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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 12:45

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 03:07

Une des caractéristiques majeures de la secte, c’est le rapport au pouvoir. Ce que l’esprit populaire a retenu de la secte dans ce domaine, c’est surtout l’image du gourou, le leader charismatique tout-puissant dont la seule parole détermine tous les aspects de la vie des adeptes. On pense évidemment à des gens comme Jim Jones, Sun Myung Moon, David Berg, Bhaktivedanta Swami Prabhupada, Joseph di Manbro et Luc Jouret, ou encore Vernon Wayne Howel (alias David Koresh).

Cependant, par delà la figure du gourou, c’est le problème du rapport au pouvoir et à l’autorité qui mérite d’être analysé dans le phénomène sectaire. Quel est le rapport des dirigeants au pouvoir ? Comment l’exercent-t-ils ? Quelle est la relation qui unit l’adepte aux figures de pouvoir ? Qu’est-ce qui permet à un individu ou un groupe d’individus d’acquérir un tel ascendant sur d’autres individus ? Pourquoi certaines personnes ont-elles besoin de s’en remettre à une figure d’autorité ?

Dans les milieux sectaires, les détenteurs de pouvoir religieux se vivent comme dispensateurs de vérité normative, et les adeptes entretiennent avec eux une relation principalement caractérisée par la soumission. Est-ce le cas dans l’église adventiste ? Allons au fond des choses.

Dans cette communauté, les principaux détenteurs de pouvoir, ce sont les administrateurs des institutions, les pasteurs, et les anciens qui servent  d’assistants aux pasteurs. Il est intéressant de faire l’analyse du statut de ces personnes.

Tout d’abord, le pasteur est supposé avoir été appelé par Dieu lui-même au saint ministère et avoir suffisamment donné les évidences de son appel pour être ordonné. Le MEMENTO DU PASTEUR*, comparant le pasteur adventiste au grand-prêtre de l’ancien testament et à l’apôtre du nouveau testament, déclare dans ses toutes premières pages que « Le vrai ministre de Dieu ne s’est pas appelé lui-même. . . l’initiative ne vient pas de l’individu mais de Dieu. » Dans le même ordre d’idées, le même MEMENTO présente le pasteur comme quelqu’un qui est doué de « facultés supérieures ».

Ceci donne à entendre que tout pasteur serait quelqu’un de supérieur au croyant ordinaire, et qu’il aurait fait l’objet d’un appel direct et personnel de Dieu, un mandat d’origine surnaturelle l’investissant d’une légitimité et d’une autorité hors norme. La plupart des pasteurs et des fidèles sont convaincus de cela, ce qui est d’un poids déterminant dans leurs relations.

Ceux qui côtoient de près les pasteurs, notamment les membres de leurs propres familles, savent pertinemment que la plupart d’entre eux ne sauraient avoir été appelés par Dieu à quoique ce soit, tant leur comportement est bassement humain. Il n’empêche que, de par sa consécration au ministère pastoral, le pasteur est considéré par les croyants comme « l’oint de l’Eternel ». Dans l’inconscient collectif nourri d’images bibliques, il est instinctivement assimilé aux « oints » de l’ancien testament : les rois et les prophètes. Sa fonction revêt un caractère sacré qui confère à sa personne une aura particulière, et à  sa parole un poids non négligeable. La fonction créé l’onction.

L’une des histoires bibliques les plus couramment racontées en chaire afin  de bien imprégner les croyants de la notion de déférence envers les dirigeants religieux, les pasteurs en particulier, c’est celle de 2 Rois 2 :23 où il est question de quarante-deux adolescents qui se moquaient du prophète Elie en le traitant de chauve, qui furent l’objet d’une malédiction prononcée par ce dernier, et qui furent immédiatement mis en pièces par deux ours.

On raconte aussi souvent l’histoire d’Uzzah qui osa porter la main sur l’arche de l’alliance que seuls les prêtres avaient le droit de toucher et qui fut instantanément frappé de mort, la morale de l’histoire étant que le croyant ordinaire ne devait surtout pas se mêler de ce qui était du domaine réservé des « oints ».

Il n’a pas échappé à l’attention des observateurs que dans les sectes radicales, les gourous se réclament souvent d’une mission sacrée dont ils seraient investis de manière surnaturelle. Dans les communauté religieuses fondamentalistes, il n’y a pas de gourou dans la mesure où le pouvoir religieux est exercé, non pas par une seule personne, mais par un collège  de personnes dotées d’un statut par la collectivité. Cependant, ces dirigeants religieux partagent avec les gourous cette conscience exaltée d’eux-mêmes qui légitiment et magnifient leur statut par ce qu’ils qualifient d’appel au ministère émanant de Dieu lui-même.

Il n’y a pas si longtemps de cela, un membre d’église qui officiait en chaire s’est permis d’interpeller le pasteur de l’église dont il se croyait l’ami en l’appelant publiquement par son prénom. Le pasteur réagit immédiatement en lui signifiant qu’il n’acceptait pas que qui que ce soit l’appelât publiquement par son prénom. Il fallait l’appeler pasteur Untel.

D’autres font appel au concept de « respect envers  l’autorité constituée » dès qu’ils se sentent contestés par les membres de la communauté. C'est la grande mode de ces dernières années.

L’observation du fonctionnement des pasteurs montre qu’un certain nombre d’entre eux ont une conscience hypertrophiée d’eux-mêmes. Je me rappelle qu’au début des années 70, quand je parlais avec un collègue plus âgé de la nécessité pour les pasteurs de se qualifier par une solide formation afin d’exercer leur ministère correctement, il m’avait répondu qu’il était persuadé que la formation n’était nullement une nécessité parce que l’ordination conférait automatiquement au pasteur toutes les qualités et compétences dont il avait besoin.  J’avais entendu ce même collègue prêcher avec conviction qu’il ne pouvait être jugé par personne et qu’il ne se jugeait même pas lui-même, Dieu étant seul habilité à le juger.

