C’est comme les gens qui vivent dans des zones insalubres et malodorantes, mais qui ne s’en rendent absolument pas compte parce qu’elle y vivent depuis toujours. Ou comme les prisonniers de la caverne de Platon qui sont persuadés que leur monde est normal et que c’est le seul possible.

La liberté de pensée est fort limitée dans la communauté adventiste. L’esprit critique y est fortement découragé ou réprimé. Les atteintes à la vie privée et à la dignité de la personne y sont courantes dans le cadre de l’exercice de la discipline. Le droit du travail y est bafoué dans le cas de travailleurs non déclarés ou privés de cotisations sociales. Des employés y sont malmenés alors même qu’on les décourage d’avoir recours à l’arbitrage prudhommal.  Les gens subissent une ponction financière importante au nom du principe de la dîme. Les croyances particulières sur le droit des gens à divorcer et se remarier créent des situations de profonde souffrance. Le recours naïf à la prière détourne les gens des praticiens tels que les médecins, les psychologues ou les conseillers familiaux, avec toutes les conséquences désastreuses que cela comporte. Des talents sont avortés et des carrières empêchées à cause des vues particulières sur le rapport de l’église au monde. Et la liste s’allonge à mesure de l’observation.

Ces dangers sont masqués par les bénéfices tirés de l’adhésion au groupe : moralité plus vertueuse, abandon de vices sociaux tels que l’alcool, le tabac et les stupéfiants, apaisement des angoisses existentielles, protection des jeunes de la délinquance, nouvelles habitudes plus propices à la santé et à la longévité, etc. Mais derrière cette vitrine qui est mise en avant dans la propagande du groupe, il y a une part de réalité moins bénéfique.

Si on se demande comment il est possible que les membres de la communauté puissent se laisser enfermer dans de ce qui apparait comme une vraie dérive sectaire, la réponse, c’est le syndrome du homard. Il peut être cuit vivant, mais à condition qu’on le mette d’abord dans l’eau tiède et qu’on augmente au fur et à mesure la température. Si on le plongeait brutalement dans l’eau chaude, il réagirait en sautant hors de l’eau.

Ce syndrome du homard illustre le processus de l’embrigadement décrit par FOURNIER et MONROY.

Il commence par une phase de séduction. C’est celle qui est consciemment mise en œuvre dans les campagnes d’évangélisation menées par l’église adventiste : mouvement de masse dans des happenings sensationnels, décor, musique, accueil chaleureux et élégant, témoignages, réconfort, prédicateurs dynamiques et persuasifs, et pardessus-tout un message qui semble porter réponse à tous les facteurs inquiétants ou déstabilisants d’un monde déroutant dans sa complexité et son agressivité.  L’adhésion à ce message est sollicité par des appels successifs allant du moins engageant (simple prière pour vos besoins)  au plus engageant (le baptême), et donne lieu à un engagement public qui marque la réussite de l’embrigadement.

Ensuite, vient la phase de transformation de la personnalité qui aboutit à la dépendance sectaire.

Cette phase comporte une première étape de déstabilisation au cours de laquelle tous les repères habituels du nouveau converti sont remis en question. Elle s’accompagne de mesures de « consolidation » pour éviter que cette déstabilisation ne se solde par l’abandon précoce du nouveau converti.

Puis la personnalité est progressivement reconstruite au gré d’un apprentissage doctrinal et comportemental.

Dans le même temps, se mettent en place des mécanismes de désappartenance qui font que le nouveau converti se désinvestit d’un certain nombre de relations sociales ou affectives antérieures pour se réinvestir dans sa nouvelle communauté. Ce nouvel investissement est récompensé et donc renforcé par les « promotions » successives : postes de responsabilité de plus en plus importants.

Tout ce processus d’embrigadement forge une mentalité qui emprisonne l’individu de l’intérieur. Il n’est pas contraint de l’extérieur par qui que ce soit, mais par le formatage intériorisé. Il devient le plus parfait adepte qui soit, celui qui n’a plus besoin de contrainte externe pour se constituer une partie indifférenciée et définitive du tout.