Tout ceci est fondamentalement contraire à la conception protestante du pasteur qui est ainsi définie par Roger Mehl dans LA THEOLOGIE PROTESTANTE : «Le pasteur n’est  pas un prêtre, il ne possède aucune qualité et aucun pouvoir qui le distingueraient du laïc. Mais il a une connaissance beaucoup plus poussée des saintes Ecritures. Il est essentiellement un docteur dans l’Eglise. » Cette définition correspond parfaitement à la pensée du Nouveau Testament où le Christ déclare : « Ne vous faites pas appeler père ou directeur ou maître car vous êtes tous frères. »

Ce qui est intéressant dans les communautés adventistes, c’est que la plupart des pasteurs n’en savent guère plus que les fidèles en matière de connaissance de la Bible, mais en tant qu’"appelés de Dieu", « oints de l’Eternel », interprètes attitrés des Ecritures et porte-parole des doctrines officielles de la communauté, leur parole fait autorité pour les fidèles. De plus, la religion des adventistes étant de type totalitaire dans le sens où elle investit tous les domaines de la vie des croyants, la parole du pasteur fait autorité dans tous les compartiments de la vie, collective comme privée. Ceci est particulièrement vrai dans les communautés où le savoir relativement limité des fidèles donne une plus grande emprise à la parole et à l’influence des pasteurs.

Quant aux anciens d’églises, ces laïcs dont la fonction est de seconder les pasteurs dans les églises, la plupart d’entre eux entrent dans le même schéma de fonctionnement que les pasteurs. Eux aussi aiment bien se gargariser du pouvoir qu’ils ont sur les membres de la communauté et entretiennent avec les pasteurs une sorte de complicité tacite. Ces derniers leur donnent du pouvoir sur les membres de la communauté, et eux à leur tour, renforcent le pouvoir du pasteur sur l’église.

A l’époque, je me suis fait pas mal d’ennemis parmi les anciens d’église des communautés dont j’avais la charge parce que je n’entrais pas dans cette combine. Je m’efforçais de respecter le jeu démocratique dans les conseils d’église : un homme, une voix. Un certain nombre d'anciens ne me cachaient pas leur hostilité à cause de cela.

Avec le temps, le pouvoir du pasteur s’est quelque peu atténué dans les églises adventistes. Il fut un temps où ce pouvoir était considérable. Les membres de certaines communautés acceptaient de se laisser punir publiquement par leur pasteur qui les mettaient debout les bras en croix sur un banc ou bien qui se permettaient d’administrer des châtiments physiques aux enfants des membres. D’autres pasteurs réquisitionnaient les membres pour la construction de leur maison, et ces derniers étaient tout heureux de la chose : que ne ferait-on pour l’oint de l’Eternel ? Il n'y a pas si longtemps de cela que les pasteurs entendaient dicter aux membres de la communauté l'heure à  laquelle  ils devaient terminer leurs réceptions de mariage ou bien le genre de nourriture qu'ils devaient servir, à grands coups de circulaires dans les églises. Ou bien, tel autre qui n'était pas pasteur mais qui était considéré comme tel par les membres qui ignoraient son véritable statut, se permettait, toujours par circulaire dans les églises, d'interdire aux chanteurs de se livrer à quelqu'improvisation  qui modifierait la mélodie écrite des cantiques. Personne ne pipait mot face à de tels abus.

Aujourd’hui encore cependant, les dirigeants religieux de la communauté adventiste gardent un formidable ascendant sur l’esprit des membres. Il y a une vingtaine de jours, une amie me disait comment une des femmes de la communauté qui voulait la mettre en garde contre le péché d’orgueil me cita comme l’exemple à ne pas suivre, car disait-elle, le livre que  j’avais écrit (La violence des saints) et qui dénonçait les méfaits des dirigeants de la Fédération, montrait que l’orgueil s’était emparé de mon cœur. Dans son esprit d’adepte soumise, j’avais péché en osant critiquer et contester les actions posées par les dirigeants, ce qui était inadmissible. D’autant plus inadmissible qu’un oint n’est pas supposé s’opposer à des oints plus haut placés. En effet, dans l’église adventiste où la direction de la communauté est fortement « présidentialisée », il y a une sorte de hiérarchie officieuse mais très réelle qu’il faut se garder de transgresser.

Une telle attitude peut étonner, mais elle n’est pas si surprenante que cela au regard du fonctionnement des dirigeants.

Un ami m’a raconté aujourd’hui comment il fut profondément choqué par ce qu’il entendit de ses propres oreilles à l’occasion d’un échange avec un récent président de la Fédération adventiste. Il lui faisait remarquer qu’il était peut-être judicieux de concevoir le projet qui faisait l’objet de leur échange de telle sorte que les membres de la communauté adventistes voient que la direction avait à cœur de prendre en compte leurs besoins en terme d’emplois et de débouchés économiques. Quelle ne fut sa stupéfaction d’entendre l’homme de religion lui répondre en le regardant de façon appuyée bien droit dans les yeux : « Ne te préoccupe pas de cela. Les membres feront ce que nous leur dirons de faire. Nous les contrôlons. »

On était loin des paroles de Jésus à ses disciples: « Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent. Il n’en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur. »

* Le MEMENTO DU PASTEUR est un ouvrage dont le but est de servir de référence et d'aide au pasteur adventiste dans l'exercice de ses fonctions.

 

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 00:05

Le 20 mars 2009 à 15h30, j’ai rencontré un ancien collègue tandis que je faisais quelques achats. En me saluant, il me déclara sa joie de me revoir et me lança chaleureusement : « Préparons-nous à monter au ciel ! ». A quoi, je répondis : « Tu connais le proverbe : Chak bèt a fé ka kléré pou namm yo. Je crois plus urgent de bien vivre ici-bas. »

Manifestement dérouté par ma répartie, il reprit sur un ton beaucoup moins enthousiaste : «Dans un sens, ce que tu dis est vrai, mais il nous faut prier les uns pour les autres afin que nous soyons tous là-haut. » 

Je ne cédai pas d’un pouce et lui lançai : « Je n’y crois pas. »

Il me dévisagea, surpris.

«Tu ne crois pas que nous devons prier les uns pour les autres ? » 

Puisqu’il me fournissait l’occasion de lui mettre les points sur les i, je n’hésitai pas une seconde.

« Je ne crois pas aux prières qui dispensent les prieurs d’agir en faveur de leurs semblables. Cela fait des années que je suis malmené par l’administration de la fédération. Tu le sais, mais je ne t’ai jamais vu et tu n’as jamais levé le petit doigt. »

Il me fixa d’un regard qui se voulait rempli de compassion.

« Je peux t’assurer que j’ai prié pour toi. »

Je le fixai en retour.

«Tu connais le texte de Jacques : ‘Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous ! et que nous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ?’ A quoi donc me servaient tes prières puisque tu n’es jamais intervenu pour me venir en aide. » 

Après un instant de silence recueilli et de hochements de tête, il crut trouver la parade.

« Je crois qu’il faut d’une réconciliation entre les administrateurs de la fédération et toi. »

Je le fixai un peu plus intensément.

« C’est toujours de cette manière hypocrite que les bons chrétiens se mettent hors de cause en laissant à la victime le soin de se débrouiller avec son agresseur.

Supposons qu’étant debout où tu te trouves, tu te fasses agresser par quelqu’un. Suppose que cet agresseur te renverses par terre et place son pied sur ta gorge. Tu te mets à crier et quelqu’un d’autre s’approche alors de toi, se penche sur toi et te dis qu’il faut te réconcilier avec ton agresseur. Comment le prendrais-tu? »

Il garda la tête baissée un long moment, puis la releva.

«Tu m’as donné une leçon. » 

Je poursuivis.

« Je ne suis pas donneur de leçon, mais tu sais que je n’ai jamais su maitriser l’art de la langue de bois. Je tiens simplement à ce que nous disions les choses telles qu’elles sont vraiment. »

Ce n’est qu’après avoir pris congé de lui que je me rappelai qu’à la mort de ma mère, il avait déclaré à quelqu’un qui me l’avait rapporté que c’était moi qui avait été la cause de ce décès. J’eus une flambée de colère intérieure.

« Sacrilège ! me disais-je. Cet imbécile heureux n’avait pas réalisé en tenant ces propos qu’il trahissait et injuriait la mémoire de cette femme qu’il avait pourtant été le premier à évangéliser. J’avais été la joie de ma mère de ma naissance à  sa mort. Durant les trente trois ans de mon activité pastorale, elle m’avait considéré comme une lumière spirituelle, l’aidant à grandir constamment dans une saine compréhension des Ecritures et une spiritualité intelligente. Les dernières années avaient été les plus jubilatoires. Alors qu'elle était à l'article de la mort dans un semi coma, elle avait attendu que je rentre de Paris pour que nous nous voyions une dernière fois, et que nous échangions quelques dernières paroles d'amour. Si elle avait souffert, c’était en voyant les attaques brutales et perverses que je subissais de la part de gens sordidement jaloux. Elle savait ce que c’était car elle avait eu à vivre les mêmes choses dans certaines des églises qu’elle avait fréquentées et au sein de l’administration adventiste dont elle avait été l’employée durant plus de vingt ans.

Eut-elle su avant de mourir qu’il dirait cette monstruosité, qu’elle lui aurait redressé les bretelles par avance. Pauvre con ! Pardon mon Dieu... »

Avant-hier, j’ai rencontré une de mes bonnes connaissances qui n'a pu s’empêcher de me dire la peine qu’elle avait éprouvée il y quelques temps de cela en entendant quelqu’un raconter qu'en 1977, lors de mon ordination dans la ville de Port-au-Prince, tandis que mon frère ainé priait en chaire, j’avais crié en pleurant de ne pas prier pour moi comme si ma conscience était tourmentée par quelque lourd secret.

Celui qui tenait ces propos, c’était le même qui m’avait invité à la préparation pour monter au ciel. Il était en compagnie d’un autre « frère » qui se faisait un plaisir de lui faire écho en déclarant qu’à son avis, il y avait en moi quelque chose de pas très clair.

Ce comparse-là avait coutume de se donner la capacité de discerner la présence de démons rien qu'en regardant les gens.

Or la vérité de l’histoire, la voici.

La veille de mon ordination, j’avais eu un long entretien avec mon frère à propos des inimitiés qui déchiraient le corps pastoral. Jeune idéaliste que j’étais, cette situation me peinait énormément.

Le sermon prononcé en chaire le lendemain interpellait les pasteurs sur l’authenticité de leur spiritualité et la sincérité de leurs relations. Je m’attendais à ce que ce sermon fut suivi de quelques réactions de la part des pasteurs qui se faisaient la guerre. Il n’en fut rien. Aussi, lorsque mon frère se mit à prier, j’eus la nette impression que le culte devenait une vaste hypocrisie et que le silence des pasteurs était un véritable blasphème. J’en fus profondément troublé. Je ne pus m’empêcher d’interpeller mon frère et de lui demander d’arrêter cette prière qui me paraissait surréaliste et tellement hors de propos.  

Trente quatre ans plus tard, ceci était rapporté comme la manifestation d’un inavouable secret.

Devais-je tenir rigueur aux deux individus. Celui qui avait tenu ces propos, j’avais eu l’occasion de l’entendre prononcer un sermon dans lequel il exhortait les fidèles à la tempérance et à la consommation abondante de fruits en saison. A cette occasion, il avait prononcé cette phrase mémorable qui avait  dévasté plusieurs rangs de fidèles éberlués : « En che moment, il y a beaucoup de goyaves. Il faut mancher des goyaves. Cha chimente le caca. »

Comment peut-en vouloir à une âme aussi candide ?

Quant à l’autre comparse, on ne peut pas lui en vouloir non plus. Cela fait un moment qu’il vit sur une autre planète peuplée d’esprits, de défunts, et d’ombres errantes que son regard  halluciné semble visionner en permanence.

Tout au plus a-t-on envie de s'envoyer quelques bonnes goyaves pour ne pas trop se faire "scier" avec les bons frères.

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 23:17

Qu'il est bon de lire ton blog, enrichissement spirituel et littéraire.
Qu'il est bon de goûter au festin de l'écriture et de se satisfaire
De toutes bonnes pensées diffusées, de tous bons mots. Ces paroles
Qui viennent d'une réflexion mûrie, font depuis longtemps école
A la libre pensée de celui qui s'autorise à croire en toute liberté.
Durant bien des années nous avons été façonnés, voire gavés
Comme des oies dont on récolte après les foies.
Nous y avons cru comme moutons et accepté par profession de foi
Que seule la religion d'Ellen G. White détenait les clés de  la vérité.
Au bout du petit matin, la foi s'est fait la belle, enfin libérée,
Pour croire à la vie éternelle, au bienfait de la justice de Christ
Sans avoir le besoin d'être sur une quelconque liste.
Il n'est jamais trop tard pour croire en toute liberté
Et apporter sa pierre à l'autel de l'Amour et de la Fraternité.
 