A ce point, je préfère citer FOURNIER et MONROY dans le texte : « L’obéissance, voire la soumission, font partie du prix à payer pour l’appartenance. Elles ne pèseront pas trop tant que l’image des dirigeants sera nimbée de qualités exceptionnelles. Plus difficile à supporter à la longue sera le fait de devoir ‘avaler des couleuvres’, parler et agir contre son intime conviction, voire contre sa conscience, participer à des actions que secrètement on réprouve. Tout cela pèse à la longue, mais peut longtemps rester sans traduction pratique, tant sont puissantes les forces attractives. »

En fait, nombreux sont les adventistes qui sont de plus en plus mal à l’aise avec leur expérience au sein de la communauté : nourriture spirituelle médiocre, milieu mesquin et difficile, impression de vivre avec une camisole de force, sensation de stagnation spirituelle, malaise par rapport au comportement des dirigeants, fardeau culpabilisant de la dîme, etc.

Mais un discours bien rôdé maintient l’emprise : c’est la véritable église, celle qui se rapproche le plus de la vérité biblique ; l’église est un hôpital où il faut s’attendre à trouver du bon et du mauvais ; l’œuvre appartient à Dieu qui saura faire justice en temps voulu ; il faut bien avoir une église, et c’est la moins pire de toutes, etc. .

Evidemment, une analyse sérieuse fait voler en éclat tous ces lieux communs des groupes religieux fondamentalistes et sectaires, mais l’esprit critique anesthésié s’y livre difficilement.

Deux points devraient cependant faire l’objet de la réflexion des personnes concernées.

Le premier, c’est l’erreur fondamentale des adventistes du septième jour et des groupes protestants fondamentalistes qui considèrent que « Les Saintes Ecritures, Ancien et Nouveau Testament, sont la Parole de Dieu écrite. . . le récit digne de confiance des interventions de Dieu dans l’histoire. »

Dire que les écrits bibliques contiennent la Parole de Dieu, et dire que la Bible est la Parole écrite de Dieu sont deux choses très différentes. Dans le premier cas, on considère que la Révélation est contenue dans la Bible sans qu'on fasse du contenu littéral l'xpression au premier degré de cette révélatin. Dans le second cas, on établit une équation entre le contenu littéral de la Bible et la Parole de Dieu, engendrant ainsi une approche « fondamentaliste » qui prend la lettre de la Bible pour la vérité éternelle et universelle, avec toutes les aberrations qui en découlent. En effet, la Parole de Dieu ne se confond pas avec la lettre du texte, car Dieu ne s’est jamais mis en mots comme le croient les kabbalistes, et n’a pas toujours, loin s’en faut, communiqué des pensées ou des propos aux auteurs de la Bible.

De ce premier point découlent des implications importantes pour la doctrine adventiste qui est essentiellement basée sur une interprétation fondamentaliste et par conséquent erronée des textes bibliques.

Le deuxième point, c’est la croyance générale et  têtue, quoique qu’officiellement désavouée par un certain nombre de penseurs attitrés au sein de la communauté adventiste, selon laquelle le croyant est sauvé par la foi en Christ et l’observation des dix commandements. Ceci est tout simplement faux. Selon la Bible, l’individu est sauvé uniquement et exclusivement par la foi en Christ. Ces deux points de vue sont antagoniques et irréconciliables. Or la construction théologique, doctrinale et éthique de l’église dépendra du fondement qui aura été retenu : la foi en Christ seule, ou bien la foi en Christ et la loi. L’église adventiste n’a jamais su trancher et s’empêtre indéfiniment dans une aspiration évangélique viciée par un légalisme favorable à la dérive sectaire.