Alex Clairicia

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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 23:43

Il y a quelques jours, quelqu'un m'a adressé un mail pour m'informer qu'il se disait que mes filles se droguaient.

Pas mal de gens que j'ai rencontrés ces derniers mois m'ont demandé s'il était vrai que j'étais divorcé, car c'était ce qui leur avait été rapporté.

Toutes ces rumeurs, et bien d'autres encore, sont colportées par des membres de la communauté adventiste. Les mêmes bons chrétiens qui iront ensuite bêler leurs cantiques et braire leurs prières dans leurs temples avec la certitude qu'ils sont "dans le Seigneur" et "dans la vérité".

Ils vous diront qu'il faut sortir du monde, mais ils sont tout aussi, sinon plus amateurs de milans et de cancans que les gens du monde qu'ils stigmatisent sentencieusement.

La raison? Ces petits esprits sont persuadés qu'ils peuvent dire n'importe quoi de vous dès lors que vous n'êtes plus des leurs, et qu'eux-mêmes continuent de fréquenter fidèlement les temples. Celui qui quitte les rangs a "abandonné la main de Dieu". Il est tombé, déchu, et peut faire l'objet des commentaires les plus malveillants: il le mérite. Ceux qui font les commentaires sont les fidèles enfants de Dieu.

Il y a un certain temps, j'ai rencontré un ami qui m'a regardé d'un oeil particulièrement surpris. Quand je lui ai demandé la cause de son ahurissement, il m'a répondu tout naïvement qu'on lui avait certifié que j'avais des ongles et des cheveux longs, et que j'étais devenu fou. Il l'avait tellement cru que mon allure normale était un choc pour lui.

Il y a quelques années, un jeune homme qui était ami de la famille est arrivé chez nous, atterré. Il venait de participer à une réunion dans le temple de la Pointe des Nègres un samedi après-midi. Il n'en crut pas ses oreilles quand il entendit le leader du groupe demander à l'assemblée réunie de prier pour mes filles car elles étaient devenues rastas (Ne disait-on pas déjà que leur père avait des sympathies pour ce groupe?).

Le jeune homme dut se mettre debout pour demander à cette personne de quel droit elle tenait de tels propos en public, et témoigner que c'était totalement faux.

Hé oui, une même source peut faire couler à la fois des eaux douces et des eaux amères, quoiqu'en dise la Bible. Les eaux douces sont les propos religieux débités à tout bout de champ: "Dieu c'est la viiiiiie. Oh oui!!!!!" , "L'Eternel vous bbbbénisse", Booooon sabbat", "La paaaiiiix du Seigneur soit sur vous",et blablalbla. Et les eaux amères sont les fantasmes de gens sectaires qui concoivent difficilement qu'on puisse être normal tout en prenant ses distances par rapport à leur "système" religieux.

Il y a quinze jours, j'avais embarqué une amie adventiste dans mon véhicule. En passant près de la demeure d'un de mes proches, elle n'a pas pu s'empêcher de me demander si le couple était toujours ensemble, car elle avait entendu dire que. . . .. Je lui ai passé un savon dont elle se souviendra longtemps, la pauvre! Son questionnement était typique d'une large faction de sa communauté: Fouyaya!  Otchipan! Toujours à l'affut des commérages et des cancans sur la tête d'autrui, pour parler comme chez nous.

Vous me demandez pourquoi je parle ainsi? Jean-Paul Sartre en son temps avait préfacé un ouvrage de Frantz Fanon en faisant remarquer que l'auteur s'était affranchi de la mentalité des colonisé en se donnant le droit de "regarder" ceux qui durant des siècles s'étaient jugés seuls dignes de "regarder" les autres. Je suis dans la même démarche: je regarde ceux qui croient être les seuls à pouvoir regarder, et je parle de ceux qui croient être les seuls à pouvoir parler d'autrui. Parce que la seule façon de tenir en respect les cafards qui bruissent de mille rumeurs dans l'ombre, c'est de braquer la lumière sur eux. Ils n'aiment pas ça.

Mais cette espèce est très particulière. Je parie que les rumeurs repartiront de plus belle. Médisances et prières font bon ménage dans certains milieux. Alleluia. Amen.

Evidemment, certains me diront qu'il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier, et que je ne devrais pas tenir de tels propos. A ceux-là je réponds qu'ils  n'ont qu'à relire les lignes qui précèdent pour se convaincre que je n'ai pas parlé de TOUS les adventistes. Et j'ajoute que s'ils  ont un conseil à prodiguer, c'est à leurs frères et soeurs malparlants et médisants qu'il faut le donner.

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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 01:09

A la fermeture atavique de la communauté adventiste s’ajoute une situation d’enfermement plus ou moins affirmée selon les milieux et les latitudes. Le problème, c’est que les facteurs qui causent cet enfermement ne sont pas suffisamment évidents de l’intérieur pour être identifiés par les membres de la communauté, et les gens de l'extérieur les ignorent.

A part une relative minorité qui échappe  à ce phénomène, la plupart des membres y participent à des degrés divers.

Le premier verrou de cet enfermement est d’ordre doctrinal : les adventistes sont communément persuadés que leur compréhension des Ecritures est de loin celle qui est en tous  points la plus fidèle à la vérité biblique.

Certains d’être les seuls à « posséder la vérité », même quand ils font publiquement profession de concéder le contraire, les adventistes sont généralement peu réceptifs aux points de vue religieux en provenance de l’extérieur. A moins que la connaissance qui vient d’ailleurs n’ait été filtrée et remasterisée par leurs dirigeants et leurs publications.

Cet élitisme collectif fait que le groupe se considère comme spécial et au dessus de tout autre groupe, ce qui le conduit à se fermer sur lui-même. Le groupe est le seul à posséder la vérité. Son rôle est de porter un message au monde et il n’a rien à recevoir de l’extérieur.

En dehors des classiques « 27 doctrines  fondamentales» qui forment l’essentiel de leurs croyances, plus rien d’autre n’est d’un réel intérêt théologique ou doctrinal. De toute façon, les catholiques sont complètement dans l’erreur, et les protestants ne mettent pas assez l’accent sur l’obéissance aux dix commandements (surtout le quatrième). Quant aux autres, il ne faut même pas en parler.

Les plus enfermés des adventistes se trouvent parmi ceux qu’on désigne dans le microcosme comme les « whitistes », c'est-à-dire les membres dont les seules références en toute matière se trouvent dans les écrits de Ellen G. White, la prophétesse du mouvement. J’en ai même croisé un autrefois dans les couloirs de la Fédération adventiste qui m’affirmait péremptoirement à cette occasion que c’est Ellen G. White qui avait fait de l’église adventiste ce qu’elle était, et non la Bible.

L’enfermement est tel que les âneries proférées par ceux du dedans peuvent être plus crédibles que les discours les plus vrais qui viendraient de l’extérieur. Je me suis fait violemment critiquer à l’époque pour avoir un jour inviter un prêtre à présenter un sujet sur la relation entre l’église et le monde, ce qu’il avait fait avec beaucoup de rigueur et de justesse. Mais cela ne posait aucun problème à mes détracteurs d’entendre un laïc adventiste ignorant comme F. Henry débiter de tonitruantes sottises sur la place publique durant plusieurs semaines, ou bien d’écouter des prédicateurs adventistes comme Gary Willimans et Ray Puen gaver les gens de fariboles fantastiques dans le plus grand temple de la Martinique.

Combien d’adventistes m’ont déjà dit que Mère Theresa et l’abbé Pierre sont certes des personnages intéressants, mais il n’est pas certain qu’ils soient sauvés puisqu’ils ne se sont jamais fait adventistes et n’ont pas observé le sabbat.

Il arrive parfois qu’on entende les plus avertis d’entre eux plaisanter à ce sujet en racontant la blague de Saint Pierre accueillant des non adventistes au paradis en longeant un grand mur à côté duquel il demande aux nouveaux arrivants de faire le moins de bruit possible. La raison de ce conseil : les adventistes avaient été logés derrière le mur et  croyaient être les seuls au paradis. Il ne fallait surtout pas les troubler dans leur illusion.

Un tel enfermement doctrinal n’est pas étonnant car les adventistes ont une certaine tendance à fonctionner en circuit fermé. Ils ont leurs maisons d’édition, leurs librairies, leurs livres, leurs journaux, leur radio, leurs manuels d’étude. Or tous ces media sont généralement réservés à la diffusion de la pensée adventiste considérée conforme par le plus grand nombre. Ne trouvent grâce à leurs yeux que les contenus étrangers qui sont jugés compatibles avec leurs croyances et les confortent. Tout ce qui en diverge est écarté.

Cet enferment doctrinal ne touche pas que les contenus religieux. Il fut  une époque où les membres étaient mis en garde contre la littérature romanesque « païenne », ce qui désignait de grands auteurs comme Victor Hugo, Chateaubriand, ou Marcel Proust. De tels ouvrages étaient soupçonnés de distiller subtilement le poison d’un esprit mondain et de faire le jeu de « l’Ennemi ».

Les ouvrages scientifiques subissent à peu près le même sort car l’idéologie et les croyances du groupe ont précédence absolue sur la raison et la science.

Par ailleurs, les adventistes souffrent du syndrome apocalyptique de « la citadelle assiégée ». Dans l’expectative d’une persécution qui peut survenir à tout moment, ils se méfient du  monde extérieur et ne lui prêtent d’attention soutenue que pour y discerner les signes de la fin du monde.

Au verrouillage doctrinal s’ajoute le verrouillage de l’information par les instances dirigeantes. Ne circulent dans les moyens de communication adventistes que les informations jugées acceptables par les dirigeants. Les annonces qui passent dans les églises, dans les publications et sur les stations radios adventistes sont étroitement contrôlées et sont exclusivement au service de la direction.  Tout ce qui dévie de la ligne est écarté. A cause de cela, il n’y a pas de contre-pouvoir ou de contradiction possible au sein de la communauté. Les membres sont captifs de l’information maitrisée par la direction, et n’entendent jamais qu’un seul son de cloche.

L’assemblée générale qui est supposée être le lieu par excellence de la libre parole des membres par le biais de leurs représentants, est en réalité cadenassée par ceux qui sont à la direction. Tout est d’avance arrangé pour que prévale la parole des chefs et que les contradicteurs soient muselés.

Lorsqu’il y a quelques années, j’ai voulu produire des remarques à la suite du rapport moral donné pas celui qui faisait office de président, la parole m’a immédiatement été coupée par le représentant des instances supérieures au prétexte que le rapport moral du président n’était pas soumis aux remarques comme les autres rapports. Or c’était précisément l’action de ce président qui posait le plus problème, mais il devenait impossible de la critiquer en assemblée générale.

Lorsque plus tard dans la même assemblée générale, j’ai fait des remarques qui mettaient en cause ceux qui étaient à la direction, il a été exigé par ces dirigeants que je présente des excuses écrites et publiques.

C’est toujours au cours de cette même assemblée générale que le président en exercice a demandé à la régie sono d'augmenter le volume des hauts parleurs pour que l’assemblée entende clairement les propos tenus par un délégué qui m’accusait d’être sous la coupe des démons.

Ainsi, le fonctionnement du groupe est constamment sous l’influence des dirigeants.

Certains diront que cet enfermement ne fait pas de l’église adventiste une secte car «ce qui caractérise une secte, tous les chercheurs sérieux en conviennent, ce n’est pas tant ce que le groupe prétend croire (doctrine) que ce qu’il fait (comportement) c'est-à-dire sa nocivité » (Les adventistes du 7ème jour, sont –ils une secte, Publication de l’Union des adventistes du septième jour des Antilles et Guyane Françaises)

Ce que l’expérience concrète m’a montré au fil des années, c’est que cet enfermement doctrinal et informationnel est le socle d’autres types d’enfermement qui peuvent s’avérer dangereux pour les individus.

J’ai connu des adventistes qui se sont rendu malades parce qu’ils étaient soumis à un discours extrémiste et mal informé sur le végétarisme, et qu’ils n’étaient exposés à aucune autre information sur le sujet. En effet, certains prédicateurs enseignaient qu’on ne pouvait être sauvé si on consommait de la viande, et qu’il fallait se contenter de fruits, de légumes et de céréales, sans apporter d’information adéquate sur un végétarisme intelligent.