 

 

 

 

 

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 14:29

Parmi les commentaires que j’ai reçus en réaction à mes articles, bon nombre ont exprimé approbation et encouragement. Certains ont été dans le sens contraire. Les uns comme les autres ont droit à leur opinion sur les points de vue que j’émets. Cependant, parmi mes détracteurs, il se trouve qu’un majorité s’est exprimée de façon assez particulière. En  plus du dernier commentaire de Eric C. dans l’article précédent, en voici quelques échantillons caractéristiques (le surlignage en gras est de mon fait) :

« Bonjour, j'ai pris connaissance de votre réponse si vous avez été pasteur pendant 33 ans vous devez bien connaître la bible, que nous dit-elle, que beaucoup dirons à Jésus qu'il ont prié, qu'ils on dit des prédications , mais Jésus ne les a pas reçu alors pourquoi faites vous une généralité en critiquant l'église adventiste vous discréditez la parole de Dieu en critiquant la dîme dont vous savez pertinemment qu'elle nous est demandée par le Seigneur et qu'en donnant la dîme nous recevons beaucoup plus de la part du Seigneur que ce que nous donnons, je vous en prie, ne soyez pas comme Kellog, si vous avez perdu la foi en l'homme ce qui est tout à fait compréhensible ne perdez pas la foi en Dieu et précisez bien dans vos discours que l'homme est mauvais en essence et détourne souvent les commandements de Dieu à son avantage si vous avez été déçu par l'attitude de certains hommes ce n'est pas une raison pour critiquer une institution comme l'église adventiste je veux dire par là la croyance adventiste qui est à mon sens ( et je viens de l'église catholique comme beaucoup de français ) une des plus proche de la Bible et donc de la volonté de Dieu de nous rendre la vie meilleure l'église est un microcosme avec des bons et des mauvais éléments essayez de rester objectif dans vos critiques et ne vous trompez pas de cible allez dans la paix du Seigneur »

Dominique

« Vous avez eu l’heureux privilège de connaître « la Vérité » telle qu’elle est présentée dans la Bible. Vous l’avez expérimentée et même enseignée avec droiture et panache pendant de longues années. Aujourd’hui, à cause d’une querelle d’hommes, votre ego blessé vous conduit à renier cette Vérité. Vous êtes « devenu un danger » pour les âmes sincères et innocentes qui vous écoutent, et qui prennent votre défense. La pensée qui va suivre n’est pas de moi, c’est une Loi de cause à effet bien connue, juste et Universelle. « Ne vous y trompez pas: on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi ». Permettez moi de vous inviter à lui accorder toute votre attention.

Bon courage à vous »

Eric C.

« Cher ami, j'ai lu tout le contenu de ton blog, et je comprend qu'il y ait des injustice à ton égard, mais quand même, ce que je puis dire : Tu lutte contre Dieu lui même en répandant sur la place public, ce que toi même tu combat. Demande à Dieu de t'éclairer là-dessus. Il est encore temps. »

                                                                                                           Dalphrase

« Joel Vallerey, il est temps de te réveiller. Ton inspiration est effrayante. Tu es une âme blessée. Remets cette blessure aux pieds de L'Éternel et n'oublie surtout pas que, quel que soit ce qui arrivera même au sein de l'Église, Dieu reste à la barre. Ce n'est pas en faisant une thérapie publique et avec une démarche synonyme de non sens que tu seras libéré. Prie pour tous ceux que tu détestes, pour tous ceux qui t'ont fait du mal car tu t'enfermes dans une prison dont seul Dieu possède la clé. Arrête ce travail de débauche et reviens à Dieu car Dieu m'a déjà parlé à travers toi lors de sermon alors que je n'avais que 13 ans. Réclamons l'Esprit Saint, le discernement, l'humilité, la sagesse et l'amour du Très-Haut!!! C'en est fait, Jésus est à la porte. Occupe toi des affaires de ton Père, le reste est vanité et poursuite du vent et il y a déjà des agents qui gèrent cette tâche! » 

Jerome V.

 

Manifestement, ces différentes personnes supportent mal la critique de leur église, et elles réagissent sur deux registres: elles postulent qu’en critiquant l’église adventiste, je m’attaque à Dieu lui-même, et elles me diabolisent de façon personnelle au lieu de s’en tenir à mes points de vue pour s'y opposer par des contre-arguments.

Ce type de réaction est typique de l’esprit sectaire pour lequel toute critique du groupe par quelqu’un qui en est ou en a été membre, est inadmissible. En effet, ces personnes considèrent le groupe ou le mouvement auquel ils appartiennent comme d’essence divine, et par conséquent définitivement légitime quoiqu’il puisse s’y passer. Pour elles, l'église est l'église de Dieu. Elle le représente. Critiquer l'église, c'est attaquer Dieu.

Ensuite, ces personnes vivent d’autant plus mal les critiques dirigées à l’endroit du groupe, qu’elles entretiennent, consciemment ou non, une relation fusionnelle avec le groupe dont ils constituent une partie indifférenciée. Le groupe est devenu leur raison de vivre, le sens même de leur vie, leur source nourricière, leur alma mater. C’est toute leur vie. Bon nombre d’entre eux n’ont que l’église comme pôle d’existence en dehors de leur travail et de leur foyer. Critiquer l’église, c’est les atteindre eux. Exposer les turpitudes de l’église, c’est leur faire honte à eux.

Par ailleurs, ces personnes sont imprégnées du syndrome de la citadelle assiégée qui caractérise l’esprit sectaire. Elles ont une vision manichéenne du groupe par rapport au monde environnant : le groupe, même avec toutes ses lacunes, est « le seul objet au monde sur lequel Dieu daigne jeter un regard de miséricorde » (pensée de E.G. White, considérée comme prophétesse au sein de l’église adventiste), tandis que le monde environnant est mauvais et doit être objet de méfiance comme source possible d’agression. Il ne faut donc surtout pas écorner l’image du groupe aux yeux du monde. A l’intérieur du groupe, on dira, comme je l’ai déjà personnellement entendu de la bouche de certains dirigeants, qu’il  « ne faut pas donner à l’adversaire des bâtons pour nous battre », l’adversaire étant tout à la fois le monde et Satan.

Enfin, le groupe étant le dépositaire unique et privilégié de « La Vérité qui sauve », il est hors de question de sortir du « prêt à penser » et d’ébranler l’édifice doctrinal du groupe par l’analyse critique, même si celle-ci est exprimée de manière loyale et intellectuellement rigoureuse.  Tous les membres du groupe doivent adhérer à la doctrine, voire la renforcer. La critiquer, c’est de la traitrise, ou encore de l’apostasie.

Evidemment, lorsqu’il est difficile ou impossible de démontrer de manière rationnelle la fausseté des points de vue « contestataires », il ne reste plus que l’attaque et la disqualification personnelle. Il faut diaboliser celui qui menace le groupe de l’intérieur pour empêcher que la contagion s'étende, surtout s’il a joui d’une forte influence au sein du groupe et que cette influence demeure active. Alors, on lui prête des intentions perfides. D’autant plus qu’il parait inconcevable aux personnes à l’esprit sectaire qu’on puisse légitimement se distancer ou se dissocier du groupe, surtout si on en a été une figure importante.

On considère que le dirigeant qui se désolidarise du groupe doit se taire. S’il se tait, il sera simplement regardé comme une pauvre âme qui a abandonné la foi, et on priera pour qu’il retrouve le bon chemin. S’il exprime une quelconque critique de ses anciennes croyances, c’est qu’il a une intention méchante à l’égard du groupe.

Le plus triste et le plus grave dans tout ceci, c’est l’absence de sensibilité par rapport aux souffrances des individus au sein du groupe. On peut très bien constater que tel ou tel individu est maltraité au sein du groupe, mais il importe davantage de sauvegarder l’image et l’unité du groupe que de protéger l’individu. C’est ainsi que dans les groupes sectaires, les victimes doivent se taire et « attendre en silence le secours de l’Eternel. »

Eric C., Dalphrase, Dominique, et Jérome V. disent tous d’une manière ou d’une autre qu’ils sont conscients du tort qui m’a été et continue de m’être fait : Le premier et le dernier parlent des blessures qui ont été infligées à mon ego et à mon âme ; le second dit que je suis une âme blessée et parle de tous ceux qui m’ont fait du mal ; la troisième parle de la méchanceté des hommes qui détournent les commandements de Dieu à leur avantage, et de la déception qui j’ai pu en éprouver. Néanmoins, leur principal souci est que je m’abstienne  de flétrir l’image de l’église par la révélation des injustices flagrantes que j’y ai subies,  et la critique des croyances ou pratiques de la communauté.