J’ai connu des adventistes qui ont perdu la vie dans des cas de maladie (diabète, SIDA) où ils auraient du avoir recours à la médecine, et ont préféré se limiter à la prière et à l’usage des plantes.

J’en ai connu qui ont été injustement pris à partie par ceux qui occupaient les instances dirigeantes et n’ont pu se défendre à cause du verrouillage de l’information à leur détriment.

J'en ai connu un grand nombre qui ont été victimes de traitements disciplinaires vexatoires et avilissants parce qu'ils étaient enfermés dans un système qui les exposaient à ce genre de choses.

Et on pourrait donner bien d’autres exemples.

J'affirme que, de manière générale, le fonctionnement autarcique de la communauté adventiste engendre une anémie théologique et informationnelle qui se manifeste par  des comportements nocifs.

Je le dis, non pour stigmatiser, mais pour tirer la sonnette d'alarme aux oreilles de ceux que cela intéresse, soit parce qu'ils sont eux-mêmes concernés ou parce que certains de leurs proches le sont. D'ailleurs la communauté adventiste n'est pas la seule dans le cas. Elle est un paradigme de toutes les communautés religieuses minoritaires et fondamentalistes.  (A suivre)

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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 13:58

La question a déjà été posée à maintes reprises.  Je l’aborde ici à partir de la connaissance que m’a apportée ma propre expérience de croyant et de dirigeant au sein de cette communauté. En effet, je suis né et j’ai grandi dans ce milieu. J’y ai exercé la fonction de pasteur pendant 33 ans. J’ai été formé au plus haut niveau dans ses meilleures institutions ainsi qu’à la Faculté de Théologie Protestante de Montpellier.

Dire si l’église adventiste est une secte n’est pas chose facile car le mot « secte » s’entend de différentes manières.

Etymologiquement, il vient du latin secare qui signifie « couper », et  renvoie à un groupe qui s’est séparé de son environnement d’origine, un groupe dissident ou schismatique. Danièle HERVIEUX-LEGER, sociologue et Directrice du Centre d'études interdisciplinaires des faits religieux au CNRS, décrit bien le phénomène quand elle dit qu’il s’agit de " groupes se définissant eux-mêmes comme religieux et émergeant en dehors des " grandes religions " auxquelles le cadre confessionnel confère leurs lettres de respectabilité dans l'espace public ".

C’est en ce sens que le christianisme a commencé par être une secte du judaïsme, ou que le protestantisme a été d’abord une secte du catholicisme. C’est aussi en ce sens que l’église adventiste a débuté au milieu du 19ème siècle comme une secte issue de courants protestants majoritaires comme le méthodisme. Etre considéré comme une secte en ce sens n’a donc rien de négatif en soi, même si au début il est généralement difficile pour un individu ou un groupe d’individus de faire l’expérience de la séparation d’avec le milieu d’origine du fait que le groupe d’origine culpabilise ou maltraite  ceux qui veulent se détacher pour avoir un destin séparé. Avec le temps et la croissance numérique, ces groupes considérés comme sectes au départ, finissent par acquérir la respectabilité d’églises à part entière.

On  qualifie aussi de sectes les groupes religieux qui ne sont pas immédiatement accessibles au grand public, qui ont une assez forte emprise sur leurs adeptes, et dont les pratiques sont considérées comme aberrantes, voire dangereuses, par les gens du dehors.  Les autorités françaises classent la Scientologie et les Témoins de Jéhovah dans cette catégorie, mais pas les Adventistes du Septième Jour.

Aujourd’hui, dans son acception générale, la secte en est venue à désigner un regroupement d’adeptes autour d’un gourou dans un cadre fermé. Dans ce cas, on considère que les adeptes sont sous l’emprise d’un gourou qui les manipule, qu’ils ne sont pas libres de leurs faits et gestes, et qu’ils sont induits dans des pratiques qui mettent en danger leur intégrité mentale, physique ou financière.  De ce point de vue, l’église adventiste n’est pas considérée comme une secte puisque qu’elle ne répond pas formellement à cette définition. On pensera plutôt à des groupes comme les adeptes de Jim Jones au Guyana ou de David Koresh à Waco au Texas, à l’Ordre du Temple Solaire, ou encore à l’assemblée du révérend Moon.

Cependant, il faut pousser plus loin l’analyse car un groupe religieux, quoique qu’échappant à l‘étiquette de secte au sens extrême du terme, peut très bien avoir une mentalité et un fonctionnement sectaires, et présenter certains dangers pour ses membres.

On dit d’une personne qu’elle est sectaire quand elle a une attitude de fermeture par rapport à autrui et considère ses propres valeurs , croyances, et pratiques comme les seules qui vaillent. Le Larousse définit l’adjectif sectaire comme désignant  « quelqu'un qui, par intolérance ou étroitesse d'esprit, se refuse à admettre les opinions différentes de celles qu'il professe ».  

Une telle attitude de la part d’une personne ou d’un groupe n’est pas le fruit du hasard, et n’est pas non plus sans conséquence sur le fonctionnement des personnes impliquées.

Cette fermeture peut être induite de différentes manières. C’est parfois le fait d’un gourou qui endoctrine les adeptes et les maintient sous son influence, mais ce n’est pas toujours et nécessairement le cas. Cette fermeture peut aussi être le fruit d’une histoire ou d’un système de croyances.

La principale caractéristique de la secte, c’est  justement la fermeture.  Les personnes appartenant à des groupes sectaires fonctionnent dans la certitude de participer à quelque chose de « supérieur », cultivent leur différence, renforcent leurs croyances à l’intérieur de leur communauté, et surtout sont réfractaires à toute remise en question de leur vison du monde.

Aucun observateur avisé ne peut nier que l’église adventiste se caractérise par un tel fonctionnement. Elle possède une histoire et  tout un ensemble de croyances qui contribuent à cela.

Au départ, elle s’est constituée aux Etats-Unis, dans la foulée des grands mouvements de réveil, de croyants déçus de leur expérience dans les églises majoritaires. Ces gens qui cherchaient à vivre leur foi de façon plus fervente, se sont regroupés autour d’un prédicateur nommé William Miller dans la croyance que la fin du monde allait se produire entre 1843 et 1844. Ces croyants ont ensuite, sous l’influence de Ellen Gould White, considérée en leur sein comme prophétesse, et de plusieurs autres figures charismatiques comme Uriah Smith, Josuah Himes, Josiah Litch, John Andrews,  élaboré des croyances qui les ont structurés et singularisés comme communauté.