Tout ceci relève de la pure mécanique sectaire comme j’aurai bientôt l’occasion de le démontrer.

 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 21:40

Eric C. m’interpelle de nouveau dans un commentaire laissé sur mon blog. Commentaire que je prends la liberté de reprendre ici dans le présent article afin d’y répondre comme il sied.

« Je ne prends aucun plaisir à la pratique de la provocation, et je n’ai pas pour habitude de répondre du tac au tac aux invectives lancées par ceux qui excellent à ce petit jeu.

Et puis, soyons clairs. Je n’attaque personne, je ne provoque personne, je n’ai pas non plus pour habitude de faire des courbettes devant qui que ce soit, pas plus devant les dirigeants de l’église adventiste.

Je défends contre vents et marées « des notions et des Principes qui me paraissent vitales » pour l’humanité, ce qui m’interdit de pratiquer et d’encourager « l’esprit du copinage ».

Je n’ai pas l’intention de me justifier devant qui que ce soit, car je ne reconnais qu’un seul Juge. Lui seul connaît les motivations profondes de chacun et voit comme dans un livre ouvert ce qui échappe aux hommes, même à ceux qui sont animés d’une « apparente bonne volonté. »

Cependant, si je constate avoir mal agit je saurai faire promptement mon mea-culpa.

Et puis, est-ce un crime de prendre part au débat, et de pousser ainsi à la réflexion des âmes innocentes et sincères qui sans ce débat contradictoire pourraient prêter foi à un discours présenté d’une main de maître, d’une pédagogie irréprochable, mais éloigné de la vérité ? Une attitude différente de ma part serait une forfaiture.

Je n’ai pas d’autre choix que celui de prendre la défense de ce qui me parait Juste. Sans les occulter, les autres considérations ne viennent qu’en second lieu.

Qu’il me soit permis de faire remarquer à mes détracteurs, que j’interviens uniquement quand la Vérité telle quelle est enseignée dans la Bible est menacée et bafouée. Et c’est le cas fréquemment sur ce blog, et qui plus est, par un ancien cadre de premier plan de l’église adventiste. Cela est à mes yeux inadmissible.

Je n’en veux pas à l’auteur de ce blog pour avoir changer son fusil d’épaule. Chacun reste libre de ses choix, quand bien même ces choix paraîtraient extravagants à d’autres. Ce qui est choquant, c’est qu’un clash provoqué suite à une querelle d’hommes et non à cause d’un différend d’ordre théologique ; juste par représailles, l’auteur de ce blog a pris la surprenante décision de discréditer le mouvement adventiste.

"Or il sait plus qu’il n’en dit, sur le rôle incontournable de l’église adventiste en faveur de la génération mondiale présente."

D’autant plus que ses attaques sont de nature mesquines, dépourvues d’objectivité, puisqu’il s’ingénie à pointer du doigt uniquement les faiblesses de ce mouvement en prenant un cruel plaisir a les amplifier, negligeant volontairement de parler de ses points forts (ou les présentant partiellement et timidement, juste pour éviter d’être suspecté de partialité par le lecteur attentif ), oubliant que la perfection n’est pas de ce monde.

En effectuant un copier coller de l’adresse ci-dessous dans un navigateur Internet, on obtient une page Web, sur laquelle l’auteur de ce blog fait une description peu flatteuse de l’église adventiste, mais surtout propose aux internautes un amalgame, où la vérité et l’erreur sont habilement arrangées.

http://joelvalleray.over-blog.com/article-le-fondamentalisme-religieux-un-exemple-57179577.html

Son enseignement concernant : « Le mythe génésiaque », « son refus de reconnaître le rôle de l’église adventiste dans la proclamation du dernier message divin qui doit être présenté au monde », « sa légèreté concernant la distinction entre aliments purs et impurs», « son ambiguïté sur l’enseignement biblique de la dîme » et sans parler de sa duplicité concernant la position de l’église adventiste sur la sexualité, affaiblissent considérablement les Ecritures, « l’Evangile Eternel » qui doit être présenté avec force aux habitants de la terre.