La mentalité adventiste s’est structurée dans la séparation et la différence. La séparation était au cœur de la « conscience adventiste ». Les croyants étaient appelés à « sortir de Babylone », « se séparer du monde », « sortir du monde ». Ceci n’était pas simplement conçu comme une rupture sur le plan des valeurs spirituelles, mais comme une prise de distance à caractère social et culturel.

C’est ainsi que la Revue SERVIR destinée aux pasteurs et dirigeants de l’église adventiste, dans sa parution du 1er trimestre 1990, explique que les normes de vie adventistes ont été forgées par la volonté de rejeter tout ce qui caractérisait « le monde » tel qu’il s’incarnait dans le train de vie de la classe moyenne américaine du milieu du 19ème siècle. La direction générale de l’église adventiste adopta en 1866 une série de résolutions sur la tenue vestimentaire qui interdisaient un certain nombre de pratiques considérées comme des mondanité inacceptables :

·         les plumets, les plumes, les fleurs et tous les ornements superflus attachés aux "Bonnets »

·         les bijoux qu'ils soient d'or, d'argent, de corail, de perles ou de caoutchouc, ainsi que les fantaisies coûteuses placées dans la chevelure

·         Les volants, les crinolines et une profusion de rubans, de cordons, de galons, de broderies, de boutons dans la toilette féminine

·         Les robes décolletées

·         Les diverses résilles ornées de perles et de paillettes dont on recouvre les postiches

·         Les crinolines : tout accessoire vestimentaire qui, par sa taille, ses dimensions ou la nature du matériel dont il est fait peut favoriser l'exposition immodeste des formes de la personne qui le porte

·         Pour les hommes : le rasage partiel pour ne garder que la moustache et le bouc. Toute mode qui leur donnerait l'air de dandies.

·         L'emploi des tissus et des fournitures les plus chers dans la confection des vêtements, qu'ils soient masculins ou féminins, même s'ils sont irréprochables sous d'autres aspects.

 

Ce positionnement fondamental  de rupture avec l’environnement social et culturel et de méfiance vis-à-vis de tout ce qui lui est extérieur, a toujours caractérisé la communauté adventiste  à des degrés divers en fonction des époques et des lieux. Pendant longtemps, et jusqu’à présent dans une certaine mesure, les adventistes ont divisé la réalité en deux camps. D’un côté il y aurait la communauté adventiste qui serait la véritable église, le nouveau peuple élu, un mouvement suscité par Dieu pour évangéliser le monde, l’arche de Noé dans laquelle sont appelés à entrer tous ceux qui veulent être sauvés. Et de l’autre côté, tout ce qui n’est pas adventiste, serait « le monde », ou pire encore, « les païens », terme servant à désigner les autres chrétiens non-adventistes.

Cette façon de se concevoir par rapport au monde environnant, liée à une lecture fondamentaliste des écrits bibliques,  à contribué à marginaliser les adventistes, engendrant une véritable sous-culture, qualifiée de « culture du ciel »,  avec son « patois de Canaan », ses codes vestimentaires et alimentaires, et ses normes très spécifiques de comportement dans tous les domaines. Il fallait que la ligne de démarcation entre les adventistes et « les autres » soit nette, visible, et définitive.

Il fut une époque à la Martinique où on pouvait repérer un adventiste dans les rues sans trop de risque de se tromper, surtout quand il s’agissait d’une femme, l’absence de toute parure et de tout cosmétique étant un sûr indice de son appartenance religieuse.

Tout ce qui ne correspond pas à la sensibilité propre des adventistes (aliments, musique, amusements, conversations, vêtements, culture, liturgie, etc.) les met très mal à l’aise et les fait fuir.

Je me rappelle le jour où je m’étais retrouvé sur la plage de Sainte Anne avec un groupe d’adventistes.   Peu après notre arrivée, un autre groupe vint s’installer non loin de nous et se mit à faire  de la musique du pays en jouant du tambour. Le leader de notre groupe ordonna immédiatement la retraite générale et nous fit lever immédiatement le camp.

 A cause de cette attitude, il se créé un véritable « ghetto adventiste » où les gens ont tendance à vivre plutôt entre eux et n’entretiennent que très peu de rapports profonds avec les gens qui sont extérieurs à ce milieu.  S’ils sont en contact avec leurs parents, leurs voisins, ou leurs collègues non-adventistes, ces rapports restent généralement plutôt polis et superficiels. D’ailleurs, leur propre façon de vivre les rend quelque peu étranges au regard des non-adventistes qui ont tendance à les stigmatiser et à les repousser, renforçant ainsi leur mentalité de ghetto. Leur tendance à vouloir convertir à leur foi tous les non-adventistes avec lesquels ils sont en contact entretient aussi un certaine méfiance à leur égard.

Leur « différence » est telle qu’elle provoque souvent une réaction de rejet quand ils apparaissent pour la première fois dans un nouvel environnement, surtout quand celui-ci est relativement restreint. C’est ce qui s’est passé durant les années 20 à 60  à la Martinique, période durant laquelle les adventistes étaient en butte aux quolibets, aux brimades, à la mise à l’index par les prêtres, et à l’hostilité générale.

A la faveur du temps et de la croissance statistique, cette obsession de la différence tend à s'estomper quelque peu ici et là, mais ne disparait jamais complètement car c'est une donnée structurante de l'esprit adventiste.

Si l’esprit et le fonctionnement sectaire se limitaient à la marginalité socioculturelle, ce ne serait pas si grave, même si cela est déjà gênant car c’est le signe d’une lacune théologique au niveau de la compréhension de l’église et du monde. Mais il y a plus préoccupant.

(A suivre)

 

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2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 02:04

Comme je l’ai dit sur Facebook, lundi dernier j’ai rencontré une amie qui m’a dit que plusieurs personnes lui avaient déclaré que j’étais soit fou soit possédé du démon. Ces gens, c’étaient des adventistes qui réagissaient à mes prises de position et de parole dans mes ouvrages comme sur internet (mon blog).

Ces accusations ne m’atteignent nullement, et cela pour plusieurs raisons.

La première, c’est que je ne suis pas le premier à être victime de ce genre d’accusations. Il fut un célèbre « hérétique » de qui on déclara naguère les mêmes choses. L’évangile selon Jean rapporte que de fervents dévots juifs disaient du Christ : « Il a un démon, il est fou ; pourquoi l’écoutez-vous ? » (Jean 10 :20). Même sa propre famille le tenait pour mentalement atteint (Jean 3 :21).

Evidemment, je n’ai pas la prétention de me comparer au Christ. Je ne suis que trop conscient de mon statut de pécheur, et je n’ai pour seule ambition que de « pécher courageusement » (pecca fortiter), comme jadis Martin Luther. Mais cela me rassure de savoir qu’on a pu traiter de fou et de possédé quelqu’un qui était la raison et le divin incarnés dans l’humanité.

La seconde raison, c’est que ces accusations contribuent à jeter de la lumière sur ceux-là mêmes qui les profèrent.

Pourquoi parlent-ils ainsi ? Pourquoi sont-ils si agressifs ? Parce que pour eux, il faut être fou ou possédé du démon pour oser sortir du rang, penser par soi-même, tenir un langage  différent,  et s’exprimer de façon critique à l’égard de la communauté religieuse. Pour eux, une telle chose est impensable. Critiquer l’église, c’est attaquer Dieu lui-même ! Ces croyants témoignent ainsi de leur inféodation sectaire car ils ne sont ni assez libres ni assez lucides ni assez intellectuellement honnêtes pour faire comme ces juifs béréens dont le livre des Actes dit qu’ils avaient des sentiments plus nobles que les bigots de Thessalonique, et qu’ils examinaient chaque jour les écrits sacrés pour voir si ce qu’on leur disait était vrai (Actes 17 :11).

Par ailleurs, comment ces bons chrétiens me traitent-ils de fou et de possédé alors que l’évangile qu’ils brandissent comme leur monopole leur dit formellement : « . . .celui qui dira à son frère ‘Débile ! ‘ mérite d’être puni par le tribunal ; et celui qui lui dira ‘Insensé !’ mérite d’être puni par le feu de la géhenne » (Matthieu 5 :22).

La troisième raison, c’est qu’à l’époque médiévale, les rois  étaient accompagnés d’un personnage singulier : leur fou.  C’était une pratique recommandée par les traités de bonne gouvernance. De ce fou, Shakespeare disait : « C’est un métier aussi ardu que l’état de sage, dit-il, car la folie dont il ne fait montre que sagement est ingénieuse ». Entendez par là  que n’était pas « fou » qui voulait, et que la soi-disant folie était une œuvre de génie critique à l’égard du pouvoir. En effet, Gilles LECUPPRE, maître de conférences en histoire médiévale à l’Université Paris X – Nanterre, dit à propos du fou du roi dans son ouvrage L’imposture politique au Moyen-âge: « Le fou est le spécialiste des mots. Son répertoire est large, des devinettes aux histoires en passant par les chansons et autres sarcasmes. Et sa liberté d’expression est immense : ne peut-on pas tout dire sous le déguisement du fou ? Il se distingue également par son accoutrement, et notamment sa « marotte » : un simulacre de sceptre surmonté d’une tête de roi hilare couverte de grelots. Le fou est donc littéralement le double du roi. Il est d’ailleurs aux côtés du monarque en permanence, en privé comme en public. Sa mission première reste la drôlerie : il se moque du roi, voire de ses visiteurs. Mais il est bien plus qu’un simple amuseur. Alter ego du roi, il lui rappelle en permanence ce qu’il est (un homme) et ce qu’il ne doit pas devenir (un tyran) »

Je me veux donc complètement fou dans ce sens, et je suis même prêt à conférer la royauté à mes détracteurs. L’apôtre Paul, ne disait-il pas à ses propres détracteurs chrétiens de Corinthe « Déjà vous êtes rassasiés, déjà vous êtes riches, sans nous vous avez commencé à régner. Et puissiez-vous régner en effet, afin que nous aussi nous régnions avec vous ! Car Dieu, il me semble, a fait de nous, apôtres, les derniers des hommes, des condamnés à mort en quelque sorte, puisque nous avons été en spectacle au monde, aux anges et aux hommes. Nous sommes fous à cause de Christ ; mais vous, vous êtes sages en Christ; nous sommes faibles, mais vous êtes forts. Vous êtes honorés, et nous sommes méprisés» (1 Cor 4 :8ff).

A ces croyants qui règnent à cause de leur complète solidarité avec les « puissants » de l’église, je dis que je veux être leur fou et continuer à leur dire avec impertinence, à eux et à leurs puissants représentants,  leurs quatre vérités. Et je le ferai avec d’autant plus de sérénité que je les connais personnellement, ceux qui parlent ainsi.

Il en est un qui avait déclaré à mon frère ainé il y a des années de cela qu’il avait eu des songes à mon sujet et qu’il lui avait été montré que j’étais sous l’influence de Satan. L’expérience a révélé par la suite qu’il s’agissait d’un déséquilibré et d’un illuminé qui maltraitait sa femme.

J’en ai connu un autre qui avait déclaré en pleine assemblée générale que j’étais tombé sous la coupe des démons que j’avais chassés auparavant au François. Le chef qui présidait au débat demanda l’assemblée de prêter particulièrement attention à ce que disait cet homme et invita  la régie sono à hausser le volume des hauts parleurs pour que tout le monde entende. Ce que les gens ne savaient pas, c’est que celui qui me faisait passer pour possédé était sous médication afin de réguler son état mental. Quant au chef, je n’ai pas à commenter sur lui car tous ceux qui le connaissent savent qui est le plus fou et le plus possédé de nous deux.

 

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25 septembre 2010 6 25 /09 /septembre /2010 13:27

Les fondamentalismes de tous bords et les dérives sectaires comptent parmi les pires fléaux de notre époque. On ne peut les combattre que par la diffusion de la connaissance et la promotion de la justice sociale.

J'essaie d'apporter ma petite pierre à la lutte contre ces poisons. Vous lecteurs pouvez m'aider en recommandant la lecture de ce blog à vos relations. Je vous en remercie par avance.

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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 00:44

Lisez aussi un de mes articles précédents, intitulé JEUX DE SAINTS, JEUX DE VILAINS.

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  • : Site dédié à la lutte contre la pensée sectaire et à la promotion des libertés individuelles.
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