Quand on sait que « le pire ennemi de la vérité n’est pas le mensonge évident mais plutôt celui qui ressemble le plus à la vérité », dénoncer ces subtiles allégations qui risquent d’égarer les âmes devient une priorité.

Ceux qui veulent comprendre, comprendront pourquoi j’ai récemment interpellé l’auteur de ce blog, lui rappelant les conséquences inévitables de nos actes. Contrairement à ce qui a été écrit, ma remarque : « …ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi… », n’était pas une menace, mais une sage et pressente invitation à mettre chacun face à ses responsabilités.

Maintenant je m’adresse à tous ceux qui m’interpellent sur ce blog et ailleurs, ceux qui se contentent de recueillir des informations approximatives et excessives me concernant diffusées sur certains sites Internet ou auprès de personnes acquises à la causes de l’auteur de ce blog, puis s’octroient le droit de les propager sans les vérifier, pratiquant ainsi un honteux copier- coller.

Si ces personnes ont du respect pour leur prochain et pour eux mêmes, je les invite à imiter les croyants de Bérée, (en faisant l’effort) de s’informer à la source.

Alors ils connaîtront la vérité et la vérité les affranchira des « fausses vérités » savamment manipulées qui abondent sur la Toile.

Très cordialement,

Eric C.

 

Réponse:

C’est curieux, mais je n’ai aucune souvenance d’un discours aussi véhément d’Eric C contre les turpitudes de la direction de l’église adventiste de la Martinique, quoiqu’ils ne les ignorent en rien, et que sa propre famille en ait été victime.

A croire que pour Eric C., il n’y a pas de mal à être un salaud aussi longtemps qu’on fait corps avec la « véritable église » et qu’on s’en tient au discours adventiste convenu!

Mais analysons de plus près sa diatribe.

« Je n’attaque personne », dit-il.

M’accuser de « discréditer le mouvement adventiste juste par représailles juste à cause d’une querelle d’homme »,  c'est à dire en d’autres termes d’être insincère dans l’évolution de mes convictions, n’est ni un procès d’intention ni une attaque à ses yeux de croisé adventiste sans peur et sans reproche.

Qualifier mes propos « d’attaques mesquines et sans objectivité » n’est sans doute pas une attaque non plus, mais une simple observation fraternelle. Tout comme me taxer de « légèreté » et de « duplicité » ne seraient que des compliments.

Eric C, connait-il le poids des mots, et prend-il la juste mesure de son agressivité ?

En réalité, son agressivité n’est pas ce qui me dérange le plus, car je ne me sens nullement atteint par ses gesticulations verbales. C’est plutôt sa façon de s’en prendre à une personne (moi en l’occurrence) sans être capable d’avancer ne serait-ce que le début d’une contre-argumentation afin d’invalider tout ce qu'il condamne péremptoirement.

Que propose-t-il comme interprétation des textes bibliques qui me prouverait dans l’erreur ? Rien ! Il n’y a que son « juste courroux » et ses vitupérations qui lui tiennent lieu de « débat contradictoire ».

Il me semble pourtant qu’un exposé scripturairement étayé de ce qu’il conçoit comme « la vérité » serait  la façon la plus intelligente, la plus raisonnable, et la plus chrétienne de réagir à mes propos hérétiques.

Toute la question est de savoir s’il est capable de sortir du récital de convictions adventisto-adventistes qui lui tiennent lieu d’arguments pour se livrer à une analyse objective des faits et des textes.

Qu'a-t-il à dire pour montrer que le texte de la Genèse qui présente la création du monde sous forme d'un récit où la lumière est créée avant le soleil la lune et les étoiles, n'est pas un mythe?

Qu'a-t-il à avancer pour démontrer que ce que je dis du système de la dîme, tel qu'il est pratiqué dans l'église adventiste, n'est pas une forme d'abus?

Je lui sais gré de m’accorder   que mes propos sont présentés  « d’une main de maître » et  avec « une pédagogie irréprochable », mais malheureusement, je n’ai pas fini de le déranger par ma critique d’un certain nombre de fonctionnements  de la communauté adventiste qui me semblent nuisibles aux personnes. Je lui donne donc rendez-vous dans mon prochain article : « LE REFLEXE SECTAIRE ».

 

